Ouverture d’un « Village de Marques » à Villefontaine, près de Lyon : la dernière manche

Paris, Bordeaux, Strasbourg, Troyes qui en a fait sa spécialité, toutes ces communes sont dotées en périphérie de « Villages de marques », magasins vendant des produits de luxe à prix d’usine.

 La plupart, mais pas Lyon qui avait jusqu’à présent réussi à échapper à cette tendance lourde de la distribution. Seule la ville de Romans s’est dotée d’un tel équipement commercial de soixante-cinq boutiques en Rhône-Alpes.

 On comprend dès lors qu’un tel équipement situé à proximité de la deuxième agglomération de France et ses 1,3 million d’habitants excite les appétits des promoteurs et exploitants.

 Après…huit années de procédures, l’un d’entre eux, la Compagnie de Phaslsbourg, accompagnée de la société Freeport, filiale du britannique Carlyle, qui doit en assurer la commercialisation, est sur le point de parvenir à ses fins.

 Après avoir reçu un avis très négatif (quinze voix contre, cinq pour et une abstention) de la Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) de l’Isère à Grenoble, le projet intitulé « Village de marques » et basé à Villefontaine, à trente minutes de voiture de Lyon, a en revanche reçu la semaine dernière le feu vert de la Commission nationale d’aménagement commercial (CNAC).

 Pour autant, la course d’obstacles n’est sans doute pas terminée puisque les principaux opposants à ce projet, en l’occurrence la Fédération des Groupements commerciaux du Nord-Isère ont aussitôt formé le dernier recours à ce projet, en direction cette fois du Conseil d’Etat et du tribunal administratif. Il s’agirait, selon son chef de file, René Vial par ailleurs candidat indépendant aux législatives dans la 10ème circonscription de l’Isère, d’attaquer cette fois la validité du permis de construire.

 Ce projet pourrait prendre ainsi à nouveau du retard : le délai moyen d’instruction en Conseil d’Etat oscille d’ordinaire entre six mois et un an.

 Mais les partisans de cet équipement, à commencer par Raymond Feyssaguet le maire (divers droite) de la commune d’implantation, Villefontaine, qui regrette ce nouveau retard, y croit plus que jamais.

 Il s’agit de construire, sur une superficie de 25 000 m2, une centaine de boutiques d’équipement de la personne, au lieu-dit « Le Couvent », non loin d’une bretelle de sortie de l’Autoroute A 43 Lyon Grenoble et de la RD 1006. Ce site devrait d’ailleurs également accueillir à proximité la future cité judiciaire nord-isèroise.

 Le Village rassemblerait des marques de luxe et de griffes haut de gamme, le tout dans un cadre doté d’une architecture contemporaine signée de l’architecte Gianni Ranaulo. Le projet est assorti d’un parking de 1 500 places.

 A la clef, 550 emplois sont mis en avant par les promoteurs du projets, alors que les opposants craignent, eux, des conséquences sur les zones commerciales les plus proches, Bourgoin et Vienne, assurant que la première conséquence serait constituée par des déperditions d’emplois.

 Ce que nient les promoteurs du projet qui, eux, mettent en avant le positionnement haut de gamme de l’équipement qui apporterait une attractivité nouvelle (relativement) non concurrente des commerces du Nord-Isère. Un argument qui ne manque pas de pertinence, mais à consolider par une véritable étude d’impact. Ce que propose d’ailleurs la CAPI (Communauté d’agglomération Porte des Alpes) où est située Villefontaine qui, soutenant le projet du bout des lèvres, assure « qu’elle sera vigilante sur les impacts sur le commerce local et les actions proposées pour réduire les aspects négatifs… »

 Illustration : Le futur « Village de marques », tel que l’imagine son architecte, Gianni Ranaulo.