Renault Trucks annonce la relocalisation à Bourg-en-Bresse des poids-lourds fabriqués chez son partenaire turc

 Une bonne nouvelle en cette rentrée pour les salariés de Renault Trucks qui, il n’y pas si longtemps subissaient des mesures de chômage technique.

 Le constructeur de poids-lourds dont le siège social est à Lyon, annonce qu’il va cesser sa production en Turquie avant la fin de l’année et la rapatrier dans ses usines françaises, et plus précisément à celle de Bourg-en-Bresse qui emploie 1 800 salariés.

 Cette décision est liée aux changements que nécessite la nouvelle gamme de véhicules Renault Trucks. Qui plus est, la Turquie a été fragilisée par la crise.

 Souvenez-vous, en juin dernier, en grand pompe et devant ses gros clients et la presse internationale, Renault Trucks présentait à Lyon-Eurexpo l’intégralité de sa nouvelle gamme renouvelée. Un investissement de près de deux milliards d’euros. Nouveau design, nouvelle ergonomie et aussi nouveau moteur adapté aux nouvelles normes Euro 6 qui doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2014.

7 à 800 camions fabriqués depuis cinq ans en Turquie

 En Turquie, Renault Trucks ne produisait que 7 à 800 camions par an de sa gamme haute avec son partenaire local, Karsan, assembleur de la marque pour le marché local, sur un total produit par l’entreprise de 51 000. Les autres véhicules vendus en Turquie (près de deux mille) chaque année sont importés.

 Cette mesure ne coûtera rien au groupe ou très peu : il n’y aura pas de rupture de contrat, le partenariat qui avait été signé pour six ans ne sera simplement pas renouvelé.

 Un coût de 9,8 millions d’euros

 Ainsi, la fin de la coopération avec Karsan coûtera 95 millions de couronnes suédoises (soit 9,8 millions d’euros) sur son résultat opérationnel du troisième trimestre.

 Pour Karsan, en revanche, cela risque de se traduire par des suppressions d’emplois. Quant à l’usine de Bourg, elle bénéficiera, c’est sûr d’un peu plus de travail, mais «cet apport n’aura pas de conséquences immédiates pour l’emploi », reconnaît le constructeur de poids-lourds.

La direction de ce dernier précise d’ailleurs que « la production des véhicules Renault Trucks vendus dans le reste du monde s’étant toujours effectué en France, le terme de relocalisation n’est pas, en l’occurrence, forcément le plus pertinent. »

 Même s’il se félicite du retour de cette production dans l’Hexagone, le syndicat CGT de Renault Trucks explique ne pas se montrer dupe. «Il s’agit d’un simple coup de com ‘ » déclare Frédéric Panetié, secrétaire général de la CGT chez Renault Trucks, qui explique que le volume de production prévu ne concerne que cinq véhicules par jour. « Cela épargnera peut-être deux semaines de chômage partiel à Bourg et Blainville » les deux sites d’assemblage du groupe en France, selon le syndicaliste.

 Il est vrai que pour une fois, le calcul d’un constructeur s’est fait en faveur de la relocalisation. Il était plus économique pour Renault Trucks d’utiliser tous les très importants investissements réalisés dans les usines françaises immédiatement opérationnelles, que de procéder à de nouveaux et lourds investissements en Turquie, chez son partenaire.

 Ce que confirme en creux le communiqué du Groupe Volvo : «Pour le groupe Volvo, cela générera un effet positif à long terme grâce à une meilleure utilisation des usines existantes, une démarche se conformant et contribuant ainsi à la stratégie du Groupe en améliorant des performances industrielles et de compétitivité».

 Habitat relocalise aussi à Lyon

 Une autre opération de relocalisation a été annoncée cet été, cette fois dans les colonnes de notre confrère VSD.

 La chaîne d’ameublement et de décoration Habitat a déclaré qu’elle renouait avec le made in France. Dans une interview à ce magazine, Hervé Giaoui, Pdg, annonce que la production de la lampe Ribbon, une création de Claire Norcross, prix « Elle » de la décoration –une des meilleures ventes de la société – va prochainement être rapatriée de Chine à Lyon.

“C’est une tendance de fond, la relocalisation-assure-t-il. Dans le cas de la lampe Ribbon, les coûts de main-d’œuvre ne représentent que quinze pour cent du coût total. Donc, même avec une différence de 1 à 5 pour les salaires entre l’Asie et l’Europe, ça vaut le coup de ramener la production en France.”

 Renault Trucks et Habitat : deux relocalisations à petites doses, mais deux relocalisations tout de même qui illustrent peut-être enfin un regain de notre industrie après plusieurs années de vaches (très) maigres.