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Technologie de rupture : Isorg lève à Grenoble 15 millions d’euros et vise cent embauches

Est-on en train d’assister à la naissance à Grenoble d’un futur grand des semi-conducteurs ? S’appuyant sur 50 brevets du CEA-Liten, cette société dirigée par trois capitaines d’industrie est la seule pour l’instant à développer des semi-conducteurs sur films souples ou sur du verre. Axées sur l’industrie, et la santé, mais aussi le grand public, ses applications sont nombreuses. Bénéficiant d’un financement du Grand Emprunt, la start-up s’apprête à construire sur plus de 1 000 m2 sa première unité de production.

L’enquête sur l’entrepreneuriat que nous évoquons cette semaine (voir édito) montre que les chercheurs issus de la recherche publique ne sont apparememnt pas toujours les meilleurs dirigeants d’entreprise susceptibles de transformer une start-up en nouveau Google ou Yahoo.

En revanche l’exploitation de brevets publics par des capitaines d’industrie déjà bien aguerris pourrait offrir, en termes de créations d’emplois plus de perspectives.

Tel est en tout cas le schéma choisi, dans un cadre proche du modèle américain, par trois capitaines d’industrie, Jean-Yves Gomez et Laurent Jamet, isssu de St-Microelectronics et d’Emmanuel Guerineau qui a son actif la direction d’une PME (*).

Tous trois ont frappé à la porte du CEA-Liten à Grenoble qui avait sur ses étagères des brevets révolutionnaires (une cinquantaine) susceptibles de développer des technologies de rupture en matière de semi-conducteurs, leur permettant d’être imprimés sur des films souples, voire sur du verre.

Créée en mai 2010, leur entreprise baptisée Isorg, installée pour l’heure au sein du CEA à Grenoble s’est donné pour objet de transformer le plastique et le verre en surfaces intelligentes capables de vision.

Un marché très vaste : industriel, mais aussi grand public

Un vaste marché qui s’adresse aussi bien à l’imagerie numérique pour la santé, via de grandes surfaces de « scanning », par exemple, aux systèmes intelligents pour l’industrie, au packaging, en passant par l’électronique grand public ou la logistique via la création de « surfaces intelligentes ». Des accords ont d’ores et déjà été signés avec un grand industriel de l’imagerie médicale en Europe.

Toute dernière innovation en date : la société grenobloise vient de sortir le premier capteur d’image sur plastique au monde.

« Des accords sont en cours avec un grand fabricant mondial asiatique de téléphonie et d’électronique pour les applications grand public : l’objectif est de développer des écrans interactifs », assure Laurent Jamet, un des trois co-dirigeants de la société.

Le développement est si rapide et si prometteur que le trio de dirigeants entend mettre les bouchées doubles et voit l’avenir en grand.

Quinze millions d’euros levés cet été

Les trois co-créateurs d’Isorg sont ainsi en discussion avec des fonds d’investissement et des investisseurs pour lever au cours de cet été 15 millions d’euros. Parmi ceux-ci : la filiale d’investissement du CEA.

Le premier objectif de la société est de construire une ligne de production sur la nouvelle zone d’activités technologiques de Sassenage “Vet’Innov » (Village d’entreprises technologiques innovantes) qui se veut en quelque sorte la-célèbre- ZIRST de Meylan du 21ème siècle.

Nous serons les premiers locataires de cette pépinière de PME-explique Laurent Jamet, l’un des trois co-dirigeants-.Nous devrions nous y installer d’ici la fin de l’année 2014 dans deux bâtiments loués, sur 2 000 m² de bureaux et 1 000 m² de salle blanche, de classe 10 000. » 

Le programme de Recherche&Développement continuera sur la plateforme Pictic qui a permis d’édifier le pilote, sur le site du CEA Grenoble, tandis que la partie industrielle et la production de volume s’effectuera à Sassenage.

Le démarrage industriel est prévu début 2015 avec pour objectif, au cours des trois années à venir, d’atteindre une capacité de production annuelle d’un million de feuilles souples d’électronique imprimée soit près de 250 000 m². Ce qui représenterait, si ces objectifs sont atteints entre 200 à 250 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Une aide de 11 Millions d’euros du Grand Emprunt

Cette start-up a été distinguée par le Grand Emprunt qui financera, grâce à un montage complexe, l’investissement de cette ligne de fabrication à hauteur de 11 millions d’euros.

«Cela nous permettra de moins lever d’argent lors de notre tour de table, nous offrant la possibilité d’investir dans notre développement commercial, la R&D et les applications clients, notamment », précise Laurent Jamet.

Le marché d’Isorg est mondial. Un bureau commercial de deux personnes a d’ores et déjà été créé à Hong-Kong, un autre devrait l’être au début de l’année prochaine, aux USA.

Ce développement annoncé nécessitera de nombreuses embauches : des emplois de production, des ingénieurs test, pour le développement, les applications, etc. L’entreprise qui rassemble pour l’heure dix-huit salariés devrait atteindre un effectif d’une centaine de personnes en 2015, si son plan de marche est respecté. Et tout laisse à penser pour l’heure, qu’il le sera

(*) Répartition du capital : 75 % pour les trois fondateurs : Jean-Yves Gomez, Laurent Jamet et Emmanuel Guérineau., 25 % pour deux fonds d’investissement qui ne participent pas à la levée de fonds en cours.

Illustration (DR« L’e.Magic Pad » d’Isorg : démonstrateur technologique illustre les différentes applications de la technologie développée par Isorg pour l’industrie, le médical, l’électronique grand public, l’électroménager, le bâtiment intelligent et l’automobile. Son but : démontrer les fonctionnalités de captures d’image de grande surface, de navigation 3D de contenus multimédias et de reconnaissance de gestes de la main.