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Yves Rioton: « Séminaires : les entreprises veulent de la nouveauté »

Forfaitisation des offres, tarifs en baisse, optimisation des budgets… Dans un contexte de crise, le marché du séminaire d’entreprise cherche son second souffle. L’analyse d’Yves Rioton, fondateur et organisateur du salon Séminaires Business Events.

Comment se porte le marché du séminaire en Rhône-Alpes ?

Il est toujours un peu morose. La plupart des établissements susceptibles d’accueillir ces événements ont eu un premier semestre difficile.

On constate une désaffection du séminaire résidentiel sur plusieurs jours au profit de la journée d’étude. Autre constat inquiétant, le marché trouve généralement son second souffle en fin d’année car les entreprises conservent une queue de budget communication à dépenser pour des réunions ou des séminaires.

Or, cette fois, on ne ressent pas de vraie relance, ce qui est assez pénalisant pour les opérateurs du secteur. Heureusement, l’accueil des congrès sur la région lyonnaise donne une petite bouffée d’oxygène à certains hôtels ou restaurants mais le contexte reste quand même morose.

 Quelles sont les grandes tendance du secteur ?

L’entreprise est plus que jamais à la recherche de nouveautés. Dès qu’un nouveau site d’accueil de séminaires apparaît sur le marché, il connait un certain engouement favorisé par le bouche-à-oreille. C’est le cas, par exemple, du bateau Bellona à la Confluence.

Dans ce quartier, l’inauguration prochaine du Musée de la Confluence devrait aussi séduire les entreprises avec une offre originale. Bref, en période de crise, le phénomène nouveauté est un élément déterminant car c’est le premier message transmis par les entreprises à leurs salariés.

Il s’agit de leur faire plaisir, de les surprendre, avec un lieu inédit ou décalé. Ce choix prioritaire du site se fait malheureusement dans de nombreux cas au détriment d’autres prestations annexes et du nombre de participants, en net recul.

Ce souci de rationalisation budgétaire se ressent-il aussi dans le positionnement géographique des séminaires ?

Oui, évidemment. L’heure n’est plus aux grands voyages en train ou en avion, aux séjours de trois ou quatre jours en France ou à l’étranger. Aujourd’hui, l’entreprise se recentre sur sa région. 80% des événements sont organisés dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres, en tout cas à moins de deux heures de voiture.

 Avec cette nouvelle donne, la restauration a-t-elle un « coup » à jouer ?

Oui, sous réserve de proposer une offre en phase avec les nouvelles contraintes budgétaires des sociétés.

Pour ne pas dépasser son enveloppe, une entreprise n’hésitera pas à faire des économies sur la partie restauration en remplaçant par exemple le menu classique par un buffet ou un cocktail dînatoire. D’autres parviennent à grignoter quelques euros sur le repas en supprimant l’entrée ou le fromage. Tous les moyens sont bons pour faire des économies.

Les restaurateurs lyonnais n’ont donc pas d’autres choix que revoir leur copie à la baisse ?

Oui, ils doivent surtout proposer une offre décalée, faire preuve d’imagination et de réactivité pour s’adapter au contexte.

Ainsi, la formule du « tout-compris » est en vogue pour les journées d’études, avec un package incluant location de la salle, pauses du matin et de l’après-midi, et déjeuner à des tarifs de plus en plus abordables.

Psychologiquement, pour être attractif, ce package doit être proposé entre 70 et 85 euros maximum. Certains établissements du Grand Lyon commercialisent même leurs journée d’études à des prix inférieurs.

 Plus que jamais, les restaurants doivent donc innover, lancer de nouveaux concepts, pour rester compétitifs ?

Exact. Parmi les concepts à la mode, il y a le séminaire autour du vin et de l’œnologie, avec dégustation et initiation. Le Burgundy Lounge, en centre-ville, par exemple, joue cette carte.

Les cours et ateliers de cuisine ont aussi toujours le vent en poupe, de même que l’I-Way (Ndlr: centre de simulation de courses auto) à Vaise et les circuits gastronomiques dans le Vieux-Lyon.

Des établissements un peu branchés comme Pléthore et Balthazar ou le Comptoir de la Bourse sont également assez sollicités. Mais d’autres établissements beaucoup plus traditionnels comme les brasseries de Bocuse conservent aussi leurs inconditionnels.

 En résumé, le prix reste un élément déterminant dans le choix des entreprises ?

Plus que jamais. C’est même un peu affolant. L’entreprise va à l’essentiel, ne conserve que les postes principaux, la salle, la qualité du lieu et les repas, mais rogne sur tout le superflu pour gagner 1 000 ou 1 500 euros. Ce sera sans doute le cas jusqu’à la reprise…