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Représentativité de l’artisanat : Bruno Cabut, président de l’UPA Rhône-Alpes saisit le Conseil d’Etat

L’Union Professionnelle Artisanale (UPA) qui représente les 127 000 entreprises artisanales de la région aimerait bien sortir de l’ombre et parler d’égal à égal avec le Medef et la CGPME. Elle mène campagne pour bénéficier d’un tiers des sièges patronaux dans les instances représentatives. A commencer par le Coparef Rhône-Alpes à propos duquel Bruno Cabut, son président, a saisi le Conseil d’Etat.

« Ce n’est plus possible ! Alors que nous représentons dans la région 127 000 entreprises de proximité, 436 000 actifs dont 310 000 salariés, que nous créons chaque jour des emplois, nous n’avons pas droit à la parole ! »

Président de l’UPA (Union Professionnelle Artisanale) pour la région Rhône-Alpes, Bruno Cabut est remonté comme une pendule.

L’UPA nationale mène campagne pour que la représentativité des artisans soit équivalente à celle du Medef et de la CGPME au sein des instances représentatives : « Un tiers, un tiers, un tiers, or c’est loin d’être le cas », martèle Bruno Cabut.

 Un combat que l’UPA a décidé d’intensifier. « Nous avons saisi le Conseil d’Etat à propos de notre représentativité au sein du Coparef Rhône-Alpes, le comité paritaire régional emploi-formation. Sur dix membres, l’UPA n’a droit qu’à un siège, alors que le Medef en a six et la CGPME, trois. Nous ne voulons plus être la dernière roue du chariot ! », s’enflamme le président de l’UPA Rhône-Alpes.

Il ajoute : « Nous voulons qu’au sein de ce comité, le Medef bénéficie de quatre sièges, la CGPME et l’UPA, trois chacun : ce serait un reflet plus juste de la représentativité de chacun ! »

Les gentils artisans en train de se muer en tigres ?

 Les gentils artisans que l’on n’entend guère sur la scène médiatique se mueraient-ils en tigres ?

Déjà, il y a quelque temps, ils sont descendus dans la rue, ce qui n’est guère leur habitude.

 Pour se mettre désormais en avant et défendre leurs propositions, les artisans s’appuient sur leur poids, mais aussi la proximité de leurs entreprises : « 97 % des communes de la région Rhône-Alpes accueillent au moins une entreprise artisanale », assure Bruno Cabut.

Il met aussi l’emploi en avant. « L’artisanat ne perd pas d’emplois : les entreprises qui disparaissent sont remplacées par de nouvelles. Dans les années 2000, nous avons créé 28 000 emplois, à raison de 3 % de croissance par an », explique-t-il.

 Une raison à cela : l’artisanat est le plus grand pourvoyeur d’apprentis, une excellente porte d’entrée dans le monde professionnel : « En Rhône-Alpes, 20 000 apprentis sont accueillis chaque année dans les entreprises artisanales et jusqu’à 85 % dans le Bâtiment. »

 Baisse de 3 % du nombre d’apprentis à la rentrée 2014

Or, le gouvernement table beaucoup sur l’apprentissage pour relancer l’emploi chez les jeunes. « Le gouvernement se donne l’objectif de porter le nombre d’apprentis à 500 000 : oui, d’accord, mais qu’on mette en face les moyens », réclame Bruno Cabut. Et d’ajouter : « Il faut commencer par alléger, limiter la réglementation en termes d’apprentissage qui est devenue, très, trop complexe : elle coupe l’élan des patrons d’entreprises artisanales. Il faut également renforcer l’orientation des jeunes : que l’on rentre dans les entreprises artisanales par choix, pas par défaut… »

La réalité est en effet une baisse des entrées en apprentissage en Rhône-Alpes. Même si l’on n’y affiche pas les chiffres nationaux plutôt catastrophiques (- 14 % d’apprentis en moins à la rentrée 2014), la chute à la rentrée de septembre dans la région est similaire à celle de l’année dernière : – 3 %.

 Il est vrai que pour embaucher des apprentis, il faut avoir du travail en quantité suffisante, or d’après la dernière enquête de conjoncture (enquête UPA/I+C au 2ème trimestre 2014), seules 19 % des entreprises artisanales reconnaissaient avoir embauché.

Baisse de 1 % du chiffre d’affaires des artisans en Rhône-Alpes

 Globalement, l’ensemble des entreprises annonçaient une baisse de 1 % de leur chiffre d’affaires. Les plus touchés : les services et l’hôtellerie/restauration.

 Une situation qui ne devrait pas s’arranger à court terme puisque 30 % des entreprises de l’artisanat et du commerce de proximité prévoient pour les semaines et mois à venir une baisse de leur chiffre d’affaires. « Le moral des troupes est plutôt en berne », reconnaît Bruno Cabut.

Lueur d’espoir : le travail mené par l’UPA avec un Pôle Emploi plutôt vilipendé d’ordinaire semble porter ses fruits. « Nous travaillons de façon plus étroite avec Pôle Emploi qui a créé dans deux zones tests, dans la région grenobloise et dans le Voironnais des postes de conseillers spécialisés dans les TPE et les entreprises artisanales qui vont au contact des chefs d’entreprise : ça fonctionne bien. Pour vous dire, nous avons même reçu des lettres de remerciements des chefs d’entreprise nous félicitant pour l’efficacité de Pôle Emploi ». Plutôt rare pour être souligné !

L’UPA va donc développer ce nouveau concept à toute la région Rhône-Alpes. Pas une solution miracle, mais si, déjà, ça facilite la vie des patrons artisans…