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Pour la première fois depuis longtemps, Atari (ex-Infogrames) affiche un résultat net positif

La pari de Frédéric Chesnais, ancien directeur financier d’Infogrames qui a repris Atari serait-il en passe d’être gagné ? Même s’il lui reste encore plusieurs obstacles à surmonter, il a réussi à afficher, comme annoncé, un résultat net positif, consécutif à une forte croissance.

Atari, le retour ? Lorsque Frédéric Chesnais, ancien directeur financier de l’entreprise lyonnaise de jeux vidéo, Infogrames aux côtés de Bruno Bonnell, entre 2001 et 2005, a pris, en février 2013, à la surprise de beaucoup, le contrôle de celle qui avait été rebaptisée entre-temps Atari, le projet paraissait hasardeux.

 En faillite, placée sous le chapter 11 américain, pour sa partie US l’entreprise n’était vraiment pas vaillante. Seuls actifs : son imposante collection de jeux vidéo (près de deux cents) qu’il s’agissait de remettre au goût du jour. Pas évident à l’époque des MMO, ces jeux massivement multi-joueurs en ligne et autres jeux sur mobiles.

Après avoir arraché de ses créanciers le droit de poursuivre l’activité moyennant des remboursements partiels, la nouvelle équipe dirigeante décide de repartir de zéro en misant sur les marques encore en portefeuille.

Le nouveau boss d’Atari annonce alors le retour à l’équilibre ou « proche de l’équilibre » pour le 31 mars 2015, date de la clôture des comptes d’Atari et lance une opération massive d’Oceanes, ces obligations convertibles destinées à apporter du cash à l’entreprise pour relancer la machine.

Frédéric Chesnais a tenu parole, comme l’illustrent les chiffres de l’exercice 2014/2015 clos au 31 mars qui viennent de tomber.

 Ainsi, l’ex-Infogrames a enregistré un chiffre d’affaires de 7,6 millions d’euros, soit plus du double du total affiché un an plus tôt (+130 %).

 Un bénéfice net de 1,2 million d’euros

 Cette envolée de ventes est due au relatif succès des franchises « Roller Coaster Tycoon » (quinze millions de déchargements) et « Test Drive Unlimited ».

 Les dépenses de R&D ont notamment doublé, à 2,5 millions d’euros (+108 %), les frais généraux et administratifs ont flambé de 138 %, à 3,1 millions, et les frais commerciaux sont réapparus pour totaliser 0,9 million.

Le résultat opérationnel courant a donc fortement chuté : de 78 %, à 0,2 million d’euros. Mais c’est toutefois suffisant pour respecter l’objectif affiché par Frédéric Chesnais d’un résultat opérationnel courant annuel «à l’équilibre».

 Au final, la perte nette de 2,5 millions d’euros enregistrée il y a un an, à fin mars 2014, s’est muée en un bénéfice de 1,2 million un an plus tard. Ce qui reflète aussi l’allégement du coût de la dette et la non récurrence des coûts de restructuration. Pour la première fois depuis longtemps, Atari regagne de l’argent.

 Tout n’est pas totalement rose cependant puisque l’entreprise dont le siège social est désormais basé à Paris, affiche encore une dette particulièrement lourde.

 Des fonds propres négatifs de 13 millions d’euros

 La situation du bilan reste critique avec des fonds propres négatifs de 13 millions d’euros.

Certes réduite de moitié en un an, la dette financière nette représente encore 11 millions d’euros. Sa principale composante reste la ligne de crédit accordée par un fonds d’investissement américain : Alden.

 Ceci étant, Atari a constaté que le calcul du taux effectif global (TEG) attaché à ce prêt contenait «des erreurs manifestes et sérieuses et/ou que ce TEG n’avait pas été communiqué à Atari Europe ».

 Si tel est le cas, conformément à la législation et à la jurisprudence applicables, le taux d’intérêt contractuel doit alors être remplacé par le taux d’intérêt légal et tout écart entre les deux, lorsque le taux d’intérêt est supérieur au taux d’intérêt légal, vient en déduction des sommes dues au créancier.

 Dette contestée

 Ayant fait ses calculs, Atari conteste qu’une somme reste due à Alden. Conforté par une analyse juridique, le groupe a ainsi engagé des négociations avec Alden et pourrait bien engager un contentieux.

 En attendant de régler ce problème de dette et fort de ce premier résultat, Frédéric Chesnais explique qu’il va continuer à travailler sur la relance de son catalogue de manière sélective afin de garantir une croissance rentable. Avec cet objectif : un taux de marge brute du portefeuille de jeux qui doit rester supérieur à 80 %.

Il compte notamment sur deux titres iconiques d’Atari, remis au goût du jour : « Alone in the dark, Illumination » et « Rollercoaster Tycoon World » sur lesquels il table pour doper les revenus et les marges d’ici fin mars 2016. Pour le 1er trimestre du nouvel exercice 2015/2016, Atari escompte « une croissance supérieure à 30 % à taux de change constant.  »

 Atari, le retour  ? Le chemin risque d’être encore long, mais ce n’est plus exclu.