Toute l’actualité Lyon Entreprises

La crise au secours du Musée des Confluences ?

La crise pourrait aider à débloquer l’épineux dossier du Musée des Confluences. Cela ne serait pas le moindre des paradoxes d’un chantier qui était la grande ambition du nouveau ministre de l’aménagement du territoire et président du Conseil général du Rhône, Michel Mercier et qui se révèle un véritable boulet.

 Mais pour bien comprendre ce dossier compliqué, petit résumé des nombreux épisodes précédents. En 1999, il y a déjà dix ans, faisant œuvre d’une audace qui ne leur est pas toujours coutumière, les conseiller généraux du Rhône choisissent un projet particulièrement audacieux pour installer à la pointe de la Confluence Rhône-Saône, le bâtiment destiné à remplacer le musée Guimet, l’équivalent pour Lyon de l’Opéra de Sydney, pas moins !

 Signé d’un cabinet d’architectes autrichien réputé, Coop Himmelblau, il ne s’agit pas, à l’instar du musée Guggenheim de Bilbao, d’un bâtiment, mais d’une véritable sculpture bâtiment : un nuage de béton, de verre et d’acier, déjà en soi une œuvre d’art qui devrait pour une bonne part être visitée pour elle-même. Un bâtiment certes très complexe et difficile à construire, mais en choisissant les bonnes entreprises, le challenge était à même d’être relevé, comme en témoignent les constructions similaires qu’a édifié Coop Himmelblau sur tous les continents.

 Las, à nouveau arrêté fin juillet 2008, après une première interruption de sept mois en 2007, le chantier n’a toujours pas repris ! La société choisie à l’issue d’un appel d’offres européen, Bec Frères du Groupe Fayat se chamaille d’abord avec les architectes sur la quantité de ferraille à utiliser pour construire les longrines, ces poutres de béton destinées à relier les fondations entre elles.

Puis l’entrepreneur estime ne pas disposer de toutes les études nécessaires pour avancer utilement les travaux. Autre problème de taille : le chantier n’est pas assuré, les assureurs renâclant à apporter leur garantie à l’entrepreneur en raison, expliquent-ils, du caractère particulier du bâtiment. L’imbroglio est total et finalement Bec Frères jette l’éponge avec élégance sous la forme d’un divorce à l’amiable avec le Conseil général. Non seulement l’entreprise accepte de se retirer sans demander de dédommagements, mais consent même à rembourser au département une partie de l’avance perçue lors du démarrage du chantier, soit 8,5 millions d’euros sur les 14 encaissés.

 Un nouvel appel d’offres européen est lancé : six mois supplémentaires de procédure : le budget est déjà passé de 109 millions d’euros à 161 millions d’euros.

 Las, une seule entreprise répond à l’appel d’offres restreint ! En l’absence de concurrence, un nouvel appel d’offres doit être relancé. Nouveau délai.

 On y est…presque. L’ouverture des plis, suite à ce nouvel appel d’offres devait initialement avoir lieu d’ici quelques jours, le 24 juillet, mais des entreprises désirant soumissionner ayant demandé un mois de délai, elle n’interviendra plus que fin août a récemment confirmé Michel mercier. Il est vrai qu’un mois de plus ou de moins…

 Pour mettre toutes les chances de son côté, le président du Conseil Général a décidé d’octroyer une indemnité de 300 000 euros, à l’intention des entreprises qui, participant à l’appel d’offres ne seraient pas retenues. Il ne s’agit plus en outre d’un appel d’offres restreint, mais ouvert.

 Et c’est là où la crise peut venir au secours de ce dossier empoisonné. En panne de chantiers actuellement, les grands de la profession que sont les Eiffage, Vinci et autres Bouygues qui regardaient de loin ce projet et ses difficultés, pourraient cette fois concourir, ainsi que d’autres grands groupes européens : on évoque le nom d’une grosse société allemande. Tout laisse à penser que, cette fois, les candidats pourraient postuler en nombre suffisant.

 On saura donc fin août si le chantier est définitivement encalminé ou s’il a une chance d’être relancé pour être inauguré …en 2013.

Seule crainte au passage : que le budget continue à enfler…