Toute l’actualité Lyon Entreprises

« Si on continue comme cela, on va s’offrir une belle crise du logement dans cinq ans… »

Pour Jean Chavot, président de la Fnaim pour le Rhône, la faiblesse de la construction neuve est en train de préparer une crise prochaine. Pour l’instant, elle est masquée par des stocks de logements encore importants dans l’ancien, à Lyon et dans le Rhône qui permettent un bon niveau de transactions. Mais pour combien de temps ? Entretien.

 Quelle est le niveau du marché dans le Rhône pour l’ancien ?

 Pour l’instant on arrive à un certain équilibre. Certes, à Lyon, nous avons des vendeurs qui sont restés dans des schémas anciens et qui demandent des prix qui ne sont plus celui du marché. Et en face, nous avons des acquéreurs qui deviennent de plus en plus exigeants.

 Résultat : il faut faire œuvre de pédagogie, mais non sans mal, globalement, on y arrive.

 Les prix justement, ont-ils baissé ?

 Je dois reconnaître que l’on s’attendait à une poursuite de la baisse en 2014. A l’arrivée, c’est plus proche de la stabilité. Pour l’ensemble du département du Rhône, la baisse est de 0,7 % à 2 970 euros du m2.

 A Lyon nous avons une petite hausse de 1 %, ce qui nous fait un prix moyen au mètre carré de 3 431 euros.

 Pourquoi cette quasi-stabilité ?

 Les volumes ont rendu le marché attractif. Ces volumes importants sont dûs au fait que nous avons à Lyon et dans le Rhône la chance d’avoir des stocks de logements encore importants. Ainsi, au premier semestre 2014, nous avons, avec 18 879 transactions au compteur, enregistré une hausse de 2,6 %.

 Mais il existe aussi une seconde raison…

 Laquelle ?

 Elle tient aux taux d’intérêts proposés aux acquéreurs de logements, jamais aussi bas : 2,60 % en moyenne. Ce qui fait qu’avec la stabilité des prix et ces taux d’intérêt bas, l’acquéreur peut acheter des appartements plus grands de 8 m 2 avec le même investissement.

 La situation est-elle homogène partout dans le Rhône ?

 Non, car nous vivons une situation paradoxale : si l’ensemble du marché Lyon intra-muros reste porteur, dès que l’on s’éloigne du centre-ville, les résultats sont tout-à-fait différents. J’ai à l’extérieur de Lyon des confrères qui souffrent.

 Dans les communes de la couronne lyonnaise, il existe des biens à vendre et des acquéreurs potentiels, mais on ne parvient pas, là, à faire le lien entre les deux.

 Et quid des loyers ?

 Ils sont clairement orientés à la baisse : – 2,4 % au cours des douze derniers mois, s’établissant à 11,42 euros le m2 en moyenne. Ce sont les propriétaires-bailleurs que le gouvernement doit rassurer en premier !

 Pensez-vous justement que les mesures prises par le gouvernement Valls qui a détricoté pour partie les dispositions Duflot vont dans le bon sens ?

 Oui, nous sommes heureux des mesures prises par le gouvernement. Ce qui perturbe le marché c’est le manque de visibilité et là on en redonne.

Le zonage des villes pour le contrôle des loyers est une mauvaise chose car partout où il a été appliqué, la première conséquence a été…une hausse des prix !

 Il n’y aura pas de contrôle des loyers à Lyon et c’est une excellent décision. Gérard Collomb a fait le bon choix en refusant ce dispositif. A Grenoble où la nouvelle municipalité a demandé à l’expérimenter, cela risque d’être totalement contre-productif. Il faut savoir que dans cette ville, le taux de vacance est très important : près de 8 % ! Cela signifie que les investisseurs vont tous partir…

 Comment voyez-vous 2015 ?

 C’est très difficile à dire : dans ma boule de cristal je ne vois qu’une chose : le marché redémarrera si l’on redonne confiance aux Français.

 Dans le Rhône, il y aura encore des stocks de logements importants. Ça devrait donc aller.

 Pour la suite, on peut avoir les plus grandes craintes.

 Pourquoi ?

 Parce que l’on a commencé à ne plus construire, ou plutôt à construire beaucoup moins à partir de 2013. Ça a continué en 2014 puisque l’on devrait tomber à 300 000 logements neufs construits alors qu’il en faudrait 500 000 pour répondre aux besoins. Cette année, la chute de la construction neuve s’établit encore à 27 % !

 Cela signifie que les répercussions se feront ressentir en 2018. D’ici quatre à cinq ans, on va donc s’offrir une belle crise du logement.

 On peut la limiter si on réagit rapidement et si l’on relance la construction neuve, mais il faudrait le faire sans attendre !