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Travaux Publics : un questionnaire envoyé à trois cents candidats aux élections municipales en Rhône-Alpes

 » En décembre 2012, plus d’un an avant les élections municipales 2014, notre profession tirait la sonnette d’alarme.

 Alors que nous étions normalement dans une année préélectorale favorable, nous constations que les collectivités locales avaient réduit leur demande de près de 4% ! Aujourd’hui, nous pressentons même une baisse de 8% (10% dans les communes) ! Ce qui est du jamais vu depuis plus de 30 ans !

 Sachant que 51,4% de notre activité est portée en Rhône-Alpes par les seules collectivités locales (7,1 point de plus que la moyenne nationale), je vous laisse imaginer les dégâts !

 En termes d’emplois par exemple : chaque million d’euros investi, c’est 9 emplois directs non délocalisables ! Faites le calcul : une chute de 4 point d’investissement par les collectivités en Rhône-Alpes, c’est près de 1 000 emplois perdus !

 L’étude menée par notre profession auprès des collectivités locales confirme une panne de l’investissement local :

  • 37 % des maires et présidents d’Etablissements  Public de Coopération Intercommunale ont réduit l’emprunt en 2013 (28% en 2012)

  • 15 % des maires ont déclaré vouloir affecter en 2013 l’épargne à l’investissement (32% en 2012)

  • 37% des maires affichent l’intention d’investir dans les TP (51% en 2012), soit une chute de 14 points !!

Pourtant, selon cette même étude, les collectivités locales ont une situation saine. En effet, avec seulement 9% de l’endettement public (80% imputable à l’Etat et 11% aux organismes de sécurité sociale) les collectivités locales empruntent exclusivement pour investir. Elles font de la « bonne dette » !

La conséquence de cette baisse de l’investissement, c’est que le risque pèse sur les équipements publics :

  • Selon la Cellule Economique Rhône-Alpes : en 2012, entre 16 et 21% de l’eau produite en Rhône-Alpes est perdue, alors que les collectivités doivent respecter un seuil de rendement de 85%

  • Selon l’étude des Budgets Primitifs, l’entretien de la voirie départementale en Rhône-Alpes passe de 64€/habitant en 2011 à 54€/habitant en 2012

  • Selon le STRESS* : sur les 20 000 ponts du territoire rhônalpin, au moins un est mis hors service chaque jour sous l’effet de l’érosion et/ou d’un manque d’entretien. La majeure partie des ponts français ont été construits dans l’immédiat après-guerre. Avec une durée de vie constatée du béton armé de 80 ans, 20% des 12 000 ponts routiers en béton de Rhône-Alpes doivent être réparés d’urgence !

La réduction des dépenses d’entretien en infrastructures est un faux calcul ! Si nous avons bien pris acte des difficultés durables des finances publiques, reporter ou annuler la dépense d’entretien du patrimoine en infrastructure fait porter un poids encore plus lourd sur la dépense publique…à venir !

 Or selon les résultats du baromètre 2013 de l’attractivité du site France réalisé par Ernst & Young, les infrastructures arrivent en 4ème position des atouts mis en avant par les investisseurs étrangers.

Alors ne cassons pas un des solides avantages comparatifs qui nous reste par rapport à nos voisins et concurrents, en diminuant son entretien !

 *STRESS : Syndicat National des Entrepreneurs Spécialistes des Travaux de Réparation et de Renforcement des Infrastructures

 L’année 2014 sera l’année de l’entretien ! Et vous pouvez compter sur nous pour le rappeler aux candidats aux élections municipales !

 Aujourd’hui, parce que les maires et les présidents des EPCI sont à l’origine de 50% des commandes en travaux publics, nous souhaitons, à la veille des élections municipales des 23 et 30 mars 2014, interpeller les principaux candidats sur le rôle majeur que jouent les Travaux Publics dans l’activité économique et sociale des territoires de Rhône-Alpes.

 Pour ce faire, la FRTP Rhône-Alpes adressera cette semaine un questionnaire aux 300 candidats de communes de Rhône-Alpes de plus de 5 000 habitants. Plusieurs questions leurs sont posées afin de connaître quelles sont leurs priorités en matière d’investissement dans les infrastructures et les réseaux pour le mandat à venir. Par exemple :

  1. L’investissement et l’entretien dans les infrastructures et les réseaux constituent-ils un enjeu pour votre commune et l’intercommunalité dont vous dépendez ?

