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Plateforme Axel’one dans la vallée de la chimie : là où naissent les entreprises vertes de demain

Finies les annonces du Grand Emprunt à coups de centaine de millions. Place aux actes. Financée dans ce cadre, la plateforme d’innovation collaborative « Axel’one » a commencé à voir le jour et à accueillir ses premières entreprises au sein de l’Institut Français du Pétrole à Solaize, au sud de Lyon. Parmi elles, deux sociétés prometteuses : Inevo Technologies qui aide les chimistes à optimiser leurs procédés mais aussi prévoit d’élaborer des produits à partir du…CO2 et BMES qui réalise des traitements d’effluents industriels, cousu main.

 Ces dernières années ont été consacrées aux annonces souvent spectaculaires de projets financées dans le cadre du Grand Emprunt lancé par Nicolas Sarkozy et repris tel quel par son successeur, François Hollande. Et il faut dire qu’à cet égard, Rhône-Alpes a été plutôt gâtée.

 Seul problème : passer des annonces aux actes demande beaucoup de temps, s’agissant d’argent public. Mais ça y est. Les premières réalisations commencent à poindre.

 Ainsi, en est-il du projet de plateforme collaborative « Axel’one » prévu au sein de la Vallée lyonnaise de la chimie. Un projet qui représente 26 ,5 millions d’euros d’investissements (15 M€ émanant du public et 11,5 M€ du privé, essentiellement le groupe Solvay) et 17 millions d’euros de fonctionnement (6 M€ publics 11 M€ privés).

 Le concept : à travers trois sites organisés sur des thématiques différentes, il s’agit de « faire émerger les premières entreprises autour de précédés propres et des matériaux innovants », précise Pierre-Henri Bigeard, le directeur-général adjoint de l’IFPEN (Institut Français du Pétrole Energies nouvelles) et président d’Axel’one.

 Le premier des trois sites est en effet intégré au site de Solaize de l’IFPEN, au sud de Lyon : il constitue, après Grenoble, la plus forte concentration de chercheurs en Rhône-Alpes.

 Déjà six entreprises et cinquante-cinq personnes

 Dédié au bio-procédés, à la valorisation du CO2 et à l’analyse industrielle, le premier site , baptisé PPI (soit, Plateforme Procédés Innovants) accueille six entreprises, représentant déjà 55 personnes, sur 2 450 m2.

Des entreprises qui peuvent, grâce à la mutualisation des moyens avec ceux dont bénéficient l’IFPEN, fortement accélérer leur développement.

 Elles ont accès au data-center du site et à toute sa documentation scientifique, mais aussi au super-calculateur hébergé in situ. Sans oublier les services les plus prosaïques mais nécessaires à toute entreprise : la logistique, la maintenance, la conciergerie, la restauration d’entreprise…

 « Tous les signaux sont au vert »

 « Tous les signaux sont au vert : nous tenons les objectifs fixés et les budgets », se félicite Pierre-Henri Bigeard.

 C’est désormais là que s’élabore la future économie verte de demain, à l’exemple de deux entreprises installées sur la site : «  Inevo Technologies » et « BMES ».

 Dirigée par Anthony Ruiz, la première, « Inevo Technologies » compte déjà 18 collaborateurs dont 16…docteurs ingénieurs. Créée en 2005 et spécialisée en génie des procédés, elle accompagne les entreprises dans l’optimisation de leurs procédés, ce qui leur permet d’utiliser moins de matières premières et moins d’énergie. Ses principaux clients : des acteurs de la chimie, de la pétrochimie et de la cosmétique. Elle les a d’abord accompagnés en France, puis en Allemagne et désormais en Chine.

 Cette entreprise qui a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 1,55 million d’euros dont 20 % à l’export, se prépare également à travailler sur la transformation du CO2 en produits commerciaux, en l’occurrence des produits chimiques tels que l’acide formique ou des solvants. Financé par le FUI (Fonds Unique Interministériel), le projet est déjà dans les tuyaux.

 « Notre présence au sein d’Axel’one nous permet de nous concentrer sur notre métier et d’attirer à la fois de nouveaux talents et de nouveaux partenariats », se félicite Anthony Ruiz.

 Des matériels de dépollution cousu-main

 La seconde entreprise, BMES est une start-up de quatre personnes, née en 2009, qui a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 415 000 euros. Elle met au point des matériels pour la désinfection des micro-organismes et la dépollution des micro-polluants de l’eau et de l’air, par des rayonnements ultra-violets ou les procédés d’oxydation avancée. Du cousu-main.

 Son originalité ? Elle ne fabrique pas de matériels passe-partout, mais les adapte très précisément aux besoins de traitements des effluents à chaque fois très spécifiques, issus des rejets des entreprises.

 Un marché énorme vu le durcissement des normes en la matière. Là encore, cette entreprise que dirige Didier Chavanon, diversifie ses activités en direction du traitement de l’air. Elle prépare un projet collaboratif sur le traitement de l’air financé par le Fonds Unique Ministériel (FUI), à hauteur de 3,2 millions d’euros.

Elle est également engagée dans un gros projet de dépollution au sein d’hôpitaux.

« Notre présence au sein de l’IFPEN nous permet de pratiquer des analyses et des traitements in situ sur des unités pilotes : nous bénéficions ici des moyens de notre développement », lance avec un large sourire Didier Chavanon.

Ce sont des entreprises comme celles-ci qui feront la chimie verte de demain.

Photo (DL)De gauche à droite, Didier Chavanon, créateur de BMES et Anthony Ruiz, Pdg de « Inevo Technologies ».