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EDF prié par Nicolas Sarkozy de rééditer Lejaby en reprenant Photowatt

Le suspens sera de courte durée le mardi 21 février, lorsque le tribunal de commerce de Vienne (Isère) délibérera pour choisir le repreneur de Photowatt. A 99,99 % ce devrait être EDF. C’est le président de la République lui-même qui l’a annoncé en marge de sa visite à la centrale nucléaire de Fessenheim. Comme pour Lejaby avec Bernard Arnault, Pdg de LVMH, il a fait pression sur un autre de ses proches, Henri Proglio, le Pdg d’EDF, guère enclin à la reprise de cette société en redressement judiciaire. Le président de la République ne veut laisser ce dossier politique, comme Lejaby, traité pas personne d’autre. Il sera mardi 14 février à Bourgoin-Jallieu avec ses ministres pour annoncer lui-même la nouvelle aux salariés. Et sans doute répondre aux nombreuses interrogations qui restent en suspend.

« J’aurai l’occasion la semaine prochaine de me rendre, avec les ministres, chez Photowatt parce que, grâce à EDF, nous présenterons aux salariés de Photowatt une formule de reprise industrielle… »

La veille du jour du dépôt des candidatures à la reprise du fabricant de panneaux photovoltaïque Photowatt, sur le bureau du président du tribunal de commerce de Vienne (Isère), on savait déjà qui l’emporterait : EDF. C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui l’a annoncé lors de sa visite à la centrale nucléaire de Fessenheim.

La date du 21 février fixée par ce même tribunal de commerce pour opérer le choix du candidat ne devrait constituer qu’une formalité… Le président de la République ayant mis tout son poids pour que ce soit l’énergéticien national le repreneur, même s’il lui a fallu pour cela tordre quelque peu le bras d’un de ses proches, Henri Proglio, guère enclin à reprendre le fabricant de panneaux photovoltaïque, en panne.

C’est ce que confirme à l’AFP la députée de l’Isère, Geneviève Foriaso qui était intervenue peu avant auprès du patron d’EDF : « Proglio m’avait dit qu’il n’était pas là pour racheter les canards boîteux. Et maintenant, à deux mois des élections, on impose à EDF de reprendre Photowatt. »

Un simple communiqué d’EDF, tombant vendredi dernier annonçait la couleur : « Le groupe EDF, via sa filiale EDF Energies Nouvelles, a déposé une offre pour la reprise des activités de Photowatt. »

L’explication qui suit se tient néanmoins puisqu’EDF était déjà lié dans la recherche avec Photowatt : « Photowatt détient 40 % de PV Alliance, société de recherche et de développement dans le domaine des technologies photovoltaïques au sein de laquelle EDF NR détient déjà une participation de 40 % aux côtés du CEA (20 %) », explique le communiqué.

Et EDF de rappeler que « EDF NR et le CEA ont investi depuis 2008 dans PV Alliance qui a vocation à développer deux technologies silicium : l’homojonction, technologie classique la plus utilisée dans le monde et l’hétérojonction, technologie actuellement en cours de développement, permettant de fabriquer des cellules silicium à haut rendement, supérieur à 20 % »

Reste que mardi 14 février, devant les salariés de Photowatt, Nicolas Sarkozy devrait être bombardé de questions car pour l’heure, EDF n’en dit pas plus sur les modalités de l’opération. Les 442 salariés de Photowatt seront-ils tous repris par l’électricien national ? Il semblerait que non, ce serait le cas pour 85 % d’entre eux, Quel sort sera alors dévolu aux autres salariés ? Seront-t-ils embauchés en interne par EDF .? Dans la région, ailleurs ?

D’autres questions, de fond, se posent aussi : prié de reprendre Photowatt, EDF via sa filiale EDF Energies Nouvelles a-t-elle une véritable stratégie de développement du photovoltaïque ou cette reprise, très politique, n’est-elle destinée qu’à durer que le temps de remettre à flot l’entreprise ?

Il faut bien remettre cette annonce présidentielle dans son contexte. C’est le gouvernement actuel qui, à travers un moratoire concernant la filière photovoltaïque et la forte chute des subventions à l’électricité produite qui s’en est ensuivie, a très fortement fragilisé Photowatt.

Selon tous les spécialistes, la recherche évolue dans ce domaine tellement vite, qu’en 2015/2016, en France, le prix de l’électricité photovoltaïque devrait rattraper celui de l’énergie traditionnelle. Elle n’aura donc plus besoin d’être subventionnée pour croître et prospérer. Le photovoltaïque deviendrait alors une des voies les plus prometteuses de production d’énergie renouvelable.

Telle est également l’anlayse de René Ricol commissaire général à ‘linvestissement qui, suivant de très près ce dossier pour Nicolas Sarkozy, a fait aussi pencher la balance. Il estime que la France ne peut passer à côté de ce secteur, la crise actuelle étant seulement conjoncturelle et non structurelle.

C’est ce qu’a bien compris Nicolas Sarkozy avec cette volte-face qui, non seulement va permettre de sauver des emplois, mais devrait aussi redonner de l’allant à une filière émergente, constituant pour Rhône-Alpes, un important potentiel.

Photo (Pool Images) : Nicolas Sarkozy lors de sa dernière et récente venue en date dans le Nord-isère, au milieu des salariés de Seb à Pont-Evêque.