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Qui a gagné ? La ligue des pays du sud ou l’Europe du Nord ?

Cette question récurrente se retrouve à la une de toute la presse. Et pourtant quelle question étrange, voire stupide !

Ce ne devrait pas être ni un pays ni un chef d’Etat ou de gouvernement, le grand vainqueur, mais tout simplement l’Europe et ses citoyens. Cela prouve bien que l’on reste encore marqué par des questions d’ego-nationalismes, dignes d’une cour d’école, mais indignes de « Grands ». « J’ai plus gagné que toi. Na ! Non, c’est pas vrai, c’est moi qui ait plus gagné ! Re-na ».

Les pays du sud se sont-ils ligués contre les « grands » ?

Avec Hollande, allié objectif de Monti et Rajoy ? L’Allemagne gagne-t-elle toujours à la fin ? Et la France, dans tout cela ? Que vaut « son » pacte de croissance ?

Merkel a-t-elle cédé ?

Pas tant que cela, car elle obtient la ratification du pacte budgétaire (et de la rigueur et du contrôle qui vont avec) ; elle obtient les project bonds ; et parvient à repousser encore les eurobonds, ces obligations européennes qui rachèteraient de la dette (Angela Merkel ayant déclaré à Paris, le 27 juin, « aussi longtemps que je vivrais, il n’y aura pas de mutualisation de la dette »).

A moyen terme, il y aura bien contrôle supranational des budgets nationaux, et des banques. On avance donc, sans, bien évidemment, le dire, vers une intégration approfondie, vers un fédéralisme budgétaire en tout cas. C’est bien LA décision la plus importante de ce Conseil européen, et la plus sensible politiquement ! Par exemple, l’Allemagne (le Parlement, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe) va-t-elle accepter que la supervision européenne contrôle ses caisses d’Epargne ?

Une sacrée épée de Damoclès plane sur l’Allemagne, car dès le 29 juin, jour de vote par le Parlement allemand du MES et du Pacte budgétaire, des parlementaires connus, de droite comme de gauche, ont saisi la Cour constitutionnelle de Karlsruhe sur la conformité du Pacte budgétaire et du MES avec la démocratie, et le transfert de compétences budgétaires et politiques vers Bruxelles que ces textes engendrent…

Si la Cour rejetait ces deux textes pour non-conformité avec la Loi fondamentale de 1949, ce serait un coup terrible pour l’Allemagne et l’Europe toute entière, un séisme pire qu’en 2005. Et au pire moment où l’Europe est en panne. Il nous faut attendre 2 à 3 semaines pour connaître le verdict de la Cour.

Monti et Rajoy, réussissent à faire assouplir les prêts

et à ne pas être placés sous le contrôle de la Troïka (BCE, Commission, FMI), tout en étant aidés pour leurs banques. Traitement de faveur par rapport aux Grecs. A court terme, ils ont gagné. Dans leurs revendications, l’Espagne et l’Italie ont été soutenus par la France contre l’Allemagne. La France continue à provoquer l’Allemagne…

Depuis le 29 juin, les taux d’intérêt pour ces pays, se sont resserrés. Les taux d’intérêt espagnol sont passés de 6,1% à 5,8%. C’est bien, mais il n’y a pas de quoi pavoiser quand même…

L’Espagne fait beaucoup d’efforts et continue à prendre des mesures drastiques : le gouvernement vient de voter 27 milliards de réduction des dépenses ( !) afin de faire passer le déficit public de 8,9% à 5,3% fin 2013 ! Avec des coupes sombres sur la santé, le remboursement des soins. Même si cela risque d’être encore insuffisant. A titre comparatif, la France va décider un plan d’économies de 6 à 10 milliards seulement… en 2012. Mais 33 milliards dès 2013. Et ainsi de suite…

Mutualisation de la dette et Eurobonds

On n’a pas parlé de mutualisation des dettes, avec ou sans eurobonds. Il ne faut pas fâcher l’Allemagne, qui campe sur sa position. On peut comprendre que l’Allemagne ne veut pas payer pour tout le monde, mais c’est dommage, car si on mettait toutes nos dettes en commun, on créerait un marché obligataire pan-européen avec un taux d’intérêt commun, qui baisserait forcément car les spéculateurs ne pourraient plus jouer un pays contre un autre.

En outre, le marché des obligations serait plus fluide, liquide, car ouvert à tous les Etats, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, où les marchés préfèrent prêter en priorité et au meilleur taux, aux pays les plus crédibles (Allemagne, Etats-Unis).

François Hollande a satisfait son électorat « noniste », de 2005 : il a obtenu une petite rallonge pour la croissance, mais a verrouillé le saut qualitatif fédéral en ne franchissant pas les étapes politiques pourtant absolument nécessaires pour s’en sortir réellement. Il a donc cédé au souverainisme, voire au nationalisme, de gauche.

Et en même temps, il a du accepté, devant la réalité de la situation, la rigueur pour des années, compromettant d’ores et déjà sa réélection. Mais on sait déjà que les gouvernements ne peuvent plus être réélus, tellement ils déçoivent.

Et les marchés ? Eux, ils ont compris que les dirigeants européens voulaient, enfin, un peu plus d’Europe. Ils ont salué cela, avec les bourses en pleine euphorie, dès le lendemain. On verra jusqu’à quand… Les Etats ont réagi plus rapidement que les précédents sommets. C’est déjà ça ! Mais ces mesures, si elles vont dans le bon sens, restent trop timorées. Et l’été 2012 sera de toutes façons un été à haut risque…