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 » Le bâtiment n’est pas délocalisable, mais partout, il est délocalisé : Chronique d’une mort annoncée pour l’emploi local « .

A l’heure où l’émission « Cash Investigation » sur France 2 évoque de manière percutante « les travailleurs détachés », le président régional de la Capeb veut mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités.


 » Comme chaque trimestre depuis 2 ans, la CAPEB Rhône-Alpes réalise une enquête de conjoncture auprès de ses adhérents pour mieux comprendre la situation du Marché des entreprises et mieux prendre en compte les préoccupations qu’elles rencontrent au quotidien.

Les tendances du dernier trimestre 2015 sont alarmantes : dégradation des carnets de commandes, augmentation du travail dissimulé et de la concurrence déloyale, apprentissage en baisse. Pris dans une spirale infernale de guerre des prix, certains artisans et petites entreprises du bâtiment, n’ont d’autres choix que d’arrêter leur activité ou de s’orienter eux aussi vers la main d’œuvre détachée pour survivre, au détriment de l’emploi local et de l’apprentissage.

 Un marché difficile dans un climat concurrentiel sans scrupule

 Depuis plusieurs années, la CAPEB lutte sans merci et alerte les pouvoirs publics sur les très graves conséquences, pour le secteur du bâtiment, du développement de toutes les formes de concurrences déloyales, et notamment celles liées au recours abusif à des travailleurs détachés.

 Aujourd’hui, les chiffres du dernier trimestre 2015 recueillis par la CAPEB Auvergne – Rhône-Alpes auprès de ses adhérents de Rhône-Alpes sont alarmants :

  • Près de 30% des entreprises adhérentes de la CAPEB ont perdu des marchés face à des entreprises ayant eu recours à des travailleurs détachés.

  • Près d’une entreprise sur 4 ont connaissance de chantiers réalisés avec des travailleurs détachés en dehors des règles et conventions applicables en matière de législation du travail.

 Ceux qui profitent de ces mesures sont connus, les maîtres d’ouvrage publics notamment et les grandes entreprises du BTP. Les premiers, pour faire baisser les prix du marché, souvent au mépris du respect des conditions de vie et de travail des salariés, les seconds, pour conquérir de nouveaux marchés et étrangler les petites entreprises locales.

 Victimes de ces pratiques de concurrence sociale déloyale, certains artisans et petites entreprises du bâtiment n’ont d’autres choix que d’arrêter leur activité ou de recourir eux aussi à de la main d’œuvre détachée, pour survivre…

 La passivité et l’aveuglement persistant des pouvoirs publics sur ces sujets conduisent à une destruction programmée de l’emploi local, notamment celui des jeunes, avec un apprentissage en baisse constante depuis 1999.

 Et ce n’est pas en supprimant les qualifications pour certains métiers comme le prévoit la loi Macron ou en élargissant les seuils du régime social de la micro-entreprise, que le gouvernement va sauver l’artisanat du bâtiment.

Par ce mépris affiché des pouvoirs publics pour notre secteur, c’est l’ensemble du tissu économique et de la vie locale qui est en danger.

La CAPEB Auvergne Rhône-Alpes fortement mobilisée

 L’ensemble des départements d’Auvergne – Rhône-Alpes sont mobilisés pour aider les artisans du bâtiment à lutter contre ces pratiques abusives de recours à de la main d’œuvre détachée, en travaillant notamment localement avec les services de la DIRECCTE pour faciliter les procédures de signalement des pratiques frauduleuses et renforcer les moyens dévolus pour organiser les contrôles.

 Des actions « coup de poing » sont par ailleurs menées dans des départements comme l’Ain, la Haute-Loire ou le Rhône pour dénoncer ces pratiques (recours à des détectives privés par exemple).

 Enfin, les Présidents de l’Ain et de la Haute-Loire se sont exprimés sur de grands médias comme RTL, dans l’émission « A la bonne heure » de Stéphane Bern, ou France 2, dans l’émission Cash investigation d’Elise Lucet, pour faire entendre les préoccupations du secteur et pourquoi pas obtenir enfin une réaction des pouvoirs publics. «