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Schéma régional du climat : Rhône-Alpes veut se mettre en ordre de bataille pour lutter contre le réchauffement climatique

Parmi les retombées méconnues du Grenelle de l’environnement : l’obligation de mettre en œuvre dans chaque région « Un Schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie » qui sera décliné localement dans pas moins de trente-huit collectivités en Rhône-Alpes. Après le semi-échec de la conférence sur le changement climatique de l’ONU à Durban, ce Schéma vient rappeler que sans doute mieux que les Etats, les collectivités, villes, agglomérations et régions, sont à même d’apporter des solutions au réchauffement climatique. Quatre-vingt pour cent pour cent des solutions concrètes à mettre en œuvre émanent des collectivités territoriales. Présenté au Conseil régional, ce Schéma a remporté l’adhésion sans exclusive de droite à gauche de l’échiquier politique.

«  Faisons vite, ça chauffe !» : ce slogan désormais fameux a constitué l’antienne entendue au conseil régional, lors de la session plénière qui s’est déroulée du 14 au 16 décembre.

Un thème qui a permis d’apaiser quelque peu les débats entre la discussion sur le budget 2012 ou le projet de liaison ferroviaire alternative au TGV Paris-Lyon (le POCL, Paris, Orléans, Clermont, Lyon) : « Le Schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie. »

Cette trêve fut d’autant plus visible qu’elle amena côte à côte à la tribune de l’assemblée régionale, Jean-François Carenco, préfet de Région, Jean-Jack Queyranne et Bruno Lacroix, président du CESER (Conseil économique social et environnemental régional).

Retombée peu visible du Grenelle de l’Environnement, ce Schéma anti-Gaz à effet de serre est devenu une obligation légale. Il a donné lieu à un travail préparatoire entre les services de l’Etat et de la Région, engagé depuis 2010.

C’est le résultat de ces travaux qui était présenté conjointement par les services régionaux et préfectoraux. Un Schéma d’autant plus important qu’il doit servir de base aux trente-huit Schémas territoriaux du même ordre, ce qui permettra de le décliner en cascade, ville par ville, département par département.

« Il est temps d’agir », insiste en introduction Jean-Jack Queyranne, rappelant deux faits illustrant les conséquences visibles aujourd’hui du changement climatique : le nombre record de journées d’alerte aux particules cette année (68 !) en Rhône-Alpes et la baisse annoncée de 30 % de la production hydraulique de la Compagnie Nationale du Rhône en 2011, pour cause de sécheresse (-4,5 terawatt/h).

Etat et Région mettent en avant dans ce Schéma climatique un double objectif.

Le premier porte sur 2020 : sont affichés, un recul de 28 % des gaz à effet de serre (contre 20 % au plan national), une diminution de 25 % des micro-particules et un taux de production d’énergies renouvelables de 29 % (contre 23 % au plan national).

Si ces objectifs 2020 sont ambitieux, ceux fixés à l’échelon 2050 le sont moins. Région et Préfecture ont fait mouliner leurs ordinateurs. L’objectif originel est une division par quatre, soit – 75 % des facteurs de pollution climatique, mais les chiffres du Schéma présenté s’arrêtent à – 57 %. « Il reste à trouver 18 % supplémentaires », reconnut Jean-Jack Queyranne. Il est vrai aussi que l’exercice à si long terme est difficile. On ne sait pas encore ce que la technologie nous réservera d’ici là.

Les leviers pour parvenir à ces objectifs portent surtout sur l’adaptation des logements beaucoup plus économes en énergie. C’est là que doivent porter les plus lourds investissements : cela ne se fera pas sans aides de la puissance publique. Il faudra également mener de très lourds investissements pour développer les énergies renouvelables : photovoltaïque, éolien, biomasse, biogaz.

Cette présentation n’a pas fait l’objet d’un vote. Celui-ci interviendra en février prochain avec l’adoption définitive de ce Schéma. « Il s’agit là d’une feuille de route pour tous les acteurs », lança Jean-François Carenco, préfet qui se propose d’ouvrir la concertation « de manière sérieuse et non polémique ». Un message qui devrait être entendu, même si quelques petits frottements se firent sentir de la part de groupes politiques qui tinrent à mettre en avant quelques incohérences nichées ici ou là dans ce Schéma, mais sans le remettre en cause. La concertation continue…

Photo (DR) : Le barrage de Reventin-Vaugris, appartenant à la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) devrait voir sa production hydraulique chuter de 30 % cette année, suite à la sécheresse.