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Création de 200 emplois près de Grenoble : le pari sur l’avenir de l’Indien CG

Va-t-on réussir en Rhône-Alpes à transformer l’avance régionale en matière de smart-grids en emplois industriels ? Dernier arrivant dans la course à la fabrication du compteur communicant Linky, la société indienne CG n’a qu’une petite part du marché, mais investit néanmoins 4 millions d’euros. Mais derrière, c’est une part beaucoup plus importante du gâteau Linky qu’il vise…

Linky, le petit compteur électrique jaune nouvelle génération qui communique via Internet est l’objet de toutes les convoitises. Testé avec succès dans l’agglomération lyonnaise, il est en train de gagner la France.

ERDF, le réseau de transport d’électricité qui gère son déploiement a prévu de remplacer tous les compteurs de l’Hexagone, ce qui représente tout de même…35 millions de compteurs à changer, d’ici 2021. Un marché énorme évalué à 5 milliards d’euros.

Pour démarrer, un premier appel d’offres a été lancé, portant sur trois millions de compteurs. Six entreprises ont été choisies par ERDF. La toute dernière choisie, la société indienne CG (*), dirigée par le Français Laurent Demortier a pourtant, décidé après études entre différents sites, de construire une usine à Fontaine près de Grenoble.

L’unité de fabrication des compteurs Linky opérationnelle en mars 2015

Symbole d’une ré-industralisation ? CG s’installe sur 1 400 m2 au sein de l’ancienne unité de fabrication de PhotoWeb, au cœur d’une des plus vieilles zones industrielles de la région : la ZI des Vouillants, datant des années 50. Un investissement de 4 millions d’euros.

Elle n’installera dans un premier temps qu’une première ligne de fabrication qui sera opérationnelle en mars 2015. Une manière de « voir », comme au poker. Car derrière, si tout se passe bien, ce sont encore 32 millions de compteurs qu’il va falloir fabriquer, susceptible de créer près de 10 000 emplois en France. Et CG entend bien récupérer une part de cet énorme marché.

Laurent Demortier compte bien donner le jour à une entreprise performante au niveau européen, du même niveau de celle que CG possède déjà à Bilbao en Espagne. Ce qui lui permettrait non seulement de répondre aux appels d’offres d’ERDF qui vont suivre au cours des années à venir, mais aussi se servir de l’unité de Fontaine pour exporter en Europe d’autres compteurs du même type.

Deux cents emplois directs et indirects

Au-delà des deux cents emplois directs et indirects annoncés dès le début de l’année prochaine dans cette unité de fabrication, c’est donc un enjeu beaucoup plus large qui se joue.

La question est simple. En matière de recherche, d’expérimentation, de sous-traitance, la région Rhône-Alpes est la première région française en termes de smart-grids, ces réseaux électriques intelligents qui relient l’Internet à l’électricité, permettant une gestion très fine de la consommation. Une démarche imposée par Bruxelles pour lutter contre le réchauffement climatique.

Or, justement, en matière de smarts grids Rhône-alpes représente plus de 40 % des expérimentations françaises en cours.

Le dernier chaînon, celui de l’industrialisation a donc une chance sérieuse de prendre pied dans la région si le pari industriel de Laurent Demortier aboutit

Ce dernier explique que s’il a choisi Grenoble parmi dix sites en concurrence, pour installer cette usine, cela tient à la qualité de l’écosystème smart grids local : « On y trouve toutes les ressources industrielles, en termes de sous-traitants, mais aussi universitaires dont nous allons avoir besoin », explique-t-il.

Pour le Pdg de CG, deux facteurs joueront favorablement ou non, en faveur du succès de CG à Grenoble : « Que nous devenions un acteur impliqué localement, dans le pôle de compétitivité Tenerddis, notamment ; et que nous ayons un véritable retour sur investissement de nos installations isèroises, car actuellement, vendre auprès de nos actionnaires le fait de fabriquer en France est plutôt difficile… »

Un Institut national smart-grids à Grenoble ?

Une bonne part des composants du compteur Linky qui sortira de l’usine, seront conçus sur place, à commencer par la carte électronique, un des éléments essentiels.

Un autre enjeu figure derrière la création de cette nouvelle unité de fabrication : l’installation d’un Institut National Smart-Grids, lancée à l’initiative du ministère de l’Industrie. Grenoble qui postule est l’un des candidats les plus sérieux à cette implantation qui ferait sens.

(*) La société indienne CG cotée dans différentes Bourses asiatiques est un des leaders mondiaux de la gestion et de l’exploitation de l’énergie électrique. Elle possède 47 usines dans le monde, affichant un effectif de 15 000 salariés dans 85 pays. Paradoxalement, elle était encore peu présente en France, avec 56 personnes seulement. Cette implantation grenobloise devrait lui permettre de rattraper le retard pris à cet égard. Eléments encourageants : c’est en Europe que le Groupe croît actuellement le plus : + 17 %.