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Maudit Lyon-New York

L’aéroport de Lyon Exupéry n’aura pas réussi à briser le signe indien !  Pour la troisième fois, la liaison Lyon-New York, objet de toutes les attentions par l’aéroport rhônalpin et sa maison-mère, la CCI de Lyon, fait l’objet d’une suspension. Celle-ci n’est pas encore officielle, mais il suffit de tenter de réserver un Lyon New York après le 4 novembre, pour s’apercevoir d’un passage obligé par l’aéroport d’Heathrow à Londres. La nouvelle est par ailleurs confirmée par l’aéroport rhônalpin.
Que s’est-il donc passé ? A la mi-juillet, tant les autorités aéroportuaire que les responsables de Delta Airlines, la compagnie opérant le vol, avaient fêté le premier anniversaire de la ligne lancée le 8 juillet 2008. Ses responsables s’étaient alors félicité d’avoir pu transporter 50 000 passagers avec un taux de remplissage plus qu’honorable pour une ligne aussi jeune : 75 %. Autre motif de satisfaction pour Air France KLM avec qui cette liaison était effectuée en partage de codes : 15 % des passagers provenaient du trafic de correspondance, d’autres villes de France, mais aussi de Rome ou de Barcelone et d’ailleurs, grâce à l’important hub rhônalpin.
Mais d’autres constats suscitaient d’ores et déjà l’inquiétude quant à la pérennité de cette ligne (lire lyon-entreprises du13 juillet 2009). A commencer par le peu d’enthousiasme de la clientèle entreprises de la Région pour cette ligne, de nombreuses sociétés continuant à faire voyager leurs cadres sur Lufthansa ou British Airways. Or, on sait que ce sont les passagers à haute contribution de la classe affaires qui font la rentabilité d’une liaison aérienne. Or, regrettait déjà la directrice France de Delta, « le taux d’occupation de la classe affaires ne dépasse pas 20 à 30 % ».
Autre handicap sérieux : si la ligne a réussi à drainer les clients des tour opérateurs de la région Rhône-Alpes et de quelques régions avoisinantes, en sens inverse, les Américains ne se bousculaient pas : à peine 20 % seulement des passagers contre 80 % d’origine européenne. Or, on ne connaît pas d’exemple de lignes aériennes qui perdurent avec un taux inférieur à 25 %. Une intense promotion était prévue outre-Atlantique pour renverser la tendance, mais il est d’ores et déjà trop tard. La crise du transport aérien  a plus rapidement que prévu porté un coup à cette liaison, alors que tout le monde espérait que la troisième tentative allait enfin être la bonne.
Un coup fatal ? Si l’annonce de la suspension de ce vol emblématique est durement ressentie, à Saint Exupéry on veut croire qu’il ne s’agit que d’une suspension saisonnière et que les vols reprendront au printemps et en été 2010, une fois la bourrasque de la crise passée.
Tout dépendra alors de la conjoncture du transport aérien pour l’heure en mauvais état et de la politique décidée alors par Delta Airlines qui a effectivement déjà réduit de manière drastique, notamment au départ de Paris, un certain nombre de vols transatlantiques.
A moins qu’Air France reprenne une nouvelle fois le flambeau, en totalité ou en partie ? Pas d’actualité pour l’heure, la compagnie nationale étant dans le rouge comme beaucoup de ses consœurs, seules les compagnies low cost semblant tirer à peu près leur épingle de la crise.
Assurément, il faudra à nouveau beaucoup de ténacité pour vaincre le signe indien…