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Difficulté de recrutement des entreprises : le Medef Rhône-Alpes tire la sonnette d’alarme

Près de 400 000 au niveau national, environ 40 000 en Rhône-Alpes, 15 000 pour la seule métallurgie : en créant un Observatoire, le Medef a quantifié les difficultés de recrutement des entreprises. Elles sont de moins en moins supportées par les entrepreneurs qui veulent que l’on pallie enfin à ce problème entravant le développement d’un certain nombre de secteurs économiques, à commencer par la métallurgie.

 Lorsque l’on parle d’emplois non pourvus et de secteurs sous tension, les chiffres les plus variés circulent, faute d’études véritables. 200 000, 600 000, plus, moins ?

 Le Medef a voulu savoir ce qu’il en était précisément et a créé pour ce faire, un Observatoire national des difficultés d’embauches des entreprises, TEC (Tendances Emploi Compétence), dont le but est, en récensant précisément les besoins, de permettre une meilleure efficience du marché du travail.

 Cet Observatoire interroge ainsi régulièrement un panel de 25 000 entreprises. Le chiffre est tombé : « Le nombre d’emplois non pourvus à l’heure actuelle en France est d’environ 400 000, notamment dans la mécanique, l’électricité, la maintenance, l’informatique, les métiers de bouche, la santé et les aides à domicile », commente Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes.

 « Un recrutement sur quatre s’effectue avec difficulté en Rhône-Alpes »

 Il ajoute : « Nous avons un réel problème, dans notre pays, pour satisfaire les besoins en qualifications et en compétences de bon nombre d’entreprises et de leur marché : d’après la dernière enquête de cet Observatoire publiée fin septembre 2013, un recrutement sur quatre s’effectue avec difficulté en Rhône-Alpes ! »

 Céline Hugot, Pédégère de Viollet Industrie, une PME de la mécanique en Haute-Savoie et présidente de la Fédération des Industries Mécaniques (FIM) Rhône-Alpes précise que son secteur est l’un des plus touchés. « Dans les seules industries mécaniques, nous estimons que près de quinze mille emplois ne sont pas pourvus. Il devient pour nous très difficile de trouver un chaudronnier, un tuyauteur, un soudeur, voire même un technicien de maintenance. Dans ma propre entreprise qui compte vingt salariés nous recherchons deux profils pour deux postes que nous n’arrivons pas à pourvoir depuis des mois », regrette-t-elle.

 La solution réside-t-elle comme l’estime le Président de la République dans un important programme de formation en direction des chômeurs de Pôle Emploi, en réorientant les budgets vers 30 000 chômeurs cette année et 70 000, l’année prochaine ?

 « Je ne pense pas que ce soit là la solution. Elle ne consistera pas à former seulement des chômeurs, mais bien à reprendre le système à la base », estime Bernard Gaud.

 Reprenant l’antienne du Medef, pour lui, « l’alternance constitue un moyen privilégié pour l’entreprise de former ses futurs collaborateurs et pour les jeunes d’apprendre un métier et de réussir leur entrée dans la vie professionnelle : en France, moins de 10 % des jeunes qui arrivent sur le marché du travail sont passés par l’alternance ou l’apprentissage contre 50 % en Allemagne ou en Suisse où le chômage des jeunes est beaucoup moins important que chez nous. »

 « Un système qui tourne sur lui-même »

Et de lancer : « Nous sommes dans un système qui tourne sur lui-même. C’est le résultat de décennies de montée en puissance d’une mécanique qui s’est éloignée d’année en année du monde de l’entreprise. Il faut que les entreprises reprennent la main sur la formation professionnelle. »

L’autre levier qui favorisera la création d’emplois, toujours selon Bernard Gaud qui préside aussi la Commission Simplification du Medef, est l’allégement des contraintes réglementaires.

 Pour lui, le Gouvernement, s’il annonce agir, est loin de mettre en œuvre les mesures nécessaires. « Conscient de la nécessité d’un choc de simplification, le Gouvernement a présenté un projet de loi pour agir dans ce domaine.  Mais, non seulement, ce projet est un véritable fourre-tout, sans lisibilité et sans vision, mais il faut surtout aller plus loin », dénonce-t-il.

 Photo (DL)-Céline Hugot, Pédégère de Viollet Industrie, une PME de la mécanique en Haute-Savoie, présidente de la Fédération des Industries Mécaniques (FIM) Rhône-Alpes : « 15 000 emplois de la mécanique ne sont pas pourvus dans la région ».