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Recherche et innovation : Rhône-Alpes se dote d’une feuille de route, mais il faudra impérativement frapper à la porte de Bruxelles

En cette période de financements plus rares et pour éviter une dispersion coûteuse, la région Rhône-Alpes vient de se doter d’une stratégie beaucoup plus précise qu’auparavant en matière de R&D et d’innovation. Sept secteurs prioritaires dans lesquels la région a des atouts ont été définis, avec un milliard d’euros de financements d’Etat à la clef est venu rappeler le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg à Lyon. Mais ce ne sera pas suffisant pour répondre aux ambitions affichées. Il faudra frapper à la porte de Bruxelles et là, la France en général et Rhône-Alpes en particulier ne sont pas très bons…

 Plus question de développer tous azimuts la Recherche&Développement et l’innovation, désormais la clef principale du développement économique. Il faut désormais cibler les efforts et les financements.

 C’est ce que vient de décider après consultation de toutes les parties prenantes le Conseil régional Rhône-Alpes. De la « Santé personnalisée & maladies infectieuses et chroniques, » aux « Usages, technologies et systèmes de mobilité intelligents », sept « Domaines de spécialisation intelligente » (*) qui visent en fait à mettre en place une véritable stratégie industrielle ont été définis.

 Sept domaines prioritaires : de la santé à l’hydrogène, en passant par le numérique

 Sur quels critères ? D’abord et avant tout parce que ce sont des secteurs sur lesquels la région possède un avantage concurrentiel au niveau européen, même si sur aucun d’entre eux comme le montrait une décevante et récente étude de l’Insee, la région n’a une position de leader dans aucun domaine.

 Définir ces sept domaines d’action prioritaires, là où d’abord doivent aller les financements n’a pas été chose facile. Il faut en effet que ces sept domaines soient non seulement en cohérence avec les trente-quatre secteurs industriels prioritaires dont Arnaud Montebourg vient de mettre en place les chefs de file-dont Carlos Ghosn, le Pdg de Renault-, mais aussi avec le programme européen de Recherche, Horizon 2020 qui pèse près de 70 milliards d’euros…

 Un milliard d’euros sur sept ans

 De son côté l’Etat s’engage à accompagner cette politique industrielle rhônalpine, à travers sa recherche et l’innovation, à hauteur de 1 milliard d’euros sur sept ans, tous soutiens publics confondus. C’est ce qu’est venu confirmer Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif qui s’est exprimé au sein de salle des assemblées plènières à Confluence.

 Les chefs de file de cette politique seront les douze pôles de compétitivité régionaux et les douze clusters qui sont présents en filigrane de ces sept domaines de spécialisation intelligente.

 Eux aussi ont reçu leur feuille de route, à travers la signature avec l’Etat et la région de « contrats de performance » qui détaillent pour chaque pôle de compétitivité, les défis technologiques et d’innovation à relever, ainsi que les marchés cibles à atteindre.

 Si tout cela apparaît cohérent et a le soutien de l’écosystème économique régional, il subsiste tout de même une inconnue en cette période d’argent rare : l’Europe.

 Le budget du programme européen Horizon 2020 n’a pas été passé à la moulinette des économies. Il sera doté de 70 milliards d’euros.

 Or, comment capter une partie de cette manne au niveau régional ? On sait que la France est mauvaise dans la captation des programmes bruxellois, donnant plus au budget de recherche européen que ce qu’elle en retire.

Huit fois moins dotée que l’Ile de France et moins que PACA

Rhône-Alpes ne fait pas mieux. De l’avis même du Conseil régional, « La participation de Rhône-Alpes au 7ème programme Cadre européen de Recherche et Développement (PCRD) révèle un retard important de la Région. L’Ile de France participe huit fois plus que la Région Rhône-Alpes qui est également moins bien dotée que PACA. Et ce , alors que la région se distingue positivement sur les financements nationaux de R&D collaborative. »

 Et de s’interroger : « Ce retard sur le 7ème PCRD interroge sur la capacité des acteurs à s’inscrire dans les réseaux européens. »

Tout le défi à relever dans cette stratégie ambitieuse d’innovation et de R&D est là. Il va falloir apprendre à beaucoup mieux frapper à la porte de Bruxelles. A cet égard, une véritable stratégie devra là aussi être mise en place…

 (*) Les sept domaines de « spécialisation intelligente » prioritaires définis par la Région Rhône-Alpes sont :

1. Santé personnalisée & maladies infectieuses et chroniques. Ce domaine emploie environ 30 000 personnes en Rhône-Alpes, pour la plupart des emplois à très forte valeur ajoutée. La Région compte 40 hôpitaux dont 3 CHU, des leaders mondiaux tels que Sanofi ou bioMérieux, 80 PME biotech, des laboratoires internationaux et filiales de groupes internationaux comme BASF ou Merck Serono.

2. Procédés industriels & usine éco-efficiente. Berceau historique de la chimie française, 1er bassin d’emplois de la chimie au niveau national, 1er complexe industriel chimique français, Rhône-Alpes compte de grands leaders industriels : Bluestar silicones, Saint Gobain, Véolia…

3. Réseaux & stockages d’énergies. Domaine à un fort potentiel de croissance, Rhône-Alpes est en bonne place dans l’énergie, un secteur très important au plan économique avec 100 000 emplois, et un tissu dense de PME- PMI, de leaders mondiaux (McPHY, ST Microelectronics, Radiall, Althom…) ou encore de centres de recherche très actifs (INES, INRIA, CEA, Grenoble INP….).

4. Bâtiment intelligent à haute efficacité énergétique. 1ère région de France pour la production scientifique sur l’efficacité énergétique, le secteur de l’énergie représente 100 000 emplois en Rhône-Alpes et le secteur du bâtiment plus de 125 000. La région compte un important réseau de PME et des leaders sur les marchés internationaux (Somfy, Lafarge, ARaymond…).

5. Usages, technologies et systèmes de mobilité intelligents. Véritable enjeu d’innovation sur les systèmes de transport pour les villes de demain, Rhône-Alpes dispose d’atouts : 1ère région productrice de matériel de transport terrestre, un tissu industriel fort composé de 80 000 emplois dans les fournisseurs de technologies pour l’automobile, 17% de l’industrie nationale, 700 entreprises, et les 2 grands constructeurs de véhicules industriels.

6. Technologies numériques & systèmes bienveillants. Réunissant les capteurs, la gestion des données (cloud computing, big data), l’édition de logiciels, les contenus numériques (jeux vidéos, animation), l’intelligence artificielle, le design sensoriel, la robotique… Rhône-Alpes est l’une des trois régions qui disposent des plus grands atouts pour faire émerger une véritable filière robotique, industrielle et de services en France

  1. Sports, tourisme et aménagement de montagne : Les territoires de Rhône-Alpes (massifs, parcs nationaux et régionaux, 180 stations de skis) sont de véritables laboratoires et lieux d’expérimentation pour le développement de savoir-faire et produits innovants.

Photo (DR)-Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif au conseil régional Rhône-Alpes, le vendredi 4 octobre, au côté de Jean-Jack Queyranne, président du Conseil régional.