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Premiers coups de pioche au printemps du premier éco-quartier lyonnais à énergie positive

Un quartier qui produit autant d’énergie qu’il en consomme, c’est viable : telle est la démonstration que le projet du Japonais NEDO veut prouver à la Confluence. Quatre principaux acteurs sont engagés dans ce « démonstrateur » qui sera observé de près : le Japonais NEDO, la société japonaise Toshiba, le groupe Bouygues et Véolia. Panneaux et capteurs solaires, chaudière à cogénération, utilisation des batteries des voitures pour le stockage de l’électricité, smart-grids pour le réseau intelligent, etc. : toutes les technologies fiables du moment seront mises en œuvre. Premier coup de pioche, au printemps prochain

Et si la 3ème révolution industrielle décrite par le futurologue américain Jeremy Rifkin, pour qui chaque citoyen ou entreprise sera, à l’avenir, avec l’aide de l’Internet, producteur d’électricité, est-elle en train de rejoindre la réalité ?

 Le salon Pollutec, dédié aux éco-technologies qui s’est déroulé à Lyon-Eurexpo du 27 au 30 novembre, a en tout cas permis de mieux cerner le projet dit NEDO ou « Lyon Smart Community », présenté par tous les acteurs de ce quartier ou plutôt de cet îlot de quartier à énergie positive, c’est-à-dire susceptible de produire autant, voire même plus d’électricité qu’il n’en consomme.

 Au côté du NEDO, l’équivalent japonais de l’Ademe (*) française, trois groupes privés : la société japonaise Toshiba, le groupe immobilier Bouygues qui travaille depuis cinq ans déjà sur les immeubles à énergie positive et Véolia, via sa filiale spécialisée dans les projets verts, Proxiway. Le tout en collaboration avec le Grand Lyon qui a signé un accord de partenariat avec le NEDO. En fait, étant donné son importance, ce projet rassemble un total d’une trentaine d’acteurs.

 Tout ce petit monde va débuter la construction au printemps prochain à Lyon Confluence d’un groupe d’immeubles de 12 000 m2, situé sur l’îlot « P », à proximité de la place nautique, signé de l »architecte japonais Kengo Kuma.

 On y trouvera trois immeubles mixtes, rassemblant à la fois des commerces en rez-de-chaussée, 8 000 m2 de bureaux, accueillant 550 postes de travail, 36 logements et une centaine de places de parking.

Des immeubles dans la mouvance de la future RT 2020

 L’objectif affiché : que ces bâtiments produisent autant d’énergie qu’ils n’en consomment. « Pas en permanence, la production d’énergie variera selon les jours, mais sur l’ensemble de l’année, l’équilibre doit se faire», assure Eric Mazoyer, directeur général délégué de Bouygues Immobilier.

 Mais avant de produire de l’électricité, ces immeubles devront d’abord très peu en consommer, se situant plutôt dans la norme à venir, la RT 2020, nécessitant de nombreux savoir-faire fort pointus, que celle qui, issue du Grenelle de l’Environnement, doit être appliquée au 1er janvier prochain, la RT 2012.

 Ensuite la production d’électricité se fera au moyen de capteurs solaires, de panneaux photovoltaïques, mais aussi d’une chaudière cogénération à huile végétale produisant à la fois de la vapeur et de l’électricité. La mixité du programme (bureaux, logements, commerces) outre qu’elle se situe dans la philosophie du quartier de la Confluence, aura aussi le grand avantage d’éviter les pics de consommation.

 « Cet ensemble d’immeubles devrait produire un total de 1 200 MWh en énergie primaire, soir 465 Mwh d’électricité en énergie finale », assure Eric Mazoyer.

 Côté stockage de l’énergie, l’une des grandes interrogations de l’énergie de demain, non encore résolue, le projet joue sur deux tableaux : des ballons stockant l’eau chaude pour la restituer et les batteries d’une flotte de trente véhicules électriques en auto-partage connectés la nuit : des voitures du groupe français PSA et le Japonais Mitsubishi, le groupe Véolia fournissant les services pour le partage des véhicules.

 Ce système, il est vrai sophistiqué a besoin pour fonctionner d’un réseau informatique intelligent, afin de mutualiser et d’utiliser au mieux l’énergie produite : c’est ce que l’on appelle les smart-grids, utilisant l’Internet pour diffuser et gérer l’information. Tel est en l’occurrence le rôle de Toshiba chargé de mettre en place le système de gestion et de pilotage de l’énergie.

 «  Chaque occupant de l’immeuble aura tous les outils pour gérer et améliorer s’il le veut sa propre consommation d’énergie », explique le directeur général délégué de Bouygues Immobilier.

Un investissement de l’ordre de 50 millions d’euros

 Reste à savoir enfin si le coût d’un tel concept n’est pas prohibitif et s’avère apte à se rembourser sur les économies d’énergies réalisés .

 Le responsable de Bouygues pense que oui. « Nous avons l’expérience du siège de la société Steria, GreenOffice, à Meudon, constitué là aussi de bâtiments à énergie positive, le plus grand projet de ce type que nous ayons réalisé : 25 000 m2. Le surcoût de la construction n’a pas dépassé 8 % et s’est réellement révélé très intéressant d’un point de vue économique pour l’entreprise. »

 Le coût global du projet n’est pas encore totalement calé, mais il devrait représenter un investissement de près de 50 millions d’euros…

 Photo (DL) : Lors de la présentation du projet au salon Pollutec, en présence de tous les acteurs, parmi lesquels, le Grand Lyon (Gérard Collomb), Bouygues (Eric Mazoyer), le NEDO (Ideo Hato), Toshiba France (M.Delahaye ), etc.

 (*) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un établissement public.