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Thierry Rota, Pdg de l’ancien star boursière déchue Tekka, sévèrement épinglé par le gendarme de la Bourse

A la surprise générale, la société lyonnaise Tekka, une PME météore qui en l’espace de quelques années était devenue le n°2 des implants médicaux, avait été mise en redressement judiciaire le 10 mai 2012. Et ce, alors qu’elle avait été introduite en Bourse en février 2011 ! L’AMF vient de la sanctionner. Une amende de 150 000 euros pour son ex-Pdg et 250 000 pour Tekka Group et une autre de 200 000 euros pour la banque introductrice.

En février 2011, Thierry Rota, un entrepreneur lyonnais aux anges introduisait sa société sur le compartiment des valeurs de croissance : Alternext.

 Une arrivée alors d’autant plus remarquée qu’il s’agissait de la première introduction en Bourse dans la région Rhône-Alpes, depuis la crise de 2008 !

Un passage boursier météore puisque près d’un an plus tard, en mai 2012, l’entreprise déposait son bilan.

Son Pdg n’en avait pourtant pas fini avec les ennuis puisque trois ans plus tard l’entreprise vient d’être épinglée par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers), le gendarme de la Bourse.

Celle-ci vient de lui infliger une lourde amende-150 000 euros- pour avoir tardé à informer les investisseurs de la dégradation de ses résultats.

A l’encontre de la société, elle a retenu le manquement relatif à la communication tardive d’une information privilégiée. Elle a, selon elle, tardé à informer les marchés de la dégradation des résultats annuels. Tekka connaissait ce problème dès le 17 juin alors que les investisseurs n’en ont été avertis… que plus d’un mois plus tard.

 L’accueil des investisseurs lors de cette introduction en Bourse n’avait pas été enthousiaste : espérant récolter de 15 à 17 millions d’euros, la société ne réussissait à lever que… 11 millions.

Une demi-réussite qui avait été alors attribuée au fait qu’elle avait été la première entreprise à oser revenir sur la cote. En fait déjà un certain nombre d’investisseurs s’interrogeait.

La Banque accompagnatrice, elle aussi, épinglée

Le Pdg de Tekka n’est pas la seul à avoir été épinglé. La banque d’affaires Bryan Garnier qui avait été l’accompagnateur de l’entreprise lyonnaise sur le marché boursier a, de son côté, dû débourser 200 000 euros d’amende pour « manquement à ses obligations professionnelles ». En clair, elle n’aurait pas dû conseiller à son client d’aller en Bourse connaissant les conditions du moment.

 Son Pdg, Olivier Garnier a été, lui aussi, sanctionné et a dû payer 20 000 euros d’amende.

 L’opération aurait pu lui coûter plus cher encore : le représentant du Collège de l’AMF avait réclamé lors des auditions des enquêteurs de l’AMF, une amende de 300 000 euros, assortie d’un blâme, à l’encontre de Bryan Garnier.

 Selon notre confrère l’Agefi, les conditions même de cette opération en Bourse ont été pour une part à l’origine de la déconfiture de Tekka.

 En effet, lors de cette IPO, « les ordres d’achats collectés auprès des investisseurs étaient insuffisants pour couvrir 75 % de l’offre, seuil de réussite de l’IPO et donc de perception des 4 % de commission du listing sponsor, en l’occurrence la Banque Bryan Garnier. Au dernier moment, un ordre de 1,5 million d’euros passé par Mont-Blanc Gestion contre une rémunération de 2 % permet d’atteindre les 75 % fatidiques. Le bloc sera racheté dès les premières heures de cotation de Tekka via le contrat de liquidité mis en œuvre par la société, au point de représenter 90 % de sa capacité d’intervention. »

 « L’opération a privé Tekka d’une partie des liquidités dont elle aurait eu besoin » 

 Or, selon le rapporteur de l’AMF, qui reconnaît que cette introduction n’est pas à l’origine de la liquidation de la société, cette «opération a privé Tekka d’une partie des liquidités dont elle aurait eu besoin»

 Cet épilogue est d’autant plus regrettable que Tekka, avait connu, avant son introduction en Bourse, depuis une dizaine d’années, une croissance de près de 55 % par an, en moyenne.

En fait, cette entreprise, bien installée dans le secteur de la santé dentaire a voulu répondre trop rapidement, sans avoir les fonds propres nécessaires, à un marché qui caracole au rythme de 10 % l’an : il était alors estimé au niveau mondial à 1,5 milliard d’euros.

Grâce à ce rythme, l’entreprise avait réussi à se hisser parmi les leaders de son secteur : elle était devenue le n°2 des implants médicaux en France et le n°1 des produits destinés à être utilisés par les chirurgiens-dentistes.

C’est cette croissance TGV qui avait été la cause des déboires de Tekka, selon les déclarations alors de son Pdg, Thierry Rota : « Nous avions déjà consommé la totalité de l’argent levé lors de l’introduction en Bourse. Et lorsque nous nous sommes tournés vers les banques, aucune n’a voulu nous accompagner. »

Une introduction en Bourse que Thierry Rota paie aujourd’hui cash.