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Elle équipe 80 % des avions : la société grenobloise Memscap prend enfin son envol

La Bourse qui agit comme un baromètre ne s’y trompe pas : l’action de la société Memscap a gagné 65 % depuis le début de l’année. Dans le rouge depuis plus de cinq exercices, la société a réussi en décembre une augmentation de capital et engrange les bonnes nouvelles semaine après semaine. Elle devrait être à l’équilibre cette année. Son créateur, le franco-libanais Jean-Michel Karam devrait enfin tirer partie d’un parcours difficile dans un monde des « mems » à la fois volatil, mais aussi très prometteur.

Vous connaissez sans doute plus les fameuses sondes Pitaud soupçonnées d’être à l’origine du crash du vol d’Air France 447 Rio Paris… et sans doute beaucoup moins les sondes Memscap, du nom d’une société installée à Grenoble. Pourtant ces dernières supplantent largement les premières. Elles équipent actuellement près de 80 % des avions volant de par le monde.

Cette société de 80 salariés est le leader européen des « mems », des mécanismes très sophistiqués, souvent de toute petite taille, basés sur des systèmes micro-électro-mécaniques (*).

Son créateur et Pdg, jean-Michel Karam, un franco-libanais qui a vécu la guerre civile de ce petit pays voisin de la Syrie a appris à tenir la barre par gros temps. Mille fois, Memscap, société créée en 2002 en Isère aurait pu sombrer. A chaque fois, Jean-Michel Karam a su convaincre les investisseurs et la remettre dans le droit chemin.

Il a su conserver son équipe dopée par une Recherche&Développement représentant près de 20 % de son chiffre d’affaires, malgré des exercices successifs désespérement dans le rouge.

Cet homme à l’optimisme indéracinable est sans doute en train de voir le bout du tunnel. Après une nouvelle année 2011 difficile, Memscap devrait enfin voir ses comptes à l’équilibre cette année.

Ce retour à meilleur fortune était déjà dans les résultats du 4ème trimestre qui a vu le résultat opérationnel à l’équilibre et le résultat net en retrait de 0,1 million d’euros seulement, contre -1 million d’euros un an plus tôt. Mieux, le chiffre d’affaires a crû de 54 %.

Cette croissance devrait perdurer en 2012. Jean-Michel Karam la prévoit à 45 %. Après une augmentation de capital réussie à la surprise générale au mois de décembre dernier, la société engrange chaque semaine de bonnes nouvelles sur ses différents marchés. La Bourse ne s’y trompe d’ailleurs pas. Après avoir boudé longtemps le titre, elle lui a redonné des couleurs par le biais d’une hausse de 65 % depuis le 1er janvier 2012.

Jean-Michel Karam explique : « Nous sommes dans des métiers qui mettent du temps à devenir mature. Il faut quatre ans entre le moment où nous proposons un mems et celui où il est industrialisé. Il faut qu’il soit qualifié, puis que la fabrication du produit qui l’incorpore, à l’instar des avions, par exemple, soit lancé. Mais une fois que c’est lancé, nous sommes inexpugnables.» Or, cette maturité est en train de naître pour la plupart de ses trois principaux métiers.

L’aéronautique est le premier métier de Memscap. Près de 80 % des avions sont dotés de quatre capteurs de pression de 250 euros pièce. Désormais, Jean-Michel Karam propose des modules complets, ce qui va permettre de multiplier le prix par dix : 2 500 euros. Il a réussi à faire aussi entrer ses capteurs dans la cabine, ce qui permettra d’avoir 7 à 8 capteurs dans les avions.

Memscap est également présent dans l’optique : la société vend des modules accompagnant la fibre optique. Un marché dont elle détient 70 % du marché :

Son troisième métier, le médical est, lui aussi, en forte croissance. « une des sources majeures de croissance », selon Jean-Michel Karam. Memscap est notamment présente dans deux innovations médicales. Dans le cœur artitificiel de la société française Carmat qui a fait une entrée remarquée en Bourse : Memscap a emporté le marché, via ses capteurs de pression sanguine.

Une seconde innovation va bouleverser les colescopies qui permettent de détecter le cancer du colon. Plus besoin d’intervention chirurgicale. Une pilule dotée de deux mini-caméras et d’un capteur Memscap permet de détecter les éventuels polypes. Fournisseur exclusif, Memscap produit déjà 2 500 capteurs par mois. Et ce n’est qu’un début car les feux verts de la FDA américaine et de son équivalent japonais sont attendus, ce qui va faire exploser ce nouveau marché.

« Nous avons devant nous dix-huit mois de cash et beaucoup de potentiel. Dans la conjoncture actuelle, je n’ose pas dire que tout va bien, alors que tout le monde parle de crise… », conclut à voix basse Jean-Michel Karam.

(*) Les Mems associent la micro-électronique des semi-conducteurs et la technologie du micro-usinage réalisant ainsi des systèmes entiers sur une puce.

Photo (DL) : Jean-Michel Karam, Pdg de Memscap : « Je n’ose pas dire que tout va bien… ».