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Le duo Philippe Starck/Serge Trigano construit à Lyon un hôtel qui bouscule les codes

En compagnie du designer Philippe Starck, l’ancien Pdg du Club Med, Serge Trigano, construit à Lyon un hôtel 2 étoiles luxe (!) à l’enseigne « Mama Shelter » qui sera doté d’un restaurant à la cuisine inspirée du chef de Lucas Carton, Alain Senderens. Cassant les codes traditionnels de l’hôtellerie, cet établissement de 156 chambres sur six niveaux, se veut « un lieu de brassage et de métissage » à la décoration particulièrement décalée et originale. L’opération est portée par le promoteur immobilier lyonnais Cardinal qui investit dans l’affaires 30 millions d’euros, avant d’accompagner Serge Trigano dans son futur hôtel bordelais.

Qu’est devenu Serge Trigano après avoir été évincé il y a une dizaine d’années de la direction du Club Med ? C’est de famille : il est resté dans le tourisme, mais cette fois, versant hôtelier.

Avec ses deux fils et un autre iconoclaste comme lui, Cyril Aouizerate, il a créé une chaîne d’hôtels, plutôt hors norme. Après Paris, Marseille et Istanbul, le quatrième établissement signé Trigano est en construction à Lyon, très précisément dans le 7ème arrondissement de Lyon, rue Domer, non loin des Universités.

Le concept qu’il a élaboré avec le célèbre designer Philippe Starck ne correspond assurément pas aux canons traditionnels de l’hôtellerie. Baptisé « Mama Shelter » (traduction littérale : l’abri de maman), le futur hôtel lyonnais est « bien plus qu’un endroit oû dormir, un kibboutz urbain, un monastère laïc, un lieu ou l’on se sent à l’abri, où l’on se rassemble autour d’un plat à partager, de musiques, de rencontres incongrues », lit-on dans le dossier de presse.

Lorsque l’on veut en savoir plus, Serge Trigano est volontiers disert : «Ce sera un hôtel ouvert sur le quartier où les gens se mélangent. On pourra y manger aussi bien pour quelques euros que pour 50 euros. Ce sera un hôtel de brassage et de métissage dans la lignée de la culture urbaine où l’on pourra écouter de la musique jusqu’à deux heures du matin. Nous voulons en faire un lieu ouvert offrant le luxe à prix doux : la première chambre démarrera à 75 euros, le prix moyen étant de 120 euros. »

Rien d’étonnant, s’il ajoute que lorsqu’il avait ce concept en tête, il est allé frappé sans succès à la porte des banques et des investisseurs pour financer son projet. Il ne s’est pas découragé pour autant ayant finalement trouvé non sans mal des financiers désireux aussi de sortir des normes. Pour ses hôtels de Lyon et Marseille, ce sera le premier promoteur rhônalpin…en immobilier de bureaux, le Groupe Cardinal qui finance et construit le bâtiment, loué et géré par Serge Trigano et son Groupe. Un investissement de 30 millions d’euros. Cette opération sera d’ailleurs complétée par la construction d’un immeuble de studios pour étudiants. Sur la même base, Cardinal est également le promoteur du quatrième « Mama Shelter » de Bordeaux qui sera situé à deux pas de l’hôtel de ville.

Le « Mama Shelter » lyonnais se déploiera sur sur six niveaux développant 7 200 m2. Il comportera 156 chambres, ainsi que des salles pour séminaires d’entreprise. L’hôtel sera en outre équipé en objets communicants par Apple, la firme à la pomme étant aussi partenaire de Serge Trigano.

La façade gris anthracite signé de l’architecte lyonnais Yann Beretta (BBC architecte) fera sans doute jaser. Tout autant que le mobilier décalé signé du designer Philippe Starck qui a pris par ailleurs des parts dans la société. A table, c’est Alain Senderens, le chef du restaurant parisien, Lucas Carton qui inspirera les menus.

Surfant sur la vogue grandissante du tourisme urbain dont le développement a été particulièrement sensible cet été à Lyon, Serge Trigano a trouvé aussi un moyen de se distinguer dans un monde hôtelier particulièrement uniforme d’un bout à l’autre de la planète.

Il existe manifestement un créneau pour les hôtels qui sortent des normes Son premier « Mama Shelter » basé dans le 20ème arrondissement à Paris a réussi à équilibrer ses comptes dès la deuxième année.

Même si le « Mama Shelter » lyonnais veut offrir « un luxe abordable » selon Serge Trigano, il ne devrait obtenir que deux étoiles. Explication du Pdg : « L’hôtel n’offre que des douches et la classification trois étoiles impose des baignoires. » Mais ce n’est pas le genre de détail susceptible d’arrêter l’ancien GO en chef du Club Med.

Photo : Le futur hôtel « Mama Shelter » : 7 190 m2, six niveaux et 154 chambres décorées par le designer Philippe Starck.