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S’appuyant sur un axe Lyon/Grenoble, la pépite Kalray vise le leadership mondial dans son domaine

Malgré les secousses boursières actuelles, la deeptech (*) grenobloise Kalray maintient son introduction en Bourse cette semaine, contrairement à la lyonnaise ElsaLys. Près des trois-quarts de ses actions sont en effets déjà prévendues. Illustration de la force d’un axe Lyon/Grenoble, le premier amenant le financement, le second la technologie. Arrivée en Bourse de cette nouvelle valeur dans le compartiment des valeurs de croissance, Euronext Growth : cette semaine…

Un exemple qui, espérons-le, sera imité et mérite d’être célébré… A force d’obstination, il est possible de percer dans notre pays dans un domaine qu’on a laissé pour une grande part aux Américains, celui des puces électroniques.

C’est ce que prouve l’histoire de Kalray, société de soixante salariés basée à Grenoble et dotée de deux bureaux en Californie et au Japon, qui entre en Bourse cette semaine.

Mise en redressement judiciaire en 2004 ; sauvée par l’arrivée d’Eric Baissus, un dirigeant en provenance de la Californie au CV parfait pour diriger cette société technologique, elle est en train de franchir l’étape qui pourrait bien la mener aux 100 millions d’euros de chiffre d’affaires qu’elle escompte d’ici deux à trois ans. Contre un million aujourd’hui…

Les ¾ des actions déjà prévendues

A l’instar de la biotech lyonnaise ElsaLys, la moitié des entreprises désireuses d’entrer en Bourse ces dernières semaines ont décidé de refuser l’obstacle. Pas Kalray «près des trois quarts des actions mises sur le marché sont déjà prévendues à nos actionnaires historiques », explique serein Eric Baissus, le président du directoire.

Il faut dire que cette pépite grenobloise a, parmi ses 95 actionnaires, quelques membres du who’s who économique à son capital dont l’Alliance Renault/Nissan, Mitsubishi, devenu cette année le n°1 mondial de l’automobile et Safran, l’équipementier aéronautique.

Parmi ces actionnaires figurent aussi de nombreux business angels lyonnais (20 % du capital) avec en figure de proue Guy Rivaud qui a misé d’entrée sur l’entreprise dès sa création, l’a accompagnée et l’a soutenue. Et va bientôt voir le fruit des ses efforts récompensé.

Pourquoi Kalray est-elle « une pépite » sur laquelle autant d’individus et d’entreprises ont décidé de miser ? Car elle détient une technologie, celle des puces nécessaires au développement de l’intelligence artificielle, la nouvelle frontière informatique, celles dont ont besoin les voitures autonomes par exemple : une puissance de calcul sans égale, capable de prendre une décision en quelques secondes. Elle bénéficie de surcoît d’une faible consommation d’électricité : une seule puce a une puissance de calcul équivalente à 2 000 ordinateurs de bureau !

Une technologie défendue par 23 familles de brevets

Ses concurrents se comptent dans le monde sur les doigts d’une seule main et Kalray est dotée d’une avance technologique défendue par… vingt-trois familles de brevets-elle est issue du CEA à Grenoble- qui pourrait lui permettre de revendiquer le leadership mondial de son secteur. « C’est vrai, nous sommes ambitieux : nous visons 15 à 20 % du marché mondial, soit 100 milions d’euros rapidement», lance sans ciller Eric Baissus.

 Deux marchés sont dans l’immédiat dans son viseur : celui de la dernière génération en date des data-centers qui ont besoin en nombre de telles puces ; puis celui de l’automobile, d’où la présence au capital de l’Alliance Renault/Nissan/Mitsubishi. « Mais, précise aussitôt Eric Baissus-, il n’y a pas pour autant d’exclusivité avec ce partenaire : nous discutons avec tous les fabricants automobiles mondiaux. »

La fourchette de prix pour l’introduction en Bourse se situe entre 17,66 et 23,88 euros par action : entre 1,7 et 1,9 million de titres vont être mis sur le marché dont une part réservée aux particuliers désireux d’investir dans une entreprise technologique : le « flottant » est destiné à représenter entre 27 et 36 % des actions émises. La clôture de la période de souscription des actions est fixée au 7 juin.

Cela devrait permettre à Kalray de lever au total près de 35 millions d’euros de capitaux et donc de poursuivre son développement et notamment une force de vente destinée à lui permettre d’engranger des contrats dans le monde entier.

« Contrairement aux Etats-Unis, aucun investisseur n’était prêt en France et en Europe  à investir 35 millions d’euros dans Kalray », explique le Lyonnais Guy Rivaud, actionnaire historique.

La Bourse restait donc la seule possibilité de financement ouverte à l’entreprise. « Elle va nous donner la crédibilité pour travailler avec les grandes entreprises, nos clients » se félicite de son côté Eric Baissus. Plus qu’une marche, certes un peu haute, désormais à franchir et Kalray pourra jouer dans la cour des grands…

(*) Le vocable à la mode actuellement : cette expression désigne les start-up qui proposent des produits ou des services sur la base d’innovations de rupture.