  2. Par rapport à ce qui a été réalisé lors de l’actuel mandat municipal, quelle évolution envisagez-vous pour l’investissement et l’entretien dans les infrastructures et les réseaux lors du prochain mandat ?

  3. Vous sentez vous suffisamment informé des offres et besoins d’une commune en infrastructures et réseaux ?

  4. Seriez-vous intéressé par une rencontre avec la FRTP destinée à vous renseigner sur les réseaux d’infrastructures et leurs modes de financement ?

  5. Quelles seront vos priorités en matière d’infrastructures pour le mandat à venir ?

  6. En 2014, quels sont les projets d’infrastructures et de réseaux que vous lancerez prioritairement si vous êtes élu ?

  7. Après 2014, et sur l’ensemble de la mandature, quels sont les projets d’infrastructures et de réseaux que vous lancerez prioritairement ? 

 Les résultats de cette enquête seront rendus publics en mars 2014 et nous permettront d’interpeller les élus directement.

 D’autant plus que l’enquête d’opinion BVA réalisée de janvier à mars 2013 nous a montré que les attentes d’amélioration prioritaires des rhônalpins se concentrent notamment sur:

– les équipements de santé : construction (51%) et rénovation (45%)

– la rénovation des routes (34%) et la voirie (34%)

  • les réseaux de transports en commun : développement (37%) et rénovation (26%)

Elle a aussi montré une satisfaction élevée en matière de réseau électrique (81% de satisfaits), de l’eau et de l’assainissement (80%) et les équipements scolaires (73%).

En parallèle, la situation des entreprises à fin 2012 était mauvaise avec :

  • un taux de rentabilité net moyen de 1,7%

  • 20% des entreprises affichant des pertes

  • une trésorerie nette descendue à 17,7 jours de production contre 22,4 en 2009

Or selon notre enquête annuelle de conjoncture, l’activité des Travaux Publics décroche en Rhône-Alpes :

  • 4957 millions € en 2011 après un rebond depuis 2009 (4439 millions €)

  • 4908 millions € en 2012

  • 4866 millions € estimés en 2013

  • 4630 millions € estimés en 2014

 Le scénario-catastrophe sur lequel, à la fin de l’hiver 2012, nous alertions avec notre campagne «on n’arrête pas le futur », prend corps.

 La profession pointait le recul de l’investissement et le danger qui menace notre patrimoine d’équipements publics faute d’entretien. La tragi-comédie de l’écotaxe, si elle devait se traduire par sa suppression, priverait l’agence de financement des infrastructures de 750M€ et remettrait en cause la pérennité de près de 500 emplois dans nos entreprises en Rhône-Alpes. L’écotaxe est légitime et nécessaire : notre région est traversée par un intense trafic de transit international nord/sud de transport routier de marchandises participant largement au vieillissement prématuré des infrastructures sans participer à leur entretien.

 La Fédération de Rhône-Alpes ne veut pas seulement alerter. Elle choisit de prendre son destin en mains et met sur la table des propositions concrètes à destination des décideurs en particulier locaux parce que beaucoup se décide ici et maintenant. La profession est prête à s’engager à contribuer aux solutions qu’elle avance.

 Notre Livre Blanc s’inscrit dans ce cadre. Il est bâti sur les convictions mûries et affirmées au cours des débats qui se sont déroulés dans les territoires de Rhône-Alpes durant le printemps 2013. Il nous faut agir, ensemble, pour renforcer la compétitivité des territoires, des acteurs économiques et des entreprises de travaux publics en agissant sur 3 leviers : améliorer en efficacité, investir et innover.

 Parmi les 9 propositions de ce Livre Blanc, nous avons parlé de la création d’un fonds régional d’investissement dédié aux infrastructures durables. Avec pour objectif d’aider à financer des opérations d’entretien à hauteur de 10 à 15%, il serait pourvu par les entreprises de la profession à hauteur de 10 millions €.

Nous sommes actuellement en train de travailler à sa gouvernance et de valider un cadre juridique qui protège efficacement les investisseurs.

 Compte tenu de la durée des projets parfois plus de 30 ans entre l’idée et la réalisation ( !) il est aujourd’hui indispensable de créer un « bloc du oui » et ne plus subir le « poids du non ». C’est pourquoi nous proposerons aux maires nouvellement élus en 2014 de mettre en place un conseil de citoyenneté afin de préparer et renforcer l’acceptation sociale des projets. «