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« Un vrai regain d’intérêt pour l’export de la part des PME de Rhône-Alpes »

Véritable baromètre de l’export en Rhône-Alpes, le salon Classe-Export a fermé ses portes mercredi 30 novembre. Il a connu une affluence supérieure de 10 % à celle de l’année précédente, tandis que l’embauche d’une centaine d’emplois de VIE (Volontariat International en Entreprise) ou de cadres spécialisés pour PME, s’est scellée sur les stands. Les patrons de PME, voire de TPE ont bien conscience que l’international constitue aujourd’hui l’une des rares opportunités de développement qui subsiste pour leur entreprise. Bilan avec Marc Hoffmeister, l’organisateur de ce salon.

Lyon-entreprises-Le salon Classe-Export qui comme chaque année s’est déroulé à Lyon-Eurexpo, a donné l’impression d’être plus resserré que les années précédentes, d’avoir attiré moins d’exposants. Un effet de la crise ?

Marc Hoffmeister-L’impression est exacte, mais la réalité est autre. Nous avons eu en réalité autant d’exposants que les autres années, mais ceux-ci étaient souvent rassemblés. Ainsi, par exemple, les différents organismes chargés de l’export qui étaient auparavant dispersés sur différents stands, étaient pour la première fois regroupés sur un grand stand unique, ce qui a pour effet mécanique de diminuer le nombre de mètres carrés. Mais c’est une très bonne chose pour la Région de voir enfin tous les acteurs travailler ensemble. Cela fait suite à la signature d’une charte de l’export entre tous les partenaires à l’international de la région. C’est à la fois inespéré et très heureux.

Autant d’exposants donc, mais quid des visiteurs, qui traditionnellement sont composés de représentants de PME et de TPE ?

Nous avons enregistré très précisément 4 870 visiteurs cette année, contre 4 300 l’année dernière, soit une augmentation de l’ordre de 10 %. Ce regain d’intérêt pour l’export s’explique. Les patrons de PME, les cadres export cherchent des solutions pour développer leur chiffre d’affaires, leur croissance, et l’international est une des rares opportunités qui subsistent encore.

Vers quels pays les regards des primo-exportateurs ou des entreprises plus aguerries dans ce domaine s’est-il porté ?

A coup sûr, pas vers l’Europe du Sud dont on sait qu’elle va continuer à souffrir l’année prochaine. L’intérêt s’est particulièrement focalisé cette année vers les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), les pays de l’Est et les pays arabes.

Si la demande s’est naturellement focalisée sur les pays les plus proches comme l’Allemagne, nous avons aussi noté un regain d’intérêt vers l’Amérique du Nord (+ 12 %) et vers l’Asie (+ 20 %). Même la Russie revient en grâce. Surtout depuis que François David, le patron de la Coface, l’assureur crédit des entreprises exportatrices, est devenu nettement plus confiant dans ce pays.

A propos des pays arabes, la Tunisie était comme l’année dernière l’invitée privilégiée du salon. Les suites du printemps arabe font-elles toujours peur ?

En fait non, la situation est en train de se stabiliser. On sait que l’année prochaine, la croissance sera revenue dans ce pays. Elle devrait être de l’ordre de 2 à 3 %, comme au Maroc d’ailleurs. Les chefs d’entreprise ont pris conscience qu’il fallait y être d’ores et déjà présents pour bénéficier de cette reprise, favorisée par ailleurs par le retour de la stabilité en Libye avec qui la Tunisie possède une grande frontière et qui est un pays potentiellement riche.

Le salon a accueilli aussi un autre invité d’honneur, le Québec. Une opportunité, là aussi ?

Absolument et cela se sait peu. Le Québec qui a l’avantage de commercer beaucoup avec les Etats-Unis- 3 % de croissance l’année prochaine- est aussi en train de réaliser d’énormes investissements, de l’ordre de 80 milliards d’euros pour développer ses provinces du Nord. Il s’agit là d’une belle opportunité pour nos PME.

L’objectif n’est pas bien sûr d’emporter des méga-contrats comme ceux de la construction de barrages, mais d’accompagner les grandes entreprises en tant que sous-traitants. Si elles sont suffisamment accrocheuses, les PME de la région peuvent bénéficier de 7 à 8 % de ce marché. Elles possèdent de belles technologies. Or, c’est ce dont le Québec a justement besoin. Pour preuve : trois cents PME ont rencontré sur le salon les concepteurs de ces projets d’investissement. Un vrai succès !

Le salon a également été marqué par des « speed-dating » consacrés aux métiers de l’export. Quelle a été la tendance ?

Très encourageante car le salon a permis d’opérer une centaine d’embauches, à la fois de VIE (Volontariat International en Entreprise), mais aussi de cadres export dans les PME, ce qui constitue un signe supplémentaire du regain d’intérêt des PME pour l’international.

Alors comment peut-on expliquer que le solde commercial de Rhône-Alpes soit dans le rouge au premier semestre 2011 si les PME renforcent leurs capacités exportatrices ?

Il faut regarder les chiffres de près. En fait au cours de ce semestre, les exportations ont connu une croissance de 16 %. Je ne connais pas beaucoup de secteurs de l’économie qui aient bénéficié une telle progression. Mais dans le même temps, les importations explosaient de 24 % ! Il s’agit malheureusement là de l’illustration de notre désindustrialisation. Les entreprises ont beaucoup investi en début d’année, et sont allées chercher en Allemagne, en Italie ou ailleurs les biens d’équipements que nous ne fabriquons malheureusement plus !

Photo (DL) : Le salon 2011 de Classe-Export à Lyon-Eurexpo. A gauche, l’équipe Rhône-Alpes des acteurs de l’export regroupés pour la première fois.