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Relocalisations : ne rêvons pas…

Une information a fait sensation la semaine dernière dans le monde de l’équipement sportif : Rossignol relocalise sa production à Sallanches en Rhône-Alpes. Et effectivement, mardi 28 septembre, le groupe a annoncé qu’il allait relocaliser dans une usine haute-savoyarde une partie de ses fabrications jusqu’à présent sous-traitées à Taïwan.

L’équipementier sportif a décidé de faire revenir en France la production de 60 000 paires de ski junior qui s’ajouteront aux 200 000 paires de ski actuellement produites sous les marques Rossignol et Dynastar, constituant la plus grande usine de ski subsistant en France.

Du côté de Rossignol, on estime que l’on peut être compétitif tout en restant dans l’Hexagone, « en investissant et en privilégiant la proximité avec les consommateurs, en majorité situés dans l’arc alpin. » Pour Bruno Cercley, président de la société, « ce mouvement s’inscrit dans une stratégie globale qui vise à renforcer la compétitivité du groupe, conduisant à préserver les compétences en France et en Rhône-Alpes. »

Cette nouvelle a fait d’autant plus d’effet qu’elle avait été précédée par l’annonce par le Coq Sportif du retour dans son berceau aubois, à Romilly-sur-Seine en Champagne-Ardenne qu’il avait quitté lors de son rachat. Le célèbre équipementier sportif, fournisseur officiel des Verts de Saint-Etienne de la grande époque avait été racheté il y a vingt-deux ans par Adidas qui avait délocalisé.

Deux bonnes nouvelles, mais qu’il convient de mettre aussitôt en perspective : la relocalisation des skis Rossignol à Sallanches va créer vingt équivalents temps pleins et celle du Coq Sportif à Romilly-sur-Seine : treize. Assurément pas un raz de marée.

A mettre en parallèle avec les 13 500 emplois perdus, selon une étude de l’Insee, entre 1995 et 2001, 15 000 par an, jusqu’en 2003.

Il faudrait donc plus que les 200 millions d’euros du dispositif d’aide aux relocalisations lancé par Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, pour à nouveau faire revenir en nombre des fabrications tricolores.

Ces deux relocalisations illustrent néanmoins le chemin à suivre. Les skis qui seront à nouveau fabriqués par Rossignol sont plutôt haut de gamme. Les emplois du Coq Sportif ne sont pas de la production, mais irriguent un centre de recherche.

Ce qui illustre les compétences recélées par notre pays et la qualité de ses infrastructures. Notre industrie est capable de se battre, mais sur des créneaux spécifiques. C’est sur eux que doit porter l’effort. On ne fera pas revenir de sitôt les grandes chaînes de production nécessitant beaucoup de main d’œuvre, même si les salaires ont tendance à grimper en Chine. Il y aura toujours d’autres pays pour les tirer vers le bas.

Ne rêvons pas, mais ne gâchons pas pour autant les atouts que nous recélons, sans toujours en avoir conscience.