Quand les séminaires se mettent à table

Serait-ce le bout du tunnel ?

Après un profond marasme, le marché du tourisme d’affaires de groupe (MICE) a enregistré l’an dernier une timide reprise en France.

Cette légère progression des dépenses des entreprises a profité partiellement au secteur de l’hôtellerie-restauration, contraint d’explorer d’autres pistes de prospection pour envisager l’avenir avec sérénité.

« Les établissements de moyen/haut de gamme continuent de tirer leur épingle du jeu. C’est beaucoup plus compliqué pour les cinq étoiles et les palaces dont le positionnement ne correspond plus au contexte économique et au message véhiculé par les dirigeants. Cela dit, l’hôtellerie économique ne profite pas de cette conjoncture car son image n’est pas suffisamment gratifiante et elle ne dispose pas, en général, de structures adaptées pour l’organisation d’événements de groupe« , précise Mark Watkins, président-fondateur de Coach Omnium, société d’études spécialisées dans le secteur du tourisme

« Cette nouvelle donne a forcé bon nombre d’établissements à une remise en cause légitime, l’objectif étant de développer une offre en phase avec l’évolution d’un marché de plus en plus concurrentiel. En effet, notre dernière enquête révèle que 9 entreprises sur 10 ont demandé au minimum trois devis avant de prendre leur décision. Il faut faire mieux pour moins cher« , résume Mark Watkins.

Les restaurants lyonnais cherchent à se démarquer avec des offres décalées

Dans ce contexte, les établissements lyonnais cherchent à se démarquer avec des offres originales, parfois décalées.

                                   Burgundy Lounge (Photo DR)

Ouvert depuis moins d’un an, le Burgundy Lounge, sur le quai Saint-Antoine, est déjà classé numéro 1 sur plus de 2100 restaurants à Lyon par Tripadvisor.

Une popularité fulgurante que ce bar à vins dédié aux bourgognes et au champagne cherche à exploiter en organisant des rendez-vous épicuriens autour de la dive bouteille.

Sur une demi-journée, les entreprises disposent d’un salon privatif d’une capacité d’une vingtaine de personnes. Une séance de travail agrémentée d’une animation œnologique de 30 à 45 minutes sur les vins de Bourgogne assurée par le chef sommelier, Jean-Sébastien Jurin.

« On propose notamment une dégustation commentée de 3 vins différents à choisir en amont avec le sommelier. Ce dernier en profite pour faire partager sa science de l’œnologie autour d’une présentation des terroirs, des cépages, des typologies de vins et des grands millésimes de Bourgogne« , détaille Eric Versini, associé à Hervé Kratiroff dans cette aventure de bon goût.

Une approche initiatique suivie d’un déjeuner gastronomique concocté par le chef, Romain Dobovsek (formé dans les cuisines de l’Albert 1er à Chamonix et chez la Mère Brazier), repas arrosé de deux verres de vin pour rester dans le ton de ce séminaire gourmand. « La demi journée complète est vendue 90 € TTC par personne, tarif qui de nature à séduire les entreprises de la région à la recherche d’une formule originale« , précise Eric Versini, surtout sollicité aujourd’hui par les comités de direction de grands groupes lyonnais souhaitant se réunir en petit comité – et en toute discrétion – avant de s’offrir une séance de dégustation.

Le « Mama Shelter joue la carte de la branchitude »

                                       Mama Shelter (Photo DR)

Trublion du marché, Mama Shelter, dont la progéniture prolifère en France (Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille, Lille en 2015) et désormais à l’étranger (Istanbul, Los Angeles), joue pour sa part la carte de la « branchitude ».

Le repère des bobos met à disposition des entreprises des « ateliers » au look résolument avant-gardistes censés exalter « la créativité, l’esprit d’équipe et l’enthousiasme ».

« Au delà des infrastructures, c’est l’esprit Mama et notre caractère complètement atypique qui est notre principal atout. Nos clients viennent vivre une expérience inédite« , explique Jean-Christophe Castillon, directeur du Mama Shelter Lyon.

Proposer une offre originale et pragmatique de nature à générer une véritable valeur ajoutée pour les agences spécialisées ou les entreprises, telle est aussi la motivation du groupe Métropole.

Ce dernier, qui commercialise 1 500 mètres carrés de salles réparties sur les hôtels des Congrès, Lyon Métropole Resort, Lyon Ouest et Villa Florentine, va prochainement mettre en ligne un site internet dédié à l’organisation de séminaires et de réunion de travail.

                              Hôtel Lyon Métropole (Photo DR)

Un choix stratégique, ce secteur d’activité représentant 38% du chiffre d’affaires du groupe. « Avec ce programme spécifique, il sera possible de construire son séminaire comme un jeu de cube, avec des présentations graphiques et vidéos ludiques« , confie Michel Lecomte.

« En matière de restauration, on est aujourd’hui capable de répondre à tout type de demande grâce à la diversité de nos établissements.

On peut ainsi sortir le barbecue au printemps ou organiser des repas à thème autour d’une région ou de saveurs du monde.

La Villa Florentine, elle, accueille essentiellement des comités de direction avec une approche plus gastronomique« , souligne Français Contensou, directeur du développement commercial du groupe Métropole.

Ce dernier mise entre autres sur une cette offre de restauration élargie pour concurrencer Accor, très présent dans l’agglomération lyonnaise avec ses multiples enseignes, dont le Novotel Lyon-Bron qui enregistre plus de 18 000 journées de travail par an dans ses quatorze salles de réunion.

« Avec la conjoncture et une concurrence renforcée, les entreprises ont changé leurs habitudes. Cela implique des programmes plus lights en terme de prestations mais aussi la nécessité d’inventer de nouvelles offres pour séduire les sociétés et leur éviter de sortir de l’hôtel lors des séminaires résidentiels« , confie Jacques Malaurie, directeur général.

La composition des repas a ainsi été revue avec des formules thématiques, une option plancha/barbecue dès l’ouverture de la terrasse ainsi que la création de cocktails déjeunatoires ou dînatoires.

« Anticiper les besoins du client »

Jean Duc, directeur du Crowne Plaza (ex-Concorde), à la Cité internationale, mise aussi sur l’effet de nouveauté pour relancer une activité business « au ralenti » depuis 2013 sous l’impulsion de son nouveau chef, Grégory Félix, passé par les cuisines de L’Etage, Le Splendid, La Palme d’Or à Canne, Maison Clovis, L’Est, Marguerite….

«  L’idée est d’anticiper les besoins du client pour lui faciliter la vie et lui offrir un confort optimal« .

Dans ce cadre, l’hôtel du quai Charles de Gaulle veut « faire monter en gamme » son restaurant La Scène, rebaptisé Le Bistrot Rive Gauche. Qualité mais aussi réactivité, l’enseigne du groupe IHG (International Hotels ) s’engageant à répondre à tout demande de devis dans un délai de deux heures.