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Le chiffre est alarmant : plus de la moitié (55 %) des 10 000 entreprises européennes interrogées dans le cadre de l’enquête EPI d’Intrum Justitia déclarent pâtir de retards ou de défauts de paiement, le pourcentage le plus élevé jamais enregistré par l’EPI depuis son lancement en 2002. Un total de 36 % des entreprises sondées estiment que leur survie est menacée par ces retards de paiement et la moitié d’entre elles, qu’elles entravent leur croissance.

Aucune économie européenne ne semble faire exception. Pourtant au cœur de la première économie d’Europe, 35 % des entreprises allemandes indiquent par exemple que les retards de paiement jouent un rôle déterminant dans leur décision de procéder à des licenciements. La situation est similaire dans les autres pays, 30 % des entreprises britanniques, 28 % des entreprises espagnoles et 25 % des entreprises françaises établissant la même corrélation.

360 milliards de pertes

Bien que la fin de la récession soit sur toutes les lèvres, l’ensemble des pertes sur créances irrécouvrables a encore augmenté en Europe, atteignant 360 milliards d’euros en 2013, soit une hausse du ratio de 3,0 à 3,1 % par rapport à l’an dernier, même si le délai de paiement moyen des particuliers, des entreprises et du secteur public a diminué. Depuis huit ans, le taux de pertes sur créances irrécouvrables des entreprises européennes s’est accru chaque année.

En France, ce taux a augmenté de 5 % en atteignant 2,1 % du chiffre d’affaires annuel total de l’ensemble des entreprises.

« Les entreprises entrent dans un cercle vicieux. Le manque de liquidités les contraint à prendre des mesures de restriction dans des proportions rarement atteintes. Les plus affectées sont les petites et moyennes entreprises, c’est-à-dire celles qui contribuent le plus à la croissance », note Anne Williart, Directeur Général d’Intrum Justitia. « Ces 360 milliards d’euros que les entreprises européennes déclarent avoir passés en perte en 2013 leur seraient pourtant bien utiles pour investir dans leurs activités. Si l’ensemble des factures étaient simplement payées dans les délais, notre économie pourrait créer davantage d’emplois. Une gestion du crédit clients adéquate de la part des entreprises est donc la clé d’une économie saine. »

Une reprise dont les effets tardent à se faire sentir

Parmi les chefs d’entreprise européens sondés dans le cadre de l’enquête EPI 2014, très peu entrevoient des signes de reprise. 72 % des répondants indiquent ainsi n’avoir perçu aucun impact positif d’une reprise économique au cours des trois derniers mois. Cet état d’esprit est partagé par une majorité des sondés dans les 33 pays couverts par l’enquête. En France seuls 16% des chefs d’entreprise déclarent avoir perçu des signes de reprise. Globalement plus pessimistes que les années précédentes, 37 % des entreprises françaises interrogées estiment que le risque de retard de paiement va rester stable et 55% qu’il va au contraire augmenter.

La législation en question

La directive européenne sur les retards de paiement inter-entreprises est en cours de mise en place dans les pays de l’Union Européenne. Bien que 85% des répondants la connaissent, seuls 27% déclarent y recourir. A la question de savoir pourquoi les entreprises n’utilisent pas cette législation pour recouvrer les coûts liés aux retards de paiement, 47% des dirigeants d’entreprise en France (32% en Europe) estiment que cela mettrait à mal voire détruirait les relations clients.

Pourtant, l’indemnité forfaitaire de 40 € par facture peut être utilisée concrètement comme un levier de négociation entre créancier et débiteur et encourager ainsi un paiement rapide entraînant l’abandon des pénalités.

Les attentes vis-à-vis du législateur restent néanmoins importantes, notamment au sujet des créances civiles, auprès des particuliers : au niveau européen, 64% des répondants estiment que l’adoption d’une législation efficace pour les débiteurs particuliers leur permettrait de mieux gérer leurs activités.