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Porcher et Focal : deux importantes sociétés industrielles rhônalpines reprises par des financiers

Suite à une complexe situation familiale, Porcher, le leader isérois du textile technique devrait voir son capital tomber aux mains d’un fonds de pension anglais, tandis que le Stéphanois Focal, le spécialiste des enceintes haut de gamme, voit une bonne part de son capital dont celle de son créateur historique reprise par Naxicap Partners des Banques Populaires.

 L’histoire de ces dernières années a montré que les fonds de pension et autres groupes financiers n’étaient pas toujours les mieux à même de gérer le développement des entreprises industrielles. L’histoire sans cesse recommencée de l’opposition entre le capitalisme industriel et le capitalisme financier…

 Pour l’heure, c’est ce dernier qui vient de l’emporter en Rhône-Alpes avec, coup sur coup, l’annonce de la reprise par des groupes financiers de deux fleurons industriels régionaux, Porcher dont le siège est basé dans le Nord-Isère et Focal, situé dans la Loire.

 Porcher : une inextricable situation familiale

 La situation de Porcher résulte d’une inextricable situation familiale qui s’est dégradée à la suite du décès du Pdg du Groupe, Robert Porcher, en 2011.

 Porcher, belle entreprise de 1 900 salariés dans le monde dont 650 en Isère et en Ardèche, réalisant dans les textiles techniques, 263 millions d’euros de chiffre d’affaires (en 2013), a alors vu son avenir dépendre de la décision du tribunal de commerce et du mandataire judiciaire nommé pour sortir de la crise, le Lyonnais Me Bruno Sapin.

 Ce dernier a convoqué les actionnaires le 15 mai prochain pour leur présenter la seule offre en lice, celle d’un fonds de pension britannique, basé à Londres, Warwick Capital Partners.

 Deux candidats étaient en compétition pour la reprise de cette ETI, mais la proposition d’un autre fonds de pension, Sun Capital, américain, lui, n’a, in fine, pas été retenue.

 L’idée est d’opérer un LMBO (Leverage Management Buy Out), en l’occurrence un rachat de l’entreprise avec effet de levier, auquel seraient associés l’actuel directeur général de Porcher, Henri Brosse avec des dirigeants de BGH industries, la filiale américaine du spécialiste du textile technique.

 « C’est suicidaire de livrer une entreprise saine à un fonds financier, alors que toutes les propositions des industriels ont été écartées. C’est désastreux, c’est le pire des scénarios pour l’emploi », s’est emporté le responsable syndical CGT de l’entreprise, Mourad Rabhi, interrogé par nos confrères du Dauphiné Libéré.

 Le syndicaliste a d’ailleurs lancé un appel au ministre de l’Economie qui reste toujours celui du Redressement productif, Arnaud Montebourg, pour qu’il intervienne dans ce dossier. Il n’est pas sûr qu’il le fasse.

 Focal : le créateur, Jacques Mahul céde sa participation de 41 %

 Concernant le Stéphanois Focal, la situation est totalement différente. Le spécialiste des enceintes haut de gamme, n°1 français des enceintes acoustiques ne dépend pas d’un mandataire judiciaire et possède toujours son dirigeant créateur à sa tête : Jacques Mahul.

 Ce dernier entend cependant préparer sa succession et a entrepris une réorganisation de son capital. Celui-ci a pris la forme d’une prise de contrôle par Naxicap Partners du Groupe des Banques Populaires.

 Ce fonds s’est associé pour cette opération à la société d’investissement Aquasourça, basée en Rhône-Alpes, tandis que des managers et des cadres de la direction de Focal et de sa filiale britannique Naim, acquise en 2011, conservent une participation.

 Cette opération a permis la sortie du capital de la banque CM-CIC Finance qui possédait 42 % du capital de l’entreprise au sein de laquelle elle était entrée en 2007, lui permettant de réaliser au passage une belle plus-value.

 Pas de changement, ni de management, ni de stratégie

 Cette opération constitue aussi l’occasion pour Jacques Mahul, le créateur de la société, de céder sa propre participation de 41 %. Vice-président du conseil de surveillance depuis 2010, il conservera une place aux côtés du nouveau groupe en assurant désormais la fonction de vice-président de Focal.

 Cette opération ne change rien au niveau du management qui reste le même, ni d’ailleurs de la stratégie gagnante de la société qui restera identique.

 Ce que confirme Christophe Sicaud, le président du Groupe « Ce rachat par deux fonds d’investissement français s’inscrit dans la parfaite continuité de notre  stratégie de développement et donne un nouvel élan à nos  envies de croissance externe. »

Il ajoute : « Il ne s’agit pas d’une opération menée par un acteur concurrent, mais par des acteurs de l’investissement qui ont confiance en notre capacité de développement. Naxicap Partners et Aquasourça sont aussi proches de nos valeurs de préservation des savoir-faire, tant en termes d’innovation que de fabrication… L’approche des personnes en charge du dossier chez nos nouveaux actionnaires nous a confortés dans l’idée que ce rachat s’inscrivait en totale adéquation avec l’ADN du Groupe. »

 Focal a réalisé 65 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière dont 72 % à l’international, pour un résultat d’exploitation de 4,5 millions d’euros. L’entreprise ligérienne vise les 75 millions d’euros de CA cette année.

 L’entreprise emploie 350 salariés, dont 200 basés à Saint-Etienne.

 Porcher, Focal : deux opérations financières, certes chacune, mais des équations extrêmement différentes. L’une est contestée ; l’autre, non.

 IllustrationsL’enceinte Focal « Grande Utopia » à plus de 100 000 euros pièce et les airbags de Porcher qui ne feraient pas partie du périmètre d’acquisition du fonds de pension britannique.