Toute l’actualité Lyon Entreprises

Trimatec, l’autre pôle vert

Ce n’est pas le plus médiatisé des pôles de compétitivité. Lorgnant à l’origine du côté du nucléaire, Trimatec vient de prendre un virage à 180 degrés, s’orientant clairement vers les écotechnologies, mais sur des créneaux bien différents de l’autre grand pôle vert régional, Axelera chimie-environnement.

Trimatec (Tricastin Marcoule Technologies) évoque furieusement l’industrie nucléaire. Normal puisque les deux porteurs du projet de ce pôle de compétitivité créé en 2005 étaient à l’origine Areva et le Commissariat à l’Energie Atomique. Ce pôle de compétitivité avait une autre particularité : son rayon d’action portait et porte encore sur trois régions : PACA, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes. Peu médiatisé dans cette dernière région, il paraissait un peu oublié. Ce qui serait un tort car il compte 24 membres rhônalpins grandes entreprises ou PME dont GDF Suez, Bontoux, Onectra, Unitech Annemasse, Decta ou A3I, mais aussi l’INPG de Grenoble et Université Joseph Fourier de Valence ; ainsi que deux clubs d’entreprises qui  regroupent une soixantaine d’adhérents : Atout Tricastin et l’association BAT.

L’autre raison qui milite pour que ce pôle sorte de l’ombre est son récent virage stratégique. L’audit effectué à la demande du gouvernement sur les pôles de compétitivité n’avait pas été totalement positif pour Trimatec. Le tampon « peut mieux faire » avait été apposé sur le dossier du pôle. Avec une conséquence forte : un virage stratégique vers les écotechnologies, une nouvelle orientation traduite par un « contrat de performance 2009-1012 » signé récemment avec l’Etat et les collectivités territoriales.
Ainsi, Trimatec a décidé de se recentrer fermement sur quatre domaines : la maîtrise des environnements confinés, les applications des fluides supercritiques, les technologies séparatives à l’aide de membranes et la production de biocarburant à l’aide d’algues. Si ce dernier domaine de recherche, basé sur la région Languedoc-Roussillon ne concerne pas du tout Rhône-Alpes ; les trois premiers touchent des PME et des centres de recherche rhônalpins et méritent donc un coup de projecteur. Ce n’est pas un hasard si Trimatec est partenaire des pôles de compétitivité Lyonbiopole (santé et biotech), Plastipolis (industrie de la matière plastique), Techtera (textiles techniques) et Axelera..
En l’occurrence Trimatec est parfaitement complémentaire avec ce dernier pôle spécialisé dans le mariage de la chimie et de l’environnement.

A l’origine de la création de Trimatec, l’innovation en matière de fluides supercritiques reste un des axes de développement du pôle qui veut regrouper les savoir-faire nationaux en la matière. De quoi s’agit-il ? Les fluides supercritiques constituent, avec les technologies séparatives et membranaires des alternatives écologiques car non polluantes aux procédés classiques d’extraction et de purification par solvant et au traitement de certains effluents. Des techniques  qui intéressent la santé, la chimie, voire même le domaine des textiles techniques.
Comme Axelera avec son projet de plate-forme collaborative à Villeurbanne et Lyon « Axel’one », Trimatec a aussi son projet de plate-forme : « Extrapole » qui permettrait sous un même toit de mutualiser les tests de ces nouvelles technologies vertes d’extraction menées par les chercheurs et les entreprises.

Issue du nucléaire, la maîtrise des environnements confinés intéresse aussi beaucoup de domaines : elle va dans le sens d’une meilleure protection des individus dans des secteurs aussi vairés que les nanotechnologies, la bactériologie, voire la virologie. Là encore, le pôle envisage de créer une plateforme réservée au développement d’outils de confinement et à la formation des personnels à ces nouveaux outils. Un vrai besoin : on se souvient de la polémique qu’avait suscité la création du laboratoire P4, rassemblant les virus les plus dangereux au monde, dans le quartier de Gerland à Lyon.
Aucun doute, Trimatec, un pôle a suivre de près.

Photo d’un environnement confiné (Inserm)