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« La grève des cheminots affecte gravement l’activité économique »

« La grève des cheminots a assez duré, les voyageurs sont à bout », s’insurge la Fédération Nationale des Associations d’usagers de Transports (FNAUT) pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.

« La FNAUT (*) respecte le droit de grève », explique-t-elle, mais elle estime « que sa prolongation est devenue insupportable pour les voyageurs captifs du train et qu’elle est très dangereuse pour l’avenir du rail. »

Et d’expliquer la raison de cette prise de position : « La grève devient insupportable pour les voyageurs. La grève perturbe l’ensemble des services au moins trois jours sur cinq, et non deux comme l’affirment les syndicats qui l’organisent. Sur de nombreuses lignes, le trafic ferroviaire est totalement interrompu.

Ce sont les usagers captifs du train qui seront les plus pénalisés : salariés modestes, travailleurs précaires, étudiants, lycéens. Contrairement à ce qui est parfois affirmé, beaucoup d’entre eux ne trouvent pas d’alternative au train : ils ne s’habituent pas à la grève, la galère devient insupportable. »

Et les responsables de la FNAUT d’enfoncer le clou : « Tous les voyageurs en ont assez. Outre les pertes de temps, ils se voient imposer des frais importants : pertes de revenu, gardes d’enfants, transport de substitution (autocar, covoiturage, véhicule personnel, taxi, parking), nuits d’hôtel. Les indemnités proposées par SNCF Mobilités sont, et de loin, insuffisantes. »

« La prolongation de la grève met le système ferroviaire en danger 

Mais pour cette Fédération d’usagers, le danger est aussi ailleurs : « Une grève prolongée habitue les voyageurs non captifs du train et les chargeurs à se passer du train. Elle les incite à tourner définitivement vers les modes de transport concurrents – automobile, covoiturage, autocar, avion à bas coût, camion – au détriment de la sécurité routière et de l’environnement. A la perte immédiate de recettes pour SNCF Mobilités s’ajouteront des pertes ultérieures durables, surtout dans le secteur du fret.

 La grève décrédibilise par ailleurs le rail auprès de l’Etat et des Régions. Elle les incite à penser qu’en définitive, la collectivité peut se passer d’un train sur deux, que les effectifs de la SNCF sont excessifs et qu’il est irrationnel d’investir sur le rail – alors que le rail souffre d’un sous-investissement chronique. »

Les députés ont adopté, on le sait, la réforme ferroviaire en première lecture. « La FNAUT demande donc au gouvernement, de préciser les conditions dans lesquelles la dette ferroviaire sera reprise par l’Etat, de renforcer l’investissement sur le réseau ferré et de lancer, en lien avec les régions, un programme spécifique de sauvegarde des lignes régionales dégradées et menacées de disparition faute d’entretien. »

La FNAUT exhorte enfin aux syndicats « de mettre fin à une grève devenue incompréhensible pour l’opinion, car elle affecte gravement l’activité économique et met leur entreprise et le rail en péril, et d’accepter l’introduction de la concurrence dans le secteur ferroviaire (en Allemagne, elle est approuvée par les voyageurs et aussi par le principal syndicat de cheminots)… »

(*) La FNAUT rassemble aujourd’hui près de 160 associations implantées dans toutes les régions françaises.