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Réponse le 18 décembre : les 2 600 emplois de Kem One devraient être sauvés

L’horizon s’éclaircit pour Kem One, ses 2 600 salariés et son siège social basé à Lyon. La question primordiale, celle des abandons de créances demandés par les candidats à la reprise, sans lesquels le groupe ne pouvait redevenir rentable, a été résolue. A l’issue d’un long processus, Total, Arkema et EDF, les trois grands fournisseurs de la filière ont fini par répondre favorablement à cette exigence. La seule question qui sera tranchée le 18 décembre par le Tribunal de Commerce de Lyon est celle du repreneur : ils ne sont plus que deux à rester en lice.

 En dépôt de bilan, Kem One revient de loin. Tous les acteurs du dossier, à commencer par Jean-François Carenco, préfet de région ou du « commissaire » Moulin, chargé auprès de lui, des dossiers sensibles, ont mouillé leur chemise. De surcroît, le dossier est piloté au plus haut niveau du gouvernement.

Il est vrai que l’enjeu est de taille. Au-delà des 2 600 salariés de Kem One, dont 1 300 en France dont une part majeure dans l’agglomération lyonnaise où se situe son siège social (*), c’est l’avenir de l’ensemble de la filière vinylique qui est en jeu.

Lors de l’audience du Tribunal de Commerce de Lyon qui s’est déroulée le jeudi 12 décembre, un grand soupir de soulagement s’est exhalé. La pierre d’achoppement sans laquelle aucune solution n’aurait pu voir le jour a pu enfin être levée.

Le groupe chimique ne pourra en effet retrouver sa rentabilité sans que soient levées les créances des trois principaux fournisseurs de la filières : Total, Arkema et EDF. Mieux : ils se sont également engagés à baisser sensiblement leurs prix de vente.

Cerise sur le gâteau, mais elle était attendue : les pouvoirs publics ont garanti leur soutien financier.

Il ne reste au Tribunal plus qu’à statuer sur le repreneur

Se réunissant une dernière fois le mercredi 18 décembre, le Tribunal de Commerce n’aura plus qu’à statuer sur le nom du repreneur. Ils ne sont plus que deux en lice : le fonds d’investissement américain OpenGate Capital et l’industriel français Alain de Krassny.

Au fur et à mesure de la procédure, les rangs des repreneurs se sont en effet éclaircis.

Ce fut d’abord, à la mi-novembre au tour du fonds américain « Sun Capital » de jeter l’éponge. Il fut suivi début décembre par la décision de la CGT de « suspendre » son plan de continuation de l’activité, baptisé « Phénix », un projet bien peu dans la philosophie de ce syndicat et auquel bien peu croyait.

Qui les juges consulaires vont-ils désigner mercredi 18 décembre ?

Le fonds d’investissement OpenGate Capital fait figure de grand favori, s’agissant pourtant d’une société financière et non d’un industriel. IL a notamment la préférence des syndicats.

«OpenGate a bonne réputation, il crée des filières», estime Jean-Michel Rovida, délégué central CFDT. Et effectivement, OpenGate a racheté en janvier dernier Profialis, une société d’extrusion de PVC, et regarde d’autres sociétés dans ce secteur, sans que l’on puisse pour autant encore parler de filière.

Créé en 2005, OpenGate compte cinq associés et gère 500 millions de dollars. Basé à Los Angeles, Paris et Sao Paulo, ce fonds a réalisé une trentaine de transactions avec KPN, Areva, Philips, Schlumberger, Le Monde, etc., pour reprendre des entreprises aussi variées que Zodiac, Fleurus Presse ou Aluminium France Extrusio.

Il apporterait 20 millions d’euros.

Ce qui n’est pas le cas de l’industriel français Alain de Krassny, un ancien cadre dirigeant de Rhône-Poulenc qui ne mettrait, lui, dans la corbeille que 5 millions d’euros. Une somme qui serait complétée par 80 millions d’euros d’emprunts..

Le fonds américain favori

Propriétaire depuis 1997 de Donau Chemie Group, un chimiste autrichien basé à Vienne réalisant 304 millions de chiffre d’affaires pour 8 millions d’euros de résultat net, en 2012,

Alain de Krassny interviendrait à titre personnel pour ne pas déstabiliser la firme viennoise qu’il a bien développée depuis qu’il en est à la tête.

 Une certitude en tout cas : le choix des deux repreneurs ne se fera pas sur le plan social : ils s’accordent tous deux sur cinquante-et-une suppressions d’emplois. De quoi limiter la casse sociale puisque l’ex-société mère, Arkema, s’est engagée à reprendre cent salariés.

Tout laisse à penser que le repreneur désigné par le Tribunal de Commerce de Lyon sera le fonds américain OpenGate Capital qui a plusieurs longueurs d’avance face à l’industriel français. Mais comme on a pu le constater tout au long de ce feuilleton social, on n’est pas non plus à l’abri d’une nouvelle surprise.

(*) Les 1300 salariés basés en France sur les 2 600 que compte le Groupe sont répartis entre le siège social (Lyon) et sept sites industriels : Balan (Ain), Saint-Fons (Rhône), Saint-Auban (Alpes de Haute-Provence), Berre, Fos-sur-Mer et Lavéra (Bouches du Rhône), Vauvert (Gard).

 (Photo AFP)La veille de l’audience du Tribunal de Commerce de Lyon, le 12 décembre, les salariés de Kem One se sont mis en grève.