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Réinventant le bois, la start-up lyonnaise Neolife, en Bourse pour accompagner son développement TGV

Née en 2012, elle a d’abord réussi à réunir 460 000 euros grâce à des Business Angels lyonnais. Pour financer sa recherche et son développement commercial en Europe, cette « greentech » s’est introduite sur le Marché Libre de la Bourse en décembre, pour viser dès le mois de juin le compartiment Alternext des valeurs de croissance. Quel est donc le produit miracle qui est à l’origine de cette croissance ? Du bois, tout simplement, mais traité pour être rendu encore plus dur que les bois exotiques et capable d’être travaillé comme du…plastique !

Pas de vacances de Noël pour les dirigeants de la start-up lyonnaise Neolife. A l’heure où beaucoup étaient déjà dans les stations de ski pour démarrer le grand pont de fin d’année, cette start-up avait choisi le …23 décembre pour s’introduire en Bourse, plus précisément sur le Marché Libre.

« Il fallait impérativement que nous arrivions sur la Bourse avant la fin de l’année si nous voulions intégrer dès le mois de juin 2014 le compartiment Alternext des valeurs de croissance , notre prochaine étape», assure Florence Moulin, la directrice générale, pour expliquer ce surprenant calendrier.

 Il est vrai que depuis sa création, chez Neolife, start-up de douze personnes, née seulement en 2012, on a décidé de mettre les bouchées doubles et de jouer la croissance TGV.

 Une multiplication par cinq du chiffre d’affaires cette année

 Le business-plan de cette jeune pousse l’illustre aisément. Cette année, l’entreprise devrait multiplier par cinq son chiffre d’affaires 2013 à 11,70 millions d’euros. En 2015, Patrick Marché, le Pdg et sa directrice générale tablent sur.. un chiffre d’affaires de 37 millions d’euros.

La croissance très rapide de cette start-up trouve son explication dans un produit pour le moins banal : le bois ! A l’origine, on trouve une technique mise au point par les labos de recherche de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, la rétification.

 Il s’agit d’un procédé de préservation écologique des bois. Sans aucun produit chimique, par la seule action d’une chaleur maîtrisée au degré près, le bois rétifié devient stable, exceptionnellement durable et 100 % naturel : il devient aussi dur, sinon plus, que certains bois exotiques comme le teck.

Appliqué aux essences de nos régions, la rétification permet aux peupliers, pins, frênes et autres … d’être utilisés en extérieur ou sur des façades dans les situations les plus exposées.

Le secret ? Huit brevets…

Leur secret ? Déposant pas moins de huit brevets, grâce à une R&D composée de quatre personnes, Patrick Marché et Florence Moulin ont fortement amélioré le brevet stéphanois.

 Le bois que Neolife utilise est constitué de déchets provenant des massifs vosgiens, tandis que sa transformation lui permet d’être extrudé (*) comme du plastique, lui offrant la possibilité de prendre des formes complexes. Une collaboration a d’ailleurs été entamée en ce sens avec une entreprise de la Plastic valley d’Oyonnax.

 A l’arrivée, Neolife produit un véritable éco-matériau ne nécessitant ni abattage d’arbre, ni additif nuisible à l’environnement, ni colles, ni solvant, ni encore aucun entretien. Bref un produit apte à faire baisser les importations de bois exotiques qui arrivent parfois illégalement en Europe. Et qui pourrait peut-être à terme constituer une forme d’action contre la déforestation.

 Objectif : l’exportation

 Produisant pour le Bâtiment des lames de bardage, de façade ou de terrasses, plus dures encore que les bois exotiques, les dirigeants de Neolife s’attaquent d’ores et déjà malgré la jeunesse de la société, à l’exportation . «  Nous visons le Bénélux, l’Espagne, l’Italie et le Portugal dans un premier temps, avant de viser les marchés allemands et britanniques ensuite », explique Florence Moulin.

 Pour ce faire, il faut développer la R&D, embaucher des équipes des commerciaux… Les effectifs devraient passer cette année de douze à seize/dix-sept personnes.

Patrick Marché et Florence Moulin visent à proposer aux professionnels du bâtiment des solutions pré-industrialisées et finies esthétiquement qui, livrées sur les chantiers seraient prêtes à être posées par simple assemblage. Une industrialisation permettant de faire baisser les coûts.

1,5 million d’euros en Bourse

Ceci explique les besoins de financement de l’entreprise. Dès le départ les deux créateurs ont été entourés par des Business Angels lyonnais qui leur ont fait confiance. Ils ont réussi à engranger 460 000 euros en deux tours de table. Désormais la Bourse va leur permettre de lever 1,5 million d’euros .

Installée sur une niche grâce à cette innovation forte, l’entreprise devrait voir ses comptes à l’équilibre dès cette année, pour ensuite afficher des résultats positifs.

Le secret de Neolife, lauréate en novembre dernier du prix Inno’VR, destiné à récompenser les éco-innovations régionales ? « Nous sommes constitués pour moitié d’ingénieurs et pour l’autre moitié de marketeurs et de commerciaux.  Il ne s’agit pas seulement de produire, mais aussi de vendre ! », lance Florence Moulin. Manifestement, Neolife réussit sur les deux tableaux…

 (*) L’extrusion est un procédé de fabrication thermo-mécanique par lequel un matériau compressé, en l’occurrence ici des fibres de bois sont contraintes de traverser une filière ayant la section de la pièce à obtenir. Ce qui permet de former en continu un produit long (tube, tuyau, profilé) ou plat (plaque, feuille, film).

 Photo-Un bardage de piscine en bois rétifié et en médaillon Florence Moulin, directrice générale et Patrick Marché, Pdg.