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Un décrochage sans précédent et des chiffres historiquement bas : le Bâtiment Rhône-Alpes sollicite un Plan d’Urgence !

Le constat est sans appel : la dégradation de la situation du secteur du Bâtiment en Rhône-Alpes est alarmante. La chute d’activité subie depuis le début de l’année est équivalente à celle enregistrée en cumul depuis les quatre dernères années ! Pour Jacques Blanchet, Président de la FFB Région Rhône-Alpes et les sept Présidents des Fédérations départementales du BTP, il est urgent de réagir. Ils étaillent un plan de 17 mesures à mettre en place dans les plus brefs délais.

« Le rythme des mises en chantier n’a cessé de diminuer depuis 2012 pour s’établir à 33.384 logements commencés sur un an à fin juillet 2014, bien loin des 51.417 logements en 2011 et très largement en deçà de la moyenne de longue période de 42.600 logement mis en chantier en moyenne par an depuis 1975 en Rhône-Alpes.

La construction neuve de locaux ne se porte pas vraiment mieux et le secteur de l’entretien- rénovation qui était mieux orienté jusqu’à 2011 n’a pas non plus résisté.

Certes le Plan de Relance annoncé par le 1er Ministre, Manuel VALLS, la Ministre du Logement, de l’Egalité des territoires et de la Ruralité, Sylvia PINEL et la Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène ROYAL, va dans le bon sens et la Profession n’a pas manqué de saluer cette initiative qui doit redonner des perspectives au secteur. Cependant, dans l’hypothèse même où ces mesures seraient rapidement mises en place, elles ne pourront produire d’effets avant un délai de 12 à 18 mois au mieux.

« Tous les segments de marchés impactés et un outil de production qui décroche »

Parallèlement, l’investissement des collectivités territoriales marque une chute prononcée et n’apparaît pas en mesure de prendre le relai pendant cette période. Les chiffres de la Cellule Economique Rhône-Alpes anticipent une baisse des travaux de Bâtiment comprise entre -8 et -10% en 2014 au niveau régional sur la base des taux de réalisation des dépenses des collectivités constatés sur ces dernières années.

Jusqu’à présent notre branche d’activité a plutôt mieux résistée en Rhône-Alpes qu’ailleurs. Si l’on se réfère aux chiffres de l’emploi, nous constatons en effet une perte de 6.300 emplois nets de 2008 à 2013, soit -4%, à comparer à la moyenne nationale de -6,8% sur la même période. Cette situation est aujourd’hui révolue et le phénomène de décrochage que nous craignions de voir s’engager s’est aujourd’hui très nettement amorcé.

Le tissu des entreprises de Construction s’est nettement dégradé au 2ème trimestre. On enregistre une baisse de 3,8% des entreprises nouvellement créées par rapport à l’année dernière. Dans le même temps, les défaillances d’entreprises sont plus nombreuses avec une hausse de 2,6% sur un an. Ainsi, près de 500 entreprises étaient défaillantes au 2ème trimestre 2014. L’appareil de production ne résiste plus.

« Il est urgent de réagir : 17 propositions à mettre en place d’urgence »

Il est urgent de réagir pour faire face à cette période critique. L’objectif est de trouver les relais indispensables au secteur du BTP afin qu’il soit en mesure de répondre d’ici 12 à 18 mois à la relance de la construction du logement souhaitée par les pouvoirs publics, tout en confortant un modèle économique du bâtiment qui continue de produire richesses et emplois locaux sur les territoires.

La FFB Région Rhône-Alpes et les Fédérations Départementales du BTP sollicitent la mise en place dans les plus brefs délais de 17 actions auprès de 4 principaux interlocuteurs : Les services de l’Etat, le Conseil Régional, le Comité des Banques et les assureurs-crédits, les collectivités locales et les Parlementaires.

« Consolider, Accélérer et Démultiplier »

Consolider les entreprises avec des mesures précises visant à soutenir les trésoreries : l’élargissement du dispositif avance + de la BPI, augmenter le recours à l’escompte et au Dailly, renforcer la relation avec les assureurs crédits ou encore ouvrir une Commission Départementale de Financement de l’Economie (CDFE) spécifique au BTP dans tous les départements.

Consolider les entreprises en écartant les offres anormalement basses et en luttant contre la concurrence déloyale. La FFB a obtenu la carte d’identification, il y a quelques jours ; elle demande des contrôles renforcées et ciblés le week-end, avec le renfort des douanes, si nécessaires.

Consolider et maintenir les budgets d’investissement des collectivités territoriales.

L’investissement ne peut pas et ne doit pas être une variable d’ajustement. Les Fédérations demandent que les budgets effectivement votés soit consommés. D’une façon plus globale, les dépenses d’investissement de BTP des collectivités locales devraient baisser de près de 10% en 2014. Ce n’est pas une fatalité et le recours à l’emprunt reste largement possible pour des collectivités bien gérées comme c’est le cas dans la région.

Accélérer en réactivant le dispositif de remboursement anticipé de la TVA aux collectivités qui investissent afin qu’elles puissent continuer à mener une politique d’aménagement dynamique.

Accélérer les délais d’instruction des permis de construire et débloquer les projets qui sont prêts.

Accélérer la mobilisation du foncier public : 24 parcelles ont été identifiées. Des projets ou avant projets de logements sont prêts. Une seule et unique cession de terrains a été effectivement réalisée ! Accélérer, c’est aussi signer, sans délai, le contrat de projet Etat Région 2014/ 2020.

Démultiplier par le redéploiement des subventions non consommées, là où il y a des vrais besoins et notamment la dotation d’équipements des territoires ruraux.

Démultiplier la rénovation énergétique par le soutien aux copropriétés qui offrent un potentiel d’amélioration énergétique important : on estime que ce parc comprend en Rhône-Alpes plus de 1,7 million de logements (soit 53 % du parc total).

Démultiplier avec les fonds européens en abondant prioritairement les investissements productifs. Rhône-Alpes est la région française qui bénéficie des fonds européens les plus importants, 1, 6 milliard d’euros hors agriculture. Il faut cibler le BTP qui génère 1 emploi direct et 0,6 emploi indirect pour moins de 100 000 euros de travaux HT. La requalification de friches industrielles sont par exemple des investissements productifs qui concourent au développement de l’économie régionale.

« Nous sommes à la croisée des chemins. » a ajouté Jacques Blanchet « L’enjeu est simple. Si rien n’est fait, le risque porte sur la disparition de 5.000 emplois nets qui s’ajouteront aux 6.500 déjà perdus sur les cinq dernières années. ».