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Le plastique rhônalpin veut prendre la roue du Grand Emprunt

Loin de l’image ringarde qu’il peut encore avoir, le plastique devient un matériau de plus en plus sophistiqué, accueillant de l’électronique, du textile, des fibres végétales et utilisant même les outils du design. Pour répondre à ces enjeux et en s’appuyant sur les plateformes existant déjà en Rhône-Alpes, le pôle de compétitivité Plastipolis entend prendre la roue de l’appel d’offres du Grand Emprunt pour 15 à 20 millions d’euros. Un projet qui concerne le centre d’éco-design de Lyon, Alimentec à Bourg-en-Bresse, mais aussi Compositec en Savoie et en Ardèche, sans oublier le Pôle Européen du Plastique à Oyonnax dans l’Ain.

Basé à Oyonnax dans l’Ain, le pôle de compétitivité Plastipolis, seul pôle de compétitivité en France consacré au plastique, s’est fixé deux priorités : le développement d’éco- plastiques à base de fibres végétales, mais aussi l’incorporation de produits à haute valeur ajoutée.

C’est la raison pour laquelle ce pôle qui rassemble près de deux cents entreprises, essentiellement des PME, entend participer à l’appel d’offres que lancera en 2011 le « Grand Emprunt », rebaptisé par ailleurs « Investissements d’avenir ».

Ledit Grand Emprunt s’est donné pour priorité le financement des plateformes technologiques. C’est pour renforcer celles-ci que Plastipolis va formuler sa demande « qui devrait s’élever dans une fourchette située entre 15 et 20 millions d’euros », explique Patrick Vuillermoz, délégué général du pôle. Et d’expliquer : « Pour l’instant, nous élaborons un pré-dossier qui constitue une manifestation d’intérêt : nous répondrons ensuite à l’appel à projets en 2011, avec un dossier chiffré, un modèle économique équilibré, un flux d’affaires… »

La recherche et l’innovation dans le domaine du plastique se déploie actuellement dans quatre principales directions : les composites, les emballages, l’éco-conception, ainsi que le design et l’intégration de composants électroniques sur des supports plastiques (que l’on a baptisée pas très joliment plastronique). Or ces quatre domaines d’innovation ont chacun leur plateforme d’innovation en Rhône-Alpes, des lieux physiques parfois dotés de salles blanches et où les matériels et les équipes sont mutualisés entre entreprises pour assurer la recherche, l’innovation, voire même de la formation. Des équipements qui nécessitent de lourds investissements.

C’est au sein de ces plateformes technologiques que Plastipolis veut injecter des moyens encore plus importants grâce au Grand Emprunt ; et ce, afin de répondre aux défis actuellement rencontrés par la plasturgie.

Première priorité de Plastipolis : renforcer l’éco-conception qui est liée au design sous le vocable d’éco-design. Elle possède depuis le mois de mai dernier sa plate-forme technologique à Lyon (Plastic Ecodesign Centrer) au sein d’Alizée Plasturgie, site situé près de la Part-Dieu, comprenant également une pépinière d’entreprises. Cette plateforme est notamment reliée à la Cité du design de Saint-Etienne.

Une autre plate-forme, Alimentec, à Bourg-en-Bresse dans l’Ain, spécialisée dans les emballages agro-alimentaires devrait elle aussi bénéficier du Grand Emprunt, avec des connections en direction de la Bourgogne et du Languedoc-Roussillon.

La « Plastronique »,  ensuite, ce savant mélange d’électronique et de supports plastiques pourrait elle aussi être boostée par le Grand Emprunt. Elle a pour cadre le « Pôle Européen du Plastique »  à Oyonnax. Ses applications sont multiples : dans les domaines photovoltaïques ou des LED par exemple. « Un champ émergent que nous entendons développer dans le cadre de projets européens », explique Patrick Vuillermoz. Qui ajoute : «Nous comptons aussi jouer à fond la synergie avec Minalogic, le pôle de compétitivité grenoblois spécialisé dans la micro-électronique et les nano-technologies. »

Enfin, le mariage du plastique et du textile pour la fabrication de matériaux composites à destination du transport aérien ou de l’automobile a aussi amené la création d’une plateforme technologique : Compositec, basée à la fois à Chambéry en Savoie et à Mauves en Ardèche où est installée Innoplast, la filiale de l’équipementier Plastic Omnium, leader européen des composites. Elle sera aussi concernée par l’appel d’offres Grand Emprunt.

« Nous avons une carte maîtresse à jouer entre l’industrie des polymères et l’industrie textile, forte en Rhône-Alpes », se félicite Patrick Vuillermoz. Il s’agit là, de développer des productions en grandes séries de pièces de composites de haute performance : le programme est en phase d’études.

Une certitude : les différents domaines de la recherche s’interpénètrent de plus en plus : santé, électronique, nano-technologie, textiles techniques, agro-alimentaire… La région Rhône-Alpes a la chance de bénéficier de nombreux pôles de compétitivité, ce qui permet de démultiplier les synergies et de répondre à des demandes de plus en plus sophistiquées. Permettant d’accroître la valeur ajoutée des produits mis in fine sur le marché.

Photo (DR) : La société Corima fabrique des plastiques composites à haute valeur ajoutée.