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Et quid de l’Europe fédérale dans tout ça ?

Un progrès politique : car pour la 1ère fois, depuis 2 ou 3 ans, on a pensé un peu à l’avenir et pensé une stratégie de moyen / long terme, que ce soit le fédéralisme ou non. On fait toujours du bricolage et de la plomberie, mais avec des perspectives un peu plus lointaines et solidaires. Même si ce Conseil européen devait réfléchir à l’UEM, et n’en a pas eu le temps (il le fera à l’automne)

La France a encore obtenu que le saut qualitatif vers le fédéralisme soit repoussé aux calendes … grecques. Ce n’est pas la première fois que les Français bloquent. Depuis 1954, avec le rejet de la CED (communauté européenne de défense).

1994 : projet Wolfgang Schaüble / Karl Lammers sur le noyau dur autour de la future zone euro (sans l’Italie à l’époque) pour une Europe plus politique : rejeté par la France (Balladur)

  • 2000 : proposition de Joschka Fischer (Ministre des Affaires étrangères de Schröder) qui a lancé l’idée de constitution européenne : dénigré par Chirac et Jospin, qui organisèrent le piètre Traité de Nice
  • 2005 : le non français et néerlandais à plus d’intégration politique
  • 2012 : F. Hollande qui bloque à son tour, lui, le « bébé » Delors ! Empêtré par ses nonistes de gauche… Et si c’était la France qui devait être sortie du jeu européen, à l’instar de la Grande-Bretagne, pour ses vetos récurrents à l’Europe fédérale ? Il ne faut plus qu’il reste de questions tabou, car nous n’aurons plus le choix…

En conclusion …

En vérité, ce n’est pas un sommet de rupture « historique », c’est un sommet de consolidation.

Certes, on a mieux « bricolé » qu’avant, et on a augmenté quand même le contrôle par la Commission des Etats, via « leurs » banques, subrepticement ; et même des Etats directement, via leurs budgets nationaux. Les réponses ont, encore, été plus techniques que politiques. On continue d’avancer « en crabe », sans le dire.

Mais l’avenir économique de la zone euro est sombre : personne ne va arriver au 3% de déficit annoncé, voulu en 2013. Ni la France, ni aucun pays. Donc les marchés vont réagir. Bruxelles aussi…

L’économie continuera d’aller mal, avec une croissance entre 0 à 0,3% en 2012 (alors qu’aux Etats-Unis, la croissance est repartie). L’UE et la zone euro garderont un chômage de masse. Et une politique de rigueur (une vraie, cette fois, pour la France aussi) pour les années qui viennent.

Sans vision stratégique de l’Europe, sans intégration rapide, sans compétitivité, l’Europe ne retrouvera pas de sitôt le chemin de la croissance et de la prospérité, alors même que le monde entier représente de fabuleux clients ! On continue de perdre du temps, et pendant ce temps, le monde avance…

Le populisme et le nationalisme vont donc perdurer, voire progresser. C’est là le pire danger pour une Europe désunie, désincarnée, sans âme ni projets. Et pourtant, on ne veut rien changer à la nature de l’Europe. La France refuse toujours de débattre sur le fédéralisme, et ne veut pas rouvrir les plaies de 2005. On pense que les Français sont majoritairement contre, ce qui est, hélas, probablement vrai..

Mais qu’en sait-on au juste, très précisément ? Après tout, les ¾ veulent garder l’euro ! Encore faudrait-il organiser des débats sereins sur le fédéralisme, ses avantages, sa nécessité pour s’en sortir, et rassurer les gens sur le fait que les Etats fédérés ne perdraient pas leur « âme », leur culture, leur histoire, leur langue !

Et qu’ils seraient plus forts dans une souveraineté partagée. Il serait temps qu’un mouvement fédéraliste émerge et descende dans « l’arène » démocratique et politique, sans complexes à l’égard de partis politiques archaïques, à bout de souffle et sans vision autre que leur propre survie…

Ce Sommet européen a consacré aussi la scission de fait de l’UE en 2 

Tout progrès désormais se fera avec la zone euro, et l’écart dans tous les domaines se creusera vite avec les « dix autres » pays. Pour une Europe qui globalement va voir diminuer fortement sa démographie, c’est un problème supplémentaire à terme, aussi bien de compétitivité que d’influence géo-politique.

Ce 19ème Conseil européen depuis la crise fut donc un sommet réussi sur un plan technique avec des avancées qui contrent (un peu) les spéculations mais on n’a pas progressé vers l’Union politique, par la faute de la France, tétanisée par son peuple « souverainiste ». Donc rien n’est réglé en profondeur (gouvernance, compétitivité, croissance). Or, un pays seul ne peut plus s’en sortir, surtout sans argent, et dépendant de ses créanciers pour survivre. D’autres crises suivront, qui forceront les Chefs d’Etat et de Gouvernement à aller plus avant encore. Mais on joue avec le feu…