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« Amendement sur la fin des bâches sur les échafaudages ? Conséquence : le nombre de chantiers va diminuer ! « 

« Jeudi 19 mars, dans la soirée, l’Assemblée Nationale a adopté en première lecture un amendement pour interdire les bâches publicitaires sur les monuments classés, et ce dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité.

Seuls 28 députés étaient présents ce soir-là sur 577, pour un projet dont on peut se demander ce qu’il vient faire dans un texte relatif à la biodiversité ; loi adoptée également en seconde lecture ce mardi 24 mars.

 Ce dernier vise à interdire les bâches sur échafaudage finançant les travaux de restauration, qui seraient positionnées sur des monuments historiques ; opérations pourtant autorisées par un décret datant de 2007 (décret n 2007-487 du 30 mars 2007).

 Rappelons ici que ce décret s’applique sur l’ensemble du territoire français, et s’impose aux communes dont la règlementation locale est plus restrictive en matière de bâche de chantier. En d’autres termes, même s’il est interdit ou limité dans une municipalité d’avoir recours à cette solution de financement des travaux de ravalement, il est possible tout de même de la réaliser via ce décret.

 Une véritable opportunité pour les propriétaires ; une activité bien encadrée par l’État via ses Directions Régionales des Affaires Culturelles… et pourtant…

 Sans concertation avec les professionnels de cette activité, sans contrepartie ou possibilité d’aménagement, Madame Laurence Abeille, Députée écologiste du Val de Marne, a mis un possible coup d’arrêt à cette solution de financement pour les propriétaires qu’ils soient publics ou privés.

 Si le Sénat venait à confirmer le texte, que cela signifierait-il ?

 Les propriétaires ne pourraient plus avoir recours aux bâches sur échafaudage pour financer leurs travaux et assurer la valorisation de leur patrimoine et du territoire où ils se trouvent.

« Elles permettent de réduire de 5 à 30 % le montant des travaux… »

 Ces bâches, en fonction du lieu, du temps d’exposition, permettent de réduire de 5 à 30 % le montant des travaux. Des travaux réalisés dans les règles de l’art, faisant appels aux meilleurs intervenants, à des savoir-faire que seuls ce type de bâtiments – classés ou inscrits j’entends – utilisent : tailleur de pierre, fabricant de jalousie et j’en passe. A moyen terme (six mois à un an), le nombre de chantier va diminuer et la « quantité de finition » sera moins importante ; et pour cause, l’enveloppe consacrée à la rénovation va diminuer, les propriétaires iront au plus urgent !

 Les entreprises, souvent locales, du bâtiment, souffriront également, elles qui se plaignent déjà de prix bas et d’un manque de visibilité.

 Les municipalités ne prélèveront plus de Taxe Locale sur la Publicité et les Enseignes, soit quelques centaines de milliers d’euro chaque année… Argent qui ne sera pas réinjecté dans l’équipement et les services des communes.

« Quelle solution de remplacement ? Aucune… »

 Quelle solution de remplacement est proposée par cette députée ? Aucune. A-t-elle proposé des aménagements au décret initial ? Aucun.

 Que reproche cette députée aux toiles publicitaires sur échafaudage ?

 1/une pollution visuelle ! Si toutes les campagnes ne peuvent plaire, la grande majorité des marques tente en général de séduire les clients et non de les repousser… Il est invraisemblable de faire voter un tel texte pour un critère si subjectif.

 Un échafaudage est-il plus esthétique ?

 2/des toiles qui ne respecteraient pas la réglementation, à savoir la répartition entre décor et publicité (50/50). Nos réalisations – on ne peut parler de celles de nos confrères puisque nous ne gérons pas leur fabrication, mais gagner quelques points de surface supplémentaire ne permet pas de vendre plus cher – respectent scrupuleusement cette répartition. Sur notre projet des Arts Décoratifs nous sommes mêmes descendus sous les 40% ! La mise en place est faite pour que le visuel soit davantage mis en avant, ce qui peut accentuer l’idée que nos détracteurs se font de la répartition.

 Si c’est le seul point qui pose problème un simple acte d’huissier au moment de l’impression et/ou de la pose suffirait…

 3/ des toiles qui restent plus longtemps que le chantier. Un seul cas a été recensé.

Un seul sur des dizaines de réalisations depuis 2007 !

 Si cette entreprise a « marché sur la ligne » peut-on raisonnablement mettre fin à cette activité pour autant ?

 Il nous semble, en tant que citoyen, que sans idées, sans compensations de redevances versées, ce texte devient suicidaire car il va mettre un frein à la valorisation de nos édifices et affaiblir les entreprises de rénovation et du bâtiment.

 En tant que chef d’entreprise, nous regrettons qu’aucune demande d’amélioration n’ait été proposée à la place d’une interdiction. Il est également invraisemblable que les professionnels du secteur n’aient pas été invités à proposer des solutions.

 En tant que citoyen, chef d’entreprise, professionnel du secteur soucieux de la qualité des réalisations menées au cœur du patrimoine français et de l’environnement auquel nous sommes attachés, nous souhaiterions pouvoir échanger et participer aux discussions, chose qui n’a pas été faite. »