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RCF Lyon : la radio dont les auditeurs sont les actionnaires, s’installe sur le campus St-Paul

Avec 2 % de taux d’écoute et 30 000 auditeurs/jour, ce n’est pas la radio FM la plus écoutée de Lyon, loin s’en faut. Mais Radio Chrétienne de France qui vient de s’installer sur le campus Paul de l’Université catholique cumule deux originalités : elle est la seule à être financée en grande partie par ses auditeurs et elle est parfaitement œcuménique.

L’image un peu passéiste et à vrai dire ringarde que l’on pourrait avoir de RCF (Radio Chrétienne de France) s’estompe dès que l’on pénètre dans ses nouveaux locaux.

Ils sont spacieux, clairs, dotés du matériel dernier cri. La rédaction (sept journalistes) n’a pas quarante ans de moyenne d’âge.

RCF Lyon vient de s’installer sur 350 m2 dans de nouveaux locaux, au cinquième étage du campus de l’UCly (entendez Université Catholique de Lyon) qui s’apprête à effectuer sa première rentrée dans les locaux superbement réhabilités de l’ancienne prison Saint-Paul de Lyon dans le quartier Perrache. Des locaux auparavant basés à Saint-Irénée et qu’elle vient de quitter.

Certes l’Université catholique a favorisé son implantation : RCF s’intègre dans le projet pédagogique de l’Université Catholique : ses journalistes vont accompagner les étudiants, qui, dès cette année, dans le cadre de leur cursus vont créer une Web radio.

Un investissement de 400 000 euros

Mais surprise, un quart de l’investissement global de 400 000 euros nécessité par cette implantation a été financé par les auditeurs eux-mêmes, tandis qu’un autre quart provient de chefs d’entreprises. Le reste a été apporté par les églises chrétiennes de Lyon (catholique et protestante) et le dernier quart par les collectivités locales.

Il faut savoir que le financement par les auditeurs est dans les gènes de cette radio créée en 1982 dans la foulée des « radios libres », sous le nom de » Radio Fourvière » et qui a ensuite essaimée dans toute la France. Le cœur des soixante-trois stations de RCF disséminées dans l’Hexagone est toujours basé à Saint-Irénée (40 personnes à Lyon, 300 salariés et 200 bénévoles dans toute la France).

Les radios commerciales sont financées par la pub, les radios associatives par l’Etat, RCF est, elle, financée par les auditeurs.

Six mille Lyonnais financent la radio

Le budget annuel de de la radio qui s’établit à 850 000 euros est là encore pour l’essentiel financée par ses auditeurs. « La radio appartient à ses auditeurs : ils sont six mille à Lyon à apporter chaque mois leur don », lance Philippe Lansac, le directeur de RCF Lyon.

Ainsi, 70 % du budget provient des dons, complété par 20 % de partenariats et 10 % de subventions. Un record d’autofinancement inégalé.

Le directeur de RCF Lyon et son équipe ont voulu accompagner cette installation au sein même du campus de l’Université catholique en mettant en avant un projet d’entreprise.

« Notre objectif, explique-t-il, est d’augmenter notre nombre d’auditeurs. »

Impossible à l’heure où le noyau des fidèles continue de se réduire en France et que les églises se vident  ? Philippe Lansac ne le pense pas.

RCF est connotée comme une radio catholique. Inexact, car en fait, il s’agit d’une radio œcuménique qui rassemble à son conseil d’administration pas moins de sept églises chrétiennes différentes : catholique, protestante, baptiste, orthodoxe, etc. ; ce qui rend son antenne beaucoup plus ouverte.

Objectif : un développement de l’audience de 15 %

Le projet : « Nous voulons devenir le média référent des actifs, chrétiens ou chercheurs de sens . Les premiers représentent 12 % de la population française, les seconds peuvent être estimés à 20 %. Nous nous sommes donnés pour objectif de développer notre audience de 15 % en deux ans…».

Dans le cadre de ce projet, la radio qui s’affiche comme « chrétienne généraliste de proximité, ouverte à tous » table sur son nouveau slogan : « La joie se partage ». Un slogan dont la toute première campagne publicitaire a eu lieu, …le 7 janvier dernier, le jour même de l’attentat de Charlie Hebdo.

Philippe Lansac s’en souvient comme si c’était aujourd’hui. « A la lueur de ce drame, nous avons d’abord pensé que nous nous étions plantés en choisissant ce slogan. Mais le fait de voir l’union nationale et l’incroyable mouvement de manifestations dans toutes les villes de France en réaction à cet attentat, on s’est dit que finalement, nous avions bien choisi… »