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Tunnel Lyon-Turin : signé, mais les risques de « dérapage » subsistent…

Le protocole d’accord additionnel signé à Venise par François Hollande et Matteo Renzi permet de lancer les appels d’offres des travaux du tunnel Lyon-Turin. Les financements européens devraient être débloqués. Pour autant, le lobby pro-tunnel qu’est le Comité la Transalpine veut rester prudent et vigilant…

Faut-il lancer des hourras et enfin sabler le champagne pour fêter le véritable lancement des travaux du tunnel de Lyon-Turin ?

 Tout pourrait porter à le croire, avec la signature lors du dernier Sommet franco-italien, du protocole d’accord additionnel de 8,4 milliards d’euros.

 Et tout laisse à penser que le lancement de la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin voit enfin le bout du tunnel.

 Pas si simple en fait. Il faut d’abord se remémorer que l’accord initial avait été signé en… 2001 !

 Habitué aux lenteurs et aux revirements, le Comité de la Transalpine, le puissant instrument de lobbying en faveur du tunnel présidé par le Franck Riboud, le Pdg de Danone, fait preuve d’une grande prudence à l’issue de la signature de ce nouveau protocole d’accord.

 Certes pour lui, deux phases clés ont été actées à Venise : l’Installation de la TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin) en charge de la construction et de l’exploitation de la section sur les deux pays.

 Et c’est vrai aussi que cet accord permet à la fois le lancement des travaux et la demande de cofinancement européen (40 % du coût total, pratiquement acquise).

 Alors quoi ?

 Pour François Lépine, vice-président délégué du Comité pour la Transalpine, « Nous restons lucides et particulièrement vigilants car les risques de dérapage sont réels. »

 Et de préciser ceux-ci : « Il est nécessaire que l’accord bilatéral soit ratifié par le Parlement d’ici fin 2016. Or, cette ratification n’est pas encore programmée ! »

 Et l’eurovignette alpine ?

 Autre crainte : « Il est également impératif que les mesures législatives et réglementaires préalables à la création d’ l’Eurovignette alpine soient très rapidement adoptées pour que les mesures financières spécifiques au financement de la part française du Lyon-Turin, soient effectivement intégrées à la loi de Finance 2017. » Là encore, ça traine.

 Cette vignette qui frappera tous les poids-lourds traversant les Alpes côté français est destinée à participer de manière importante au financement du tunnel : à hauteur de 40 millions d’euros par an, pendant si nécessaire soixante ans.

 Bref, pour François Lépine, pas question de faire sauter les bouchons de champagne. Pour lui, « Il faut éviter tout dérapage de calendrier… »

 Il ne faut pas oublier que ce gigantesque chantier est censé être terminé en 2028/2029.

 Les appels d’offres vont être lancés

 Les appels d’offres pour les travaux vont désormais pouvoir être engagés dans le courant de l’année et les financements européens, en principe débloqués.

 Autre décision prise à Venise : lesdits appels d’offres se feront d’après les normes antimafia de la législation italienne « pour éviter qu’une entreprise exclue sur un des versants ne réapparaisse sur l’autre », a précisé Paolo Foietta, commissaire du gouvernement italien chargé du Lyon-Turin.

 « C’est le premier accord européen pour des normes anti-corruption sur une base transnationale », a ajouté Mario Virano, directeur général de TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin).

 Oû en est-on ?

 Petit point sur les travaux déjà réalisés. Car si le tunnel proprement dit n’a toujours pas été percé, neuf kilomètres de galeries d’accès au futur tunnel ont déjà été réalisés sur le versant français entre 2002 et 2010.

 Côté italien, la galerie de reconnaissance de la Maddalena, sur la commune de Chiomonte, en val de Suse, est en cours de percement, 4 500 mètres sur les 7 500 mètres ayant été creusés.

 Le Lyon-Turin est censé entrer en service en 2028-2029. Si les craintes du Comité de la Transalpine sont levées, ce serait un joli coup de booster le BTP régional. A un moment où il en a bien besoin…