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Une surprise est-elle encore possible ? Les acteurs locaux accompagnant leur favori, le Fonds Ardian vont-t-ils réintégrer d’une manière ou d’une autre, le duo de tête choisi unilatéralement par le ministère de l’Economie provoquant la colère des élus régionaux et du président de la CCI de Lyon, le plus gros actionnaire ? Réponse d’ici quelques semaines…

Fort mécontents de la tournure que prenait la procédure de privatisation de St Ex, Laurent Wauquiez pour la région (1), Christophe Guilloteau (2), pour le département du Rhône et Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon, le plus gros actionnaire de l’aéroport avec 25 % du capital (3), avaient décidé , mercredi 13 juillet, de mener la politique de la chaise vide.

 Ils étaient donc absents lors de l’audition des deux derniers candidats à la reprise de l’aéroport Lyon Saint-Exupéry menée par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron : le groupe australien Macquarie, associée à la famille Peugeot et le Français Vinci. Ce sont donc eux, in fine, que le ministère avait décidé de mettre en tête de liste des acquéreurs potentiels, sans en référer aux actionnaires locaux. D’où leur ire.

Le mieux disant, pas le projet industriel

 C’est donc le choix du mieux disant pécuniairement qui a été effectué par le ministère, le projet industriel passant au second plan, au grand dam des actionnaire locaux.

 Faisant bande à part, un seul élu était en revanche présent à cette audition : Gérard Collomb. Il est vrai qu’il figure parmi les soutiens affichés du ministre de l’Economie.

 Quid d’Ardian, le groupe qui avait la préférence des milieux économiques régionaux  ?

Il pourrait tout de même être intégré aux négociations. Ou plus précisément ses soutiens locaux. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le maire de Lyon à la sortie de la réunion : « Suite à mon intervention, ce jour, les deux groupes présélectionnés par l’État, Macquarie et Vinci, acceptent, si leur offre est retenue, d’intégrer dans leur consortium les acteurs locaux associés au fonds d’investissement Ardian.« 

Une décision dont « se félicite« , le président de la Métropole de Lyon qui y voit « une marque de confiance pour notre Métropole« .

Une proposition soutenue par Jean-Paul Mauduy, président de la CCI Régionale (4).

Siparex, Jean-Michel Aulas, la Caisse d’Epargne, Apicil, etc.

Dirigé par une femme, Dominique Senequier, Ardian, présent dans les aéroports de Luton à Londres, de Milan et de Naples, à travers une de ses filiales, était associé dès le dépôt de candidature avec la société de capital-investissement lyonnaise Siparex qui pèse d’un poids non négligeable dans la région.

Parmi ses soutiens, on comptait aussi Apicil, le leader rhônalpin de l’assurance-santé dont le directeur, Philippe Barret, président, avait annoncé, lui aussi être derrière Ardian en lui apportant 10 millions d’euros, en cas de victoire.

 Parmi les autres entreprises qui soutenaient cette candidature d’Ardian, on peut également citer la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes et ICMI, le holding de Jean-Michel Aulas…

  Pour le directeur général d’Apicil, «  C’est bien le fonds Ardian qui a capitalisé le plus de soutiens de la part des entrepreneurs régionaux. »

Qui va émerger d’ici quelques semaines de la dernière ligne droite, de cette privatisation qui n’arrête pas de faire des vagues ?

 A l’issue de ce dernier épisode de ce feuilleton de la privatisation, le résultat définitif de l’appel d’offres est attendu dans les prochaines semaines…

(1) Pour Laurent Wauquiez : « La Région Auvergne-Rhône-Alpes, actionnaire minoritaire de l’aéroport Lyon Saint- Exupéry, a officiellement appris que l’Etat avait, seul, sélectionné deux candidats pour la reprise de son capital dans les sociétés gestionnaires de l’aéroport de Lyon. Une procédure menée au mépris des engagements pris par l’Etat.

Le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, s’était en effet personnellement engagé à associer les acteurs locaux à la procédure de sélection de l’ensemble des candidats à la reprise. C’est finalement dans la plus grande opacité et sans la moindre communication sur les critères qui ont présidé au choix du repreneur, que l’Etat a préféré agir. »

 (2) Pour Christophe Guilloteau : «  Une réunion doit se tenir ce mercredi 13 juillet.

Elle devait, à l’origine, permettre d’auditionner l’ensemble des candidats qui avaient déposé une offre. Cela ne sera visiblement plus le cas, les règles du jeu ayant été changées à la dernière minute, à la demande d’Emmanuel Macron, le Ministre de l’Economie.

Dans ces conditions, alors même que l’aéroport de Lyon Saint Exupéry est situé sur le territoire rhodanien, et en tant qu’actionnaire, le Département du Rhône affirme son souhait de ne plus participer aux travaux de la commission d’attribution, estimant que les conditions de transparence et d’égalité pour l’ensemble des candidats ne sont plus réunies. »

(3) Pour Emmanuel Imberton : «  L’Etat vient de décider, de façon unilatérale, de ne pas organiser, comme le prévoyait la procédure, l’examen des offres fermes des candidats à la reprise du capital d’Aéroports de Lyon et de présélectionner uniquement deux dossiers, alors qu’aucune disposition du cahier des charges ne l’obligeait à agir ainsi.

Cette décision, contraire à l’esprit de la concertation prônée par le Gouvernement, néglige le rôle des actionnaires publics locaux, et les privera de toute capacité à émettre un avis sur l’intérêt des six offres présentées.

C’est inacceptable, car l’Etat met ainsi de côté des partenaires qui s’étaient fortement investis dans la procédure et qui souhaitaient légitimement pouvoir exprimer leur point de vue sur les différents projets industriels. En agissant de la sorte, l’Etat réduit à néant l’intérêt de la procédure de consultation. »

Et d’ajouter : « Cette décision de l’Etat est incompréhensible, car c’est l’avenir d’une infrastructure majeure pour la Métropole de Lyon et, plus globalement, la région Auvergne-Rhône-Alpes qui est en jeu ; il était donc essentiel d’entendre les collectivités territoriales, et notamment la CCI Lyon Métropole qui représente les acteurs économiques et qui, avec 25 % du capital, est le deuxième actionnaire d’Aéroports de Lyon. Malheureusement, cette méthode témoigne une nouvelle fois d’un centralisme dépassé. »

(4) Pour Jean-Paul Mauduy :  » La CCIR Rhône-Alpes est soucieuse de ce que des signatures emblématiques de notre région et de Lyon ont porté intérêt au projet, et elle appelle à ce qu’elles soient entendues et associées selon des formes efficaces. «