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Dans notre imaginaire, la guerre économique se jouait sur des théâtres étrangers avec l’usage de coups fourrés et de corruption pour se disputer des marchés et maintenir les emplois. Il semble que, de la même manière que le terrorisme a changé la manière d’envisager les guerres classiques, la guerre économique ait changé de forme avec le développement de nouvelles élites dans les pays émergents, le renchérissement de l’énergie et les délocalisations de la production.

Des masses de capitaux importantes se trouvent au Moyen Orient, en Chine, en Inde et dans les autres pays asiatiques et l’on voit apparaître de nouvelles puissances financières, les fonds souverains.

Citons en quelques uns. La Deutsche Bank dans son classement 2007 pointe les plus importants : Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), 875 milliards de dollars – Divers fonds d’Arabie Saoudite, pour 300 milliards de dollars – Government of Singapore Investment Corporation (GIC), 330 milliards de dollars – China Investment Company Ltd (CIC), 200 milliards de dollars – et, tout de même, en Europe, le Government Pension Fund Global (GPFG), 322 milliards de dollars.

Ces fonds étatiques géreraient plus de 3 000 milliards de dollars d’investissements, soit deux fois plus que l’industrie des fonds spéculatifs (hedge funds). Leur fortune pourrait atteindre 10 000 milliards de dollars dans dix ans.

Ils sont en train de pénétrer le système bancaire mondial. Ils ont pris d’importantes participations dans des banques comme Citigroup, les britanniques Barclays et Standard Chartered, le bancassureur belgo-néerlandais Fortis, l’Union des banques suisses, avec la banque américaine d’investissement JP Morgan. Compte tenu de la situation liée à la crise financière mondiale ces « infiltrations » ne sont pas terminées.

Ces investissements permettent à ces investisseurs d’un nouveau genre d’acquérir des participations très significatives assorties de sièges dans les conseils d’administration. Ils leur donnent accès à la gouvernance du système économique mondial.

Ils sont bien accueillis car ils apportent des solutions de recapitalisation à court terme à des entreprises rendues exsangues par des prises de risque non maîtrisées. Sur le moyen-terme, il n’est pas exclu que de profonds changements soient à l’œuvre fondés sur des stratégies de long terme anticipant la diminution des réserves d’énergies fossiles. L’arrogance traditionnelle de l’Occident par rapport aux Pays Emergents ne devrait pas nous rendre myopes par rapport aux jeux de pouvoir qui se jouent sur fond de crise financière mondiale.