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Ginkyo, la start-up qui se propose de lire l’avenir de votre entreprise

La pratique est courante lors de la cession d’une entreprise : la capitalisation des biens immatériels permet d’appréhender son véritable potentiel, à 5, 6 ou 7 ans, le classique bilan comptable n’illustrant que son passé, fut-il récent.
Créateur de la société Ginkyo issue de l’incubateur Crealys, Pierre Caillet a mis au point un système expert permettant d’évaluer les biens immatériels de l’entreprise à un coût trois à quatre fois moindre que la méthode classique. Avec ses quatre salariés, il vient de se lancer sur ce nouveau marché prometteur.

Si Pierre Caillet, ancien responsable du service informatique de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry a baptisé sa start-up Ginkyo c’est que pour lui ce nom traduit un message fort. Cet arbre a de profonde racines. A l’instar des biens immatériels de l’entreprise, invisibles qu’il se propose, lui, après de longs mois de recherches et d’études, de rendre visibles au meilleur rapport qualité/prix.

On connaît bien sûr le traditionnel bilan comptable. Indispensable, il ne permet cependant pas d’évaluer le potentiel d’une entreprise. Le bilan immatériel permet a contrario d’évaluer à la fois son capital relationnel (la qualité des relations qu’elle entretient avec ses clients, ses actionnaires, ses fournisseurs, ses partenaires) ; son capital humain (ses compétences, ses savoir-faire, ses expériences, le degré de satisfaction du personnel, etc.) et enfin son capital structurel (ce qui reste dans l’entreprise une fois enlevé l’humain : l’organisation, la gouvernance, les marques, la R&D, les systèmes d’information). Tous éléments qui permettront de dire si oui ou non cette entreprise a un réel avenir.

Lors d’une cession d’entreprises les banquiers et les acquéreurs demandent systématiquement à ce qu’il soit procédé à un tel bilan. En Europe du Nord, pour des questions d’images et de culture, beaucoup d’entreprises font appel aux sociétés d’audit spécialisées dans ce type de rapport.

A une époque où grâce à la crise, on tente de ne plus gérer à court terme, mais à prendre en compte le moyen et le long terme, voire le développement durable, de tels bilans immatériels  sont dans l’air du temps.

C’est la raison pour laquelle Pierre Caillet, épaulé depuis un an par l’incubateur Crealys et avec l’aide du LIESP et de Coactis, deux laboratoires de recherche de l’Université Lyon 2, a créé la société  Ginkyo basée à Collonges-aux-Monts-d’Or (Rhône). Son entreprise qui vient de démarrer ses activités propose aux  PME de 50 à 1 000 salariés, d’élaborer leur bilan immatériel au meilleur rapport qualité prix : 5 000 euros en moyenne, alors que l’élaboration traditionnelle avec des consultants envoyés sur place par des cabinets d’audit revient trois à quatre plus cher.

Par quel miracle ? L’informatique, bien sûr, spécialité de Pierre Caillet qui est notamment passé au cours de sa carrière par le Laboratoire Gate (Groupe d’Analyse et Théorie Economique). Le créateur de Ginkyo a mis au point une plate-forme technologique dédiée au reporting du capital immatériel qui permet de traiter près de mille indicateurs, reflétant la complexité de l’entreprise.  

Des questions sous forme de mails atterrissent dans les services, chez les clients, les sous-traitants, les fournisseurs, les salariés. Les réponses sont recoupées, étudiés à la loupe. Puis analysées enfin, pour donner lieu à un rapport (un IC-Report pour Intellectuel Capital) d’une quinzaine de pages, agrémenté de tableaux. « Un rapport établi selon les critères des recommandations européennes visant à améliorer la transparence et la communication financière des entreprises », souligne Pierre Caillet.

Ce dernier qui a commencé la commercialisation de son concept auprès des PME de Rhône-Alpes vient de signer son premier contrat : avec le plasturgiste APR de Saint-Symphorien-d’Ozon (Rhône). « Nous nous rapprocherons dans un deuxième temps des grands cabinets d’audit, de fusion-acquisition, de fonds d’investissement, en vue de commercialiser notre offre en « marque blanche ». Cela signifie que Ginkyo s’effacera derrière son client qui vendra les prestations de la société de Philippe Caillet sous son propre nom.

Toujours dans l’air du temps, : Pierre Caillet poursuit ses recherches pour élaborer de la même manière, un rapport dédié, lui, au développement durable.

Le patron de Ginkyo (5 salariés et 100 000 euros de chiffre d’affaires escomptés en 2010) en est persuadé : « Nous proposons aux dirigeants, aux directeur des affaires financières un nouvel outil de communication. L’image financière a un impact direct sur la capacité de développement et d’investissement de l’entreprise : elle doit pourvoir générer de la confiance, grâce à une information sur ce qui fait l’essentiel de sa valeur : son capital immatériel. »

Il ne lui reste plus qu’à convaincre les chefs d’entreprises…

Illustration : S’appuyant sur l’arbre Ginkyo aux profondes racines, croquis illustrant la démarche  de la start-up, visant à mettre au jour la face cachée d’une entreprise : son capital immatériel.