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Reprise : quelques petits signes printaniers

Des statistiques toutes fraiches émanant de la Coface, d’une part et de la CCI de Lyon, d’autre part, fournissent des indications intéressantes sur la conjoncture régionale. Elles confirment que Rhône-Alpes a été, des vingt-deux régions françaises, celle ayant connu le plus grand nombre de défaillances d’entreprises, avec une hausse de 22,3 % au cours des douze derniers mois, menaçant 22 411 emplois. En revanche, début mars, quelques indicateurs (embauches, perspective de chiffre d’affaires à court terme, investissement, notamment) ont frémi. Légèrement. L’heure n’est pas encore à l’euphorie.

Quatre entreprises rhônalpines : Antaeus à Lyon et la Compagnie d’hôtels à Archamps en Haute-Savoie (services aux particuliers, respectivement 28 et 8 millions de chiffre d’affaires), Renolift, spécialisée dans les ascenseurs à Meyzieu (26 millions de CA) et France Turbo qui fabriquait des cheminées et des poêles à bois à Valence (13 millions de CA), ont figuré parmi les vingt plus grosses défaillances d’entreprises hexagonales en février dernier. Une grosse entreprise hexagonale sur cinq en liquidation était rhônalpine !

Ce pourcentage impressionnant constitue bien l’illustration que nous ne sommes pas encore sortis de la crise et que la reprise est poussive.

Région industrielle et chimique, Rhône-Alpes se situe aux avant-postes. Selon la Coface, de toutes les régions de France, Rhône-Alpes est celle qui, en un an, a vu le pourcentage d’entreprises défaillantes croître le plus vite : + 22,3 %, ce qui en cumul de février 2008 à février 2009, représente 7 347 entreprises ayant mis la clef sous la porte. Il y a un an, à ce même tableau des défaillances d’entreprises, Rhône-Alpes ne figurait qu’à la 14 ème place ! A comparer par exemple avec une autre région industrielle-la Lorraine-qui a vu le nombre de ses entreprises défaillantes n’augmenter que de 0,9 % sur un an !

2 248 salariés avaient vu en ce mois de février leur emploi menacé dans la région, ce qui en cumul représente sur les douze derniers mois 22 411 salariés risquant de voir leur emploi disparaître, soit une hausse de 40 % !

Ce n’est malheureusement pas surprenant car les secteurs les plus touchés par la crise sont ceux qui sont les mieux représentés en Rhône-Alpes, à l’instar des métaux (défaillances en hausse de 50 % en un an). Or, la région est la première région mécanicienne de France ; mais aussi les biens d’équipements industriels (la région est la première pour la sous-traitance) et la pharmacie.

Les entreprises les plus touchées : les PME. « Celles-ci ont vu le nombre de leurs défaillances progresser beaucoup plus vite que les autres catégories d’entreprises », affirme la Coface.

Ce tableau peint de couleurs sombres n’est heureusement pas figé. Il tend heureusement et très, très progressivement à s’améliorer. Non seulement les défaillances ont tendance à se stabiliser, mais entre janvier et février 2010, elles ont même diminué au niveau hexagonal : – 8,2 %. Rhône-Alpes a ainsi affiché 680 défaillances d’entreprises le mois dernier.

Faut-il pour autant désespérer ? Non bien sûr, car même si elle est molle, la reprise est bien enclenchée. Ce que confirme une autre volée de statistiques, celles de la CCI de Lyon qui, depuis le début de la crise ausculte chaque mois une centaine d’entreprises de la région lyonnaise.

Pour la première fois depuis qu’existe ce baromètre, l’aiguille a frémi de manière positive lors de la dernière enquête datant de début mars 2010. S’ils restent contrastés, les signes de reprise s’accentuent . Ainsi, 53 % des industriels interrogés disent sentir des signes positifs ou avoir été épargnés jusqu’à présent par la crise. Un net progrès : ils n’étaient que 45 % en février.

Même optimisme un peu accentué à court terme pour l’évolution des chiffres d’affaires : 39 % des entreprises s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires au cours des trois prochains mois, contre 29 % en février.

Autre signe un tantinet printanier : le nombre d’entreprises prévoyant une hausse de leurs effectifs progresse : 34 % début mars, contre 25 % début février. Il ne subsiste que 8 % d’entreprises prévoyant une diminution de leurs effectifs. Même l’investissement repointe le bout de son nez : 16 % des industriels déclarent lancer des projets d’investissement.

Ce n’est pas encore le printemps de l’économie, mais le paysage qui a été bien dévasté commence à reprendre quelques couleurs.

Illustration : source, Coface.