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Pour pallier la difficulté à emprunter : la région Rhône-Alpes lance sa première émission obligataire : 100 millions d’euros

Les collectivités doivent faire de plus en plus œuvre d’imagination pour trouver de l’argent. Adossée à sa note AAA, la région Rhône-Alpes a décidé pour la première fois de son histoire de lancer une émission obligataire de 100 millions d’euros, permettant d’éviter l’intermédiation bancaire. Les souscripteurs ne seront pas les particuliers qui auraient pu y trouver intérêts mais les « zinzins » (les investisseurs institutionnels).Toute une palette d’outils financiers est également mise en œuvre : de l’utilisation des « billets de trésorerie » à l’appel à la Banque Européenne d’Investissement  pour financer certaines infrastructures ferroviaires.

« Les collectivités devraient pouvoir boucler sans trop de difficultés leurs budgets 2011. Mais pour 2012, on entre dans beaucoup plus d’incertitudes… » Sortant de la réunion des exécutifs locaux composée de tous les grands élus de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, président du Conseil régional n’a pas caché ses inquiétudes pour l’avenir concernant le financement des collectivités.

« On parle de mobiliser 3 milliards d’euros supplémentaires pour 2012, mais c’est 5 milliards d’euros qu’il faudrait. On évoque également au niveau national la création d’une Agence des collectivités locales soutenue par l’association des maires de France. Tout ce ceci ne sera sans doute pas suffisant », craint Jean-jack Queyranne.

D’où les initiatives prises ces derniers mois par différentes collectivités en recourant aux marchés financiers. Les départements de Haute-Savoie et de l’Ain viennent ainsi, par exemple, de se tourner vers des banques allemandes.

C’est un choix différent qu’a opéré la région en décidant, pour la première fois, le lancement d’une émission obligataire, à hauteur de 100 millions d’euros « ce qui permettra de nous financer sans intermédiation bancaire », précise Jean-Jack Queyranne..

Le placement d’une émission obligataire peut s’apparenter à la mise sur le marché d’actions. La Région a mandaté Natixis et HSBC pour mener l’opération. Pourr attirer les souscripteurs, dans la newsletter de la région, le président de la Région lance un appel : «  J’invite les investisseurs publics à nous financer. ils sont certains d’être remboursés : notre image et nos résultats constituent un placement sûr. «

Cette émission obligataire s’adresse en effet plus aux « zinzins », les investisseurs institutionnels (sociétés d’investissement, fonds de pension, assurances, etc.) qu’aux particuliers. Elle débutera dès qu’elle aura obtenu le feu vers de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Elle devrait se faire à des taux d’intérêt en principe intéressants du fait de la notation AAA de la collectivité régionale.

Dans la crise financière actuelle, le président de la Région marche sur des œufs. « Nous avons veillé dès le début du mandat à préserver nos capacités d’action en privilégiant l’investissement. A lui seul, l’effort régional permet de générer près de 2 milliards d’euros de travaux et commandes auprès des entreprises rhônalpines, soit l’équivalent de 20 000 emplois. »

Mais d’ajouter aussitôt que « Mais surtout, nous avons voulu que cet investissement qui s’établira en 2012 à 695 millions d’euros, comme en 2011, reste assuré principalement par l’autofinancement. » Il précise : « En 2011, l’emprunt ne devrait couvrir qu’un tiers des dépenses directes d’investissement. »

Ce lancement d’une émission obligataire n’est pas la seule innovation financière qu’à l’instar des autres collectivités, la région Rhône-Alpes est en train de mettre en œuvre.

« Nous utilisons d’ores et déjà un programme de billets de trésorerie pour ses besoins à court terme, ce qui permet de réaliser des économies de frais financiers de l’ordre de 400 000 euros par an », se félicite Jean-Jack Queyranne.

Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse et grand argentier de la Région entend également explorer d’autres directions dont « une sollicitation de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) pour des infrastructures ferroviaires. Nous envisageons aussi de demander à la Caisse des Dépôts et Consignations des prêts particuliers en matière de politique de la ville ».

Dans cette conjoncture difficile, la Région va encore plus serrer les cordons, « en optimisant ses modes de gestion », « en mutualisant et rationalisant l’allocation de moyens » et « en réorientant certains dispositifs ». Bref, de l’Etat aux collectivités, c’est rigueur à tous les étages !