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Celette veut redevenir n°1 mondial du marbre automobile

Reprise en janvier par le Groupe suisse Equinox, l’entreprise de Vienne (Isère) veut repartir de l’avant avec une nouvelle équipe, une stratégie d’intégration et la construction d’une nouvelle usine. Objectif : retrouver sa suprématie sur un secteur où la concurrence est d’autant plus vive que le marché automobile est en crise.

L’année 2008 aurait pu être fatale pour Celette, entreprise créée en 1952 par l’inventeur du marbre automobile, Germain Celette, aujourd’hui disparu. En difficulté financière et sous l’emprise d’un conflit d’actionnaires familiaux, l’entreprise aurait pu, soit être carrément rayée de la carte, soit être reprise pour être étranglée par un concurrent. En tout cas, celle qui a été pendant près d’un demi-siècle le leader mondial du marbre automobile a perdu de sa superbe.

Ses nombreux concurrents, dont Blackwa (Allemagne), Car o Liner (Suède), Chief (USA) ou Spanesi (Italie) en ont profité, avec une certaine efficacité parfois, pour tenter de lui tailler des croupières.

Cette longue période d’incertitude s’est heureusement terminée en janvier 2009 par la désignation par le Tribunal de Commerce de Vienne, de la société suisse Equinox, pour reprendre la soicété dans le cadre d’un plan de continuation, à la suite du redressement judiciaire.

Le siège d’Equinox est basé à Genève, mais elle est en fait constituée par un groupe d’entreprises présentes à Vénissieux (fabrication de joystick pour grues hydrauliques), Herblay (prototypages) et Chelles (emboutissage). Elle pèse 10 millions d’euros et 80 salariés. C’est cette expérience industrielle qui a amené le Tribunal de Commerce à préférer la solution Equinox, parmi les différents candidats, pour la reprise de Celette. Le pari est de taille puisque Equinox reprend plus gros qu’elle : près de 200 salariés et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidés escomptés en 2009, un passif de 4 millions d’euros.

Le plan de reprise qui ne comprenait que 20 suppressions d’emplois sur 180 salariés a aussi joué un rôle non négligeable. Mais c’est surtout la stratégie mise en avant par les deux co-actionnaires à 50/50 d’Equinox, Bernard Cribier et Rémi Porco qui a aussi favorablement impressionné le Tribunal de Commerce. Cette stratégie consiste à intégrer dans Celette les deux autres métiers connexes au marbre automobile, auparavant sous-traités : la soudure et la mesure. « Pour ce faire, nous venons de racheter deux de nos sous-traitants : A2IE à Tours et Elektron à Brême, en Allemagne, ce qui va nous permettre avec l’intégration à 100 % du système de mesure et de proposer des packages complets à nos clients », explique Rémi Porco. Et de préciser : « Les constructeurs, les systèmes d’assurances sont de plus en plus exigeants en matière de traçabilité des réparations de carrosserie. Nous sommes désormais l’un des rares fabricants à pouvoir la fournir.»

La bataille pour la suprématie mondiale du marbre automobile passera aussi par l’innovation. Le labo de Recherche&Développement de Celette a pu sortir ces derniers mois trois nouveaux marbres correspondant à des segments de marché très précis : le « Griffon XL » pour les véhicules utilitaires, « l’ AppU System» pour les nouveaux véhicules low cost des pays émergents, dont la nouvelle Tata indienne, ainsi que « l’E.guan», un système de mesure en 3 D qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet.

Les nouveaux propriétaires de Celette ont dans le même temps remanié profondément les équipes de direction avec de nouveaux directeurs, financier, industriel, marketing produit et de nouveaux patrons à la tête de deux des principales filiales : Chine et USA. La nouvelle direction table d’ailleurs sur un développement important dans ce pays où sa part de marché reste faible. Primordial pour un groupe qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’export. Actuellement, alors que ses marchés européens et français se sont effondrés, son activité est pour une bonne part tirée par l’Asie (30 % du chiffre d’affaires) et l’Inde (15 %) !

Le dernier objectif du Groupe est de construire une nouvelle usine sur le site viennois de 65 000 m2, datant des années 1970 ; et ce, pour rationaliser la fabrication. Une partie de l’investissement, estimé à 4/5 millions d’euros, proviendrait de la vente de près de 40 000 m2 de terrains rendus inutiles. Une société agro-alimentaire serait intéressée. La nouvelle usine pourrait être inaugurée en 2011.

A l’arrivée, si ce plan produit les effets escomptés, Rémi Porco estime qu’une trentaine de nouvelles embauches seraient nécessaires.

Celette aurait alors retrouvé sa suprématie mondiale.

 

Photo : Un tout nouveau marbre, le « Griffon XL » a été récemment présenté pour la première fois au salon de Bologne en Italie. Il le sera en octobre, en France, au salon Equip Auto à Paris. Il est destiné aux véhicules utilitaires.