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Sale temps pour les jeux vidéo : un nouveau studio ferme ses portes à Lyon, « Etranges Libellules »

Le Tribunal de Commerce de Lyon vient de prononcer la liquidation judiciaire du studio de jeux vidéo lyonnais, qui rencontrait des difficultés depuis deux ans. Créé par d’anciens d’Infogrames, « Etranges Libellules » avait notamment réalisé des jeux tirés des films « Arthur et les Minimoys » de Luc Besson ou « Alice aux Pays des Merveilles » de Tim Burton.

Sale temps pour les jeux vidéo. Après Widescreen et Phoenix, Il y a deux ans, un nouveau studio lyonnais, l’un des plus importants qui a compté jusqu’à une centaine de salariés, « Etranges Libellules » vient de fermer ses portes.

 Il était en redressement judiciaire depuis la mi-avril. Faute de nouveaux contrats ou de repreneurs, le Tribunal de Commerce de Lyon vient de prononcer sa mise en liquidation judiciaire.

 Le studio « Etranges Libellules » est né en 1994 par Jean-Marie Nazaret, fondateur de la société et par Edith Protière qui dirigea pendant dix ans un studio de production au sein d’Infogrames, la société pilotée alors par Bruno Bonnell et devenue depuis Atari, après sa reprise par un fonds anglo-saxon.

 Ce studio emblématique de la création vidéo lyonnaise avait de nombreux jeux à succès à son actif. Il avait réalisé plusieurs opus d’« Astérix », « La Légende de Spyro », « La Naissance d’un Dragon », ou encore des adaptations d’ »Alice au Pays des Merveilles » et de « Dragons ».

 A sa naissance, « Etranges libellules » s’était concentré sur la création graphique, participant alors au succès de nombreux titres, tels la série des « Alone in The Dark », « V-Rally », Need « Devil Inside »,…

 En 1997, le studio se tourne vers le développement de jeux et lance la collection « Gunul et Cléo » en 1999, puis « Kirikou » en 2001 ; « La Panthère Rose », en 2002. 
Suivent alors, « Asterix XXL’ » en 2003 et 2004 puis « Asterix XXL2′ »

 Ensuite, « Etranges Libellules » est choisie par Luc Besson pour réaliser les jeux vidéo basés sur son film d’animation « Arthur et les Minimoys ». La société installe alors un studio à Paris pour travailler en étroite collaboration avec les équipes du film. 
Ce nouveau titre sort alors sur tous les types de consoles de jeux.


 C’est ce qui faisait le succès de ce studio : d’avoir su mettre en place une chaîne de production efficace pour produire des titres de très grande qualité sur tous les types de plateformes.

 Après le dépôt de bilan, à la mi-avril, Jean-Marie Nazaret, le gérant d’« Etranges Libellules » avait bien tenté de signer de nouveaux contrats, et d’essayer de survivre avec des effectifs réduits, divisés par trois ou quatre ces deux dernières années, mais en vain. Le studio « Etranges Libellules » ne regroupait plus qu’une vingtaine de salariés.

 En apparence, au fil des fermetures ou des phases d’amaigrissement des studios de création, le riche terreau lyonnais des jeux vidéo semble s’étioler. Les temps sont durs pour des studios qui ont de moins en moins de créations à se mettre sous la dent.

 Pourtant, selon Damien Briatte, patron du studio lyonnais « les Tanukis » et président du pôle de compétitivité rhônalpin Imaginove, consacré à l’image et aux jeux vidéo, ce malheureux épisode ne remet pas en cause l’écosystème lyonnais des jeux vidéo, « toujours bien vivant ».

 « Le problème d’Etranges Libellules etait paradoxalement dû à ce qui avait, dans le passé, fait son succès. Sa technologie très forte, très importante était calibrée pour de gros jeux. Elle était très chère et difficile à vendre en cette période de crise », explique-t-il.

 Pour le président d’Imaginove, en revanche, le terreau lyonnais reste fertile : « Lyon reste une plateforme innovante. Nous assistons dans le même temps à l’arrivée d’une nouvelle génération de studios qui a basé ses activités sur les jeux en ligne ou les téléphones mobiles, à l’instar par exemple d’ « Absolute » qui a réalisé l’application iPad du Velov’ lyonnais. »

 Sa propre société, les Tanukis, couvre, elle, tout le spectre de la chaîne de valeur des jeux vidéo : de e.commerce, aux applications, aussi bien sur plateforme Web, que les tablettes ou les smartphones et se porte plutôt bien.

 Pour Damien Briatte, Lyon, avec près de deux mille salariés œuvrant dans les jeux vidéo, reste une place forte importante du secteur. Mais cette industrie est simplement en train de changer de modèle. Une mutation qui s’opére dans la douleur.

 Illustration (DR)-Image tirée du jeu « Alice au pays des merveilles » développé par « Etranges libellules », tiré du film à succès de Tim Burton, avec Johnny Depp.