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Surfant sur l’individualisation des traitements radiothérapeutiques : la start-up lyonnaise Neolys Diagnostics lève 800 000 euros

Un objectif de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici quatre ans, une pluie de récompenses et de trophées, malgré son jeune âge : la start-up lyonnaise Neolys Diagnostics s’affirme comme très prometteuse. Son approche pourrait même diminuer les coûts de la Sécu dans le domaine des radiothérapies anti-cancéreuses que subissent chaque année 5 millions de patients en Europe et aux USA.

Le problème est sur la place publique depuis le drame d’Epinal qui a connu une sur-irradiation de 20 % à 30 % subie par les patients, dans le cadre d’un traitement contre le cancer de la prostate. Si un trop grand nombre de patients sont morts, d’autres, malgré cette surdose ont été guéris. D’autres encore ont subi des symptômes divers.

 La médecine et le droit l’avaient oublié : nous ne sommes pas égaux devant les radiothérapies, alors qu’actuellement chacun subit la même dose. Une commission au niveau national travaille d’ailleurs pour changer cet état de fait.

 Pour mettre en œuvre une médecine plus efficace, il faut personnaliser chaque traitement radio-thérapeutique contre le cancer. Et ça concerne beaucoup de monde : près de 5 millions d’Européens et d’Américains subissent chaque année un tel traitement pour lutter contre le cancer qu’ils ont développé !

 On sait ainsi qu’en France, chaque année, 30 à 40 % des patients ne connaissent pas la dose adéquate !

 C’est sur ce marché de l’individualisation des traitements que la start-up lyonnaise, Neolys Diagnostics, installée au sein même du centre Léon Bérard à Lyon, entend se développer.

 Un certain nombre d’équipes y songent à travers le monde et il se trouve que cette société dirigée par Gilles Devillers, possède en la matière une large avance internationale qui se traduit par six brevets.

 Dix ans de travaux préalables du centre de radiobiologie lyonnais de l’Inserm

 Fondée en 2014 et s’appuyant sur des travaux du groupe de radiobiologie de l’Inserm, cette start-up a développé un test de radiosensibilité qui « constitue un véritable outil d’aide à la décision pour les radiothérapeutes », explique le président de la société.

 Derrière cette start-up, on retrouve dix années de recherches en radiobiologie développées à Lyon : un long travail auxquels ont participé pas moins de soixante-trois praticiens et vingt-trois centres anti-cancer et CHU français.

 Cette technologie encore inédite répond à une demande grandissante des praticiens : elle leur permet de déterminer la dose optimale de radiation permettant de détruire efficacement les cellules cancéreuses, sans léser les tissus sains.

 Jusqu’à présent, ces praticiens ne disposaient d’aucun outil permettant d’évaluer la radiosensibilité des patients.

 Le bénéfice d’une telle technologie est considérable : pour les patients, d’abord, bien évidemment, car un traitement plus efficace induit une réduction d’effets secondaires et une amélioration de leur qualité de vie.

 La Sécu devrait s’y retrouver largement

 Mais la Sécu devrait aussi s’y retrouver, car elle n’aura pas à prendre en compte justement les effets secondaires qui peuvent être très invalidants et fort coûteux à soigner.

 L’ambition des créateurs de Néolys Diagnostics est tout simplement «  de devenir le leader mondial de la radiothérapie personnalisée en établissant le standard biologique de radiosensibilité », explique son président, à la fois docteur en pharmacie et diplômé d’EMLyon (MBA).

 La start-up propose ainsi deux tests pratiqués à partir d’une biopsie des patients.

 Le premier se propose de prouver si oui ou non le patient fait partie des 60 % de malades aptes à subir les doses communes.

 Le second, beaucoup plus fouillé, permet de qualifier très précisément le niveau de radiosensibilité des 40 % de patients restants.

 Récompensés en quelques années seulement par neuf prix et concours (Novacité, BigBooster 2015, coup de cœur du concours Tremplin Sénat, etc), les dirigeants de Neolys visent un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2021 (8 millions en 2020).

 Une success story en devenir

 Mais pour y parvenir, les dirigeants de cette entreprises de huit salariés ont besoin de capitaux pour développer et tester leur concept.

 Ils viennent ainsi de lever 800 000 euros auprès de trois partenaires : le réseau des Business Angels de la Santé de Rhône-Alpes (Healtth Angels Rhône-Alpes) ; mais aussi de Pulsalys, la SATT Lyon-Saint-Etienne (Société d’Accélération de Transfert Technologique) ; mais encore de la plateforme de crowdfunding Wiseed. Celle-ci a réussi à mobiliser sur ce projet pas moins de 346 investisseurs qui ont mis au pot un ticket moyen de 2 500 euros…

 La première véritable étape de ce qui s’annonce comme une belle success story en devenir, va prochainement intervenir : l’obtention du marquage CE, l’équivalent d’une autorisation de mise sur le marché.

 La commercialisation des tests prédictifs de radiosensibilité pourra alors commencer. Dès 2017.