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Politique et entrepreneuriat ont bouillonné dans le chaudron de Planète PME

En l’absence remarquée de Nicolas Sarkozy, mais en présence du premier ministre accompagné d’un bon tiers de son gouvernement, Planète PME, la grand messe annuelle de la CGPME, a permis, jeudi 16 juin, de faire le point sur les attentes des patrons de PME à dix mois de l’élection présidentielle. François Fillon n’est pas arrivé les mains vides, apportant aux congressistes une vieille revendication de la CGPME : une prime d’intéressement limitée à un an. Cette manifestation qui a drainé au palais des congrès de Paris des milliers de petits patrons venus de toute la France, a permis de mettre le doigt sur les inquiétudes latentes du patronat ; mais a aussi mis en évidence un formidable dynamisme entrepreneurial dont 60 jeunes chefs d’entreprises présents au G 20 de novembre prochain furent les catalyseurs.

Ce devait être le clou de Planète PME, ce grand événement qui rassemble, chaque année à Paris des milliers de patrons de PME venus de toute la France-avec une forte délégation rhônalpine- et de l’outre-mer : un débat, à dix mois des élections présidentielles autour de l’avenir des PME, avec Jean-François Copé, Martine Aubry, Cécile Duflot et …Marine Le Pen. Un débat qui s’annonçait chaud. Trop chaud…

Jean-François Roubaud, président de la CGPME, l’organisation patronale à l’origine de Planète PME, a dû annuler cette confrontation qui devait être retransmise sur BFM Radio : « Oui, j’ai invité Marine Le Pen, elle représente de 20 à 25 % des Français, cela vaut la peine de l’écouter, notamment sur la sortie de l’euro. » Mais d’ajouter un peu désabusé : « J’ai dû annuler ce débat, nous sommes manifestement trop tôt dans la campagne. »

Cela traduit pour le président de la CGPME un état d’esprit politique des patrons de PME, proche de celui de l’ensemble du pays : « Je sens chez certains petits patrons des tentations vers les extrêmes, de droite ou de gauche, alors que c’était un langage qui n’existait pas il y a quatre ans. »

Un phénomène nouveau alors que le petit patronat rassemble pourtant l’électorat naturel de la majorité.

C’est la raison pour laquelle, deuxième mauvaise surprise de cette journée pour les congressistes, l’absence de Nicolas Sarkozy pourtant prévu à l’origine et qui aurait été naturelle à dix mois de la présidentielle, a été mal perçue par les participants.

Pour se faire pardonner, le président avait délégué le gouvernement au grand complet (ou presque, un bon tiers en fait) avec des ministres et secrétaires d’Etat présents tout au long de la journée, entourant François Fillon, premier ministre, lors de la séance plénière d’ouverture de cette grand messe annuelle.

Un grand classique par ailleurs qui en cette quasi-période électorale ne manquait pas de sel : dans un premier temps, Jean-François Roubaud, le président de la CGPME lista les bons et les mauvais points du gouvernement, le premier ministre prenant ensuite la parole pour répondre et apporter tout de même dans sa besace une mesure un peu emblématique.

Il ne pouvait faire moins, à une telle proximité des présidentielles. En l’occurrence, ce fut, en réponse des critiques acerbes du patronat sur la prime de 1 000 euros prise sur les dividendes , la possibilité pour les PME, de pratiquer l’intéressement sur les bénéfices sur une seule année : une vieille revendication de la CGPME.

D’autres revendications évoquées par Jean-François Roubaud ne reçurent pas de réponses immédiates, comme le financement des PME : « Il est important que les nouvelles exigences des ratios prudentiels ne se traduisent pas par un désengagement des banquiers ou des assureurs dans les investissement au détriment des PME, faute de rentabilité supposée. »

Même réponse renvoyée après les élections pour la simplification demandée du code du travail « qui s’est étoffé de 20 % en cinq ans, dépassant les 3 200 pages », ainsi que le souhait « d’une stabilité législative et réglementaire. »

Gageons que ce sont des souhaits que l’on retrouvera tout au long de la campagne des présidentielles. Avec un fait nouveau dû à la crise : tous les partis politiques ne jurent désormais, PS compris, que pour le capitalisme entrepreneurial, donc celui des petits patrons propriétaires de leur entreprise. Qui comptent bien à cette occasion faire entendre leur voix.

Une voix entrepreneuriale qui s’est exprimé lors de cette grand messe avec un sacré dynamisme. A l’occasion de la dernière séance plénière qui s’est tenue en présence d’une Christine Lagarde particulièrement en verve, soixante jeunes chefs d’entreprises français de 18 à 45 ans (dont 40 % de femmes), choisis pour porter la parole entrepreneuriale, en novembre prochain, lors du prochain G 20, ont pu longuement s’exprimer, suscitant l’enthousiasme des participants. Rafraichissant !

Photo : Christine Lagarde, ministre de l’économie, au côté de Jean-François Roubaud, préisdent de la CGPM et au milieu de la délégation française du G 20 des jeunes entrepreneurs qui ont enflammé les congressistes de Planète PME.