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Une nouvelle appellation viticole fermente sur les côteaux viennois : elle devrait voir le jour d’ici trois ans

Treize viticulteurs ont peu à peu investi les côteaux de la rive gauche du Rhône, au nord de Vienne en Isère pour y planter les cépages syrah et viognier, prédominants sur la rive droite. La qualité du terroir, l’ensoleillement ont fait le reste : la trentaine d’hectares déjà plantés produit des vins de grande qualité qui se vendent dans le monde entier. Ce ne sont pourtant que des vins de table, mais ils sont vendus au prix du côte-rôtie pour certain, du saint-joseph pour d’autres. Une association s’est créée pour que ce nouveau terroir passe en appellation. Son président, Stéphane Ogier, 36 ans, l’espère d’ici trois ans. Interview.

 Vous êtes président de l’association « Vitis Vienna » qui regroupe les treize viticulteurs ayant planté de la vigne sur les côteaux de la rive gauche du Rhône, à Vienne, Seyssuel et Chasse-sur-Rhône. Pourquoi ce regroupement ?

 Stéphane Ogier– Cela fait quinze ans désormais que ce nouveau vignoble a vu le jour, à l’initiative de viticulteurs de Côte-Rôtie. Depuis les plantations se sont multipliées puisque nous sommes désormais treize viticulteurs et d’ailleurs prochainement quatorze puisqu’une viticultrice, Sophie Eymin s’apprête à planter trois hectares sur des terrains appartenant à sa famille. L’un des buts de cette association à laquelle tous les viticulteurs ont adhéré est notamment d’aider les jeunes qui veulent s’installer.

 Il reste donc encore de la superficie à conquérir, des friches à planter ?

 Absolument. Pour l’heure, une trentaine d’hectares a été plantée, majoritairement avec du cépage syrah, celui du saint-joseph et du côte-rôtie mais aussi du viognier, le cépage du condrieu. D’après nos estimations, sur les côteaux situés sur le territoire des trois communes de Vienne, Seyssuel et Chasse-sur-Rhône, il serait possible de développer près de 80 hectares de vignes. Il existe donc un fort potentiel de développement.

 Sachez qu’il y a un siècle, près de cent-cinquante hectares étaient plantés sur ces côteaux et sans doute autant, voire plus à l’époque romaine comme en témoignent les vieux ceps de vigne que l’on a retrouvé sur ce site en défrichant.

 Pourtant, vous vous heurtez à des difficultés d’ordre écologique pour développer ce nouveau terroir viticole, non ?

 Oui, nous nous heurtons à des écologistes plutôt rigoristes qui veulent qu’un arrêté de biotope soit instauré sur une partie des coteaux où la vigne est plantée, et ce, au prétexte de protéger une fleur, la gagée des rochers. Le dossier est dans les mains du sous-préfet de Vienne : l’administration doit trancher d’ici la fin de l’année.

 Quels autres objectifs votre association s’est-elle donnée ?

 De maintenir un haut degré de qualité au sein de ce nouveau terroir : qu’on n’y plante pas n’importe quoi, n’importe comment. Ce n’est pas le cas, mais il existe évidemment un risque puisque pour l’heure aucune réglementation n’est instaurée.

 C’est la raison pour laquelle nous entendons demander notre classement en AOC, en appellation d’origine contrôlée qui impliquerait des règles strictes défendant la qualité de notre terroir qui pour l’heure n’est classé qu’en vin de table ! Cela ne l’empêche pas par ailleurs de se vendre dans le monde entier.

 Où en est ce dossier ?

 Nous avons commencé à rencontrer et à travailler avec les représentants rhônalpins de l’INA0, l’Institut National des Appellations d’Origine Contrôlée. Ils ont estimé que notre dossier était valable et que l’on pouvait passer à la vitesse supérieure, c’est-à-dire à la constitution d’un dossier national.

 Quand pensez-vous devenir enfin une appellation viticole d’origine contrôlée ?

Dans le meilleur des cas, le processus devrait prendre trois bonnes années. Pour monter le dossier et nous accompagner, nous avons fait appel à un « thésard », issu de Sciences Po Lyon : Marcellin Florian. Il va nous accompagner pendant ces trois années, tout en rédigeant sa thése sur « le renouveau des vignobles de Seyssuel ». Nous entendons nous appuyer beaucoup sur l’histoire car si ce vignoble voit à nouveau le jour depuis une quinzaine d’année, le terroir a en fait un passé vieux de plus de deux mille ans que nous avons réussi à faire renaître !

(*) Les treize viticulteurs installés sur les côteaux de la rive gauche du Rhône au nord de Vienne et appartenant à l’association « Vitis Vienna » : Vignobles Hervé Avallet, Domaine Christophe Billon, Michel Chapoutier, Cave Yves Cuilleron, Domaine Pierre Gaillard, M&S Ogier d’Ampuis, Domaine Julien Pilon, Domaine des Sérines d’Or, Domaine de Seyssuel A. Paret, les Vignobles de Seyssuel, Domaine Pierre-Jean Villa, Domaine François Villard et les « Vins de Vienne ».

Photo-Stéphane Ogier, président de l’association « Vitis Vienna », regroupement de treize viticulteurs.