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Pierre Gattaz, candidat à la présidence de l’organisation patronale  : « Je suis pour un Medef de combat » 

En présence des quatre autres candidats, Pierre Gattaz, 51 ans, était présent à Lyon le mercredi 29 mai devant près de deux cents chefs d’entreprises pour défendre sa candidature à la tête du Medef. Soutenu par trois grosses Fédérations (métallurgie, banque et assurances), il apparaît comme l’un des deux principaux favoris avec Geoffroy Roux de Bézieux. Il a déjà réussi à engranger de nombreux soutiens dans la région et est de ce fait, sans conteste, le plus rhônalpin des chefs d’entreprise en lice pour briguer le titre de patron des patrons, lors de l’élection décisive, le 3 juillet. Interview.

 Votre comité de soutien compte de nombreux chefs d’entreprises de Rhône-Alpes, tels Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes, Bruno Lacroix d’Aldes et président du Ceser, Patrick Bertrand de Cegid, Jean Vaylet, le président de la CCI de Grenoble, Elisabeth Ducottet, Pdg de Thuasne à Saint-Etienne…

 Pierre Gattaz-C’est vrai, comme l’illustre l’histoire de l’entreprise que je dirige, Radiall, je suis considéré en quelque sorte par eux comme l’enfant du pays…

 Votre société, Radiall a en effet un rapport historique avec Rhône-Alpes et plus précisément le bassin grenoblois…

 Mon père, Yvon et mon oncle Lucien étaient deux Berjalliens qui sont montés à Paris où ils ont créé Radiall, en 1952, une société spécialisée dans la connectique.

 En 1962, ils ont créé une usine à Voiron que nous avons dû démanteler il y a quelques années car elle ne correspondait plus aux nécessités techniques de l’époque.

 Quelle présence, la société Radiall conserve-t-elle dans la région ?

 Si notre siège est basé à Rosny-sous-Bois en région parisienne, nous possédons deux sites de fabrication dans la Région : à Voreppe et à l’Isle d’Abeau. En joint-venture, nous avons également une activité dans l’automobile qui fait travailler une cinquantaine de personnes à Voiron. Non loin de la région, nous avons également racheté il y a six ans une entreprise à Dôle dans le Jura.

 Notre groupe compte 2 500 personnes au total, dont la moitié en France et près de 700 en Rhône-Alpes.

 On n’imagine pas un président du Medef à mi-temps. Comment allez-vous vous organiser alors que vous êtes actuellement un chef d’entreprise de plein exercice ?

 J’ai la chance d’être entouré d’une équipe de quatre dirigeants que j’ai moi-même embauchés il y a une quinzaine d’années et avec qui j’ai réussi à internationaliser l’entreprise, en travaillant avec Boeing, en nous implantant en Inde par exemple.

 Ces cadres possédent trois qualités indispensables, selon moi et comme le souligne Warren Buffet, qui sont l’énergie, l’intelligence et la loyauté. Un des quatre prendra probablement le poste de directeur général.

 Ma prise de recul de Radiall ne posera donc pas de problème dans la mesure où nous avons quitté le secteur des télécoms très instable avec lequel nous réalisions 70 % de notre chiffre d’affaires pour nous diriger vers l’aéronautique, le militaire qui font désormais 66 % de notre chiffre d’affaires et l’instrumentation.

 Je suis donc serein. Je compte néanmoins, si je suis élu, passer chez Radiall deux demi-journées par semaine. Un dirigeant du Medef a besoin d’une « prise de terre » pour continuer à être relié au terrain, à la vie réelle.

 On vous voit plus comme un patron de combat que comme un patron adepte du consensus, non ?

 Je suis avant tout un chef d’entreprise qui se bat, qui est un compétiteur.

 Si suis élu, je vois mon action à la tête du Medef comme une bataille pour l’économie, pour l’emploi. Il n’y a pas de temps à perdre, nous sommes dans l’urgence. Notre pays est dans une situation difficile. Il est encalminé.

 Il n’a pas accepté l’économie de marché, la mondialisation. Il n’a pas encore compris que l’entreprise est après la famille, son bien le plus précieux.

 Nous devrions sanctuariser l’entreprise pour sortir le pays du pétrin. Je suis donc effectivement pour un Medef de combat, positif, adepte de la pédagogie, mais aussi de pragmatisme et de dialogue social.

 Un accord « pour la croissance » vient d’être signé par Laurence Parisot, la présidente actuelle et trois syndicats réformistes. Est-ce le type d’initiatives que vous allez poursuivre ?

 Cet accord est effectivement très intéressant. Il fait suite au rapport sur la compétitivité. Tous deux prouvent que l’on peut avoir dans notre pays une convergence économique et sociale. De tels accords nous permettent de développer le dialogue social, de ne pas être statiques : c’est tout-à-fait le type d’initiatives que j’entends développer dans le cadre de mon projet « France 2020. »

 Quel est donc précisément votre programme ?

 Vu la situation économique de notre pays, je veux proposer un remède de cheval à travers un choc de fiscalité, un choc de compétitivité et un choc de simplification.

 Le choc de fiscalité : il est impératif qu’on arrête de décourager l’emploi et la prise de risques. La taxation à 75 % des salaires de plus de un million d’euros va amener les cadres supérieurs à quitter l’Hexagone.

 Un choc de compétitivité, ensuite. Le coût du travail est en France supérieur de 50 milliards d’euros par rapport à la moyenne européenne. Il faut remettre en œuvre la TVA sociale qui a été développée dans de nombreux autres pays.

 Enfin, pour le choc de simplification, je propose que pour une loi adoptée, on en supprime deux autres. Chaque année, notre code du travail croît de 50 à 100 pages supplémentaires. Cela n’est plus possible !

 Photo (saisie d’écran de TLM)En compagnie des quatre autres candidats, Pierre Gattaz a été auditionné à l’ESDES, à Lyon, en présence de près de deux cents chefs d’entreprises.