Renault Trucks : chute libre des ventes en 2009

On le sait bien, le marché du poids-lourd est cyclique. Mais jamais depuis que Renault Trucks existe, le constructeur n’avait vu ses ventes flancher de manière aussi brutale. La courbe ci-contre est évocatrice : la chute est presque verticale.

L’année 2008 s’était terminée sur un record avec des ventes de 76 774 véhicules, tous tonnages confondus. Au 31 décembre 2009, les commerciaux du constructeurs de poids lourds n’ont comptabilisé que 35 601 véhicules vendus. Un recul de 47 %. Une véritable annus horribilis qui illustre plus que tout autre discours la profondeur de la crise que nous avons traversé.

Seule satisfaction du constructeur : il a pu maintenir ses parts de marché, dans le monde et en Europe où celles-ci ont même légèrement progressé à 10,1 %.

Si certains marchés comme ceux de la Russie, de l’Amérique Latine ou de l’Europe de l’Est (- 64 %) ont brutalement flanché, l’Afrique du Nord et l’Asie ont permis d’éviter l’effondrement total à l’export dont les ventes ont tout de même reculé de 13 213 véhicules à 7 079.

Dans ce paysage dévasté, la France fait presque figure d’Eldorado avec un recul de -seulement- 37,2 % dans un marché du poids-lourd en recul de de 38,5 %, ce qui se traduit par un gain de 0,8 % de part de marché. Renault Trucks reste l’incontestable n°1 du poids-lourd (avec 34,7 % de part de marché), suivi de Mercedes (15,5 %) et d’Iveco (11,3 %).

Cette chute libre des ventes n’a pas eu pour l’heure de conséquences graves sur l’emploi : Renault Trucks fait travailler 10 000 salariés en France dont 5 000 dans la région lyonnaise où se situe son siège social. Suite à un accord avec le gouvernement, le chômage partiel concerne, depuis le début de la crise, toutes les catégories de personnel, permettant de maintenir le niveau des salaires net à hauteur de 95 %. Cet accord devait prendre fin en avril. Des négociations sont en cours pour le prolonger jusqu’au mois de septembre prochain.

Mais quel sera alors l’état du marché du poids-lourd ? Heinz Jürgen Löw, directeur de Renault Trucks Europe, n’est pas très optimiste : « Nous nous attendons cette année à une faible reprise de l’ordre de 10 % », reconnaît-il. Mais de préciser « que celle-ci pourrait s’accélérer au cours du deuxième semestre 2010. » Il est vrai aussi que l’attentisme des transporteurs ne pourra s’éterniser : il y aura bien un moment où les flottes de poids-lourds devront être renouvelées.

L’offre commerciale qui verdit de plus en plus pourrait aussi jouer un rôle dans cette reprise. Pour le directeur Europe de Renault Trucks, le mode de motorisation verte proposé à ses clients transporteurs varie selon les gammes. Des poids-lourds électriques circulent déjà dans les villes, mais il s’agit de petits tonnages destinés à la distribution. Un véhicule à gaz arrive sur le marché, de même que des véhicules hybrides diesel/électricité, actuellement en expérimentation à Lyon. Un test est également en cours avec Colas pour tester un véhicule hybride pour le BTP.

Les plus gros efforts engagés portent pour l’heure sur le programme dit « Optifuel » qui permet d’économiser de 6 à 15 % de carburant. Il s’agit d’un pack comportant une formation des conducteurs à une conduite rationnelle, économisatrice de carburant, accompagné d’un logiciel de contrôle et d’un suivi. Trois cents entreprises employant 11 000 chauffeurs ont d’ores et déjà signé. Malgré la crise, le vert reste de mise. Il est vrai que la consommation constitue un argument commercial de plus en plus efficace